cedemro Amours Numériques 34: Geneviève 2

34: Geneviève 2

« Pourquoi tu leur à dis ça ? »


La question de Rebecca est tout à fait logique pour Samuel, lui qui est conscient d’avoir agi sans trop réfléchir. Voulait-il leur faire peur ? Peut-être un peu, mais il n’est pas encore prêt à avouer cette noirceur à l’inspectrice, de crainte de l’effrayer.


— Ces hommes me dégoûtent, commence-t-il d’une voix calme. Je voulais qu’ils réalisent leur stupidité. Cela fait maintenant cinq ans que je fais des cauchemars à chaque nuit en repensant au meurtre de Sarah. Je doute que l’Enfer soit pire que ce que j’ai vécu.


— Je suis vraiment désolée que tu aies eu à vivre cette souffrance.


—Ce que tu as vécu est encore bien pire. Je me demande d’ailleurs comment tu as fait pour réussir à te relever après un tel drame.


— Honnêtement, je commence tout juste à y parvenir. Jusqu’ici, je me suis surtout cachée derrière ma colère.


— Et ce n’est plus le cas ?


— Pas quand je suis avec toi…


Touché par les paroles de la jeune femme, Samuel ancre son regard dans le sien, un grand bonheur envahissant son corps tout entier.


— Je suis vraiment heureux de t’avoir rencontré. Ta présence me rassure beaucoup moi-aussi.


Posant délicatement sa main sur la joue de sa partenaire, il approche ensuite son visage du sien, incertain de sa réaction.


Voyant Samuel se rapprocher, Rebecca s’avance à son tour, déposant ses lèvres contre les siennes afin d’échanger un bref baiser qui a tôt fait d’allumer un brasier dans sa poitrine. Se séparant à regret afin de ne pas attirer des regards indiscrets, l’inspectrice rougit alors qu’elle formule le sentiment qui habite son cœur.


— Sam, je sais que le moment est étrange pour te partager ceci, mais je ne veux pas que la situation soit ambiguë entre nous. Je crois sincèrement que je ressens plus qu’une simple amitié à ton égard et je veux que tu le saches.


Surpris par cet aveu inattendu, Samuel est étourdi par l’euphorie qui envahit son esprit. Incapable d’exprimer cette joie qui l’habite, il observe sa partenaire d’un regard ahuri. Prenant le silence de son compagnon pour une réticence à se lancer dans une relation amoureuse, Rebecca s’empresse de poursuivre.


— Ne t’inquiète pas, Sam, je ne suis pas pressée. Je peux parfaitement comprendre si tu as besoin de temps. Je n’aurais pas dû te pousser ainsi, je suis désolée.


— J’ai suffisamment perdu de temps à ressasser les fantômes de mon passé. Je ne m’attendais pas à une évolution aussi rapide de notre relation, mais je t’assure que j’en suis ravi. Ce que je ressens pour toi dépasse largement la simple amitié, mais je refusais de croire en cette possibilité.


— Tu peux y croire, je t’assure. J’ai vraiment hâte de me retrouver seule avec toi ce soir.


— Et moi alors !


— Par contre, je dois te demander une chose : ne parle pas de notre relation à Geneviève.


— Je n’en avais pas l’intention, mais pourquoi me demandes-tu cela ?


— Disons qu’elle tient beaucoup à moi et qu’elle peut se montrer jalouse.


— Jalouse ?


— Elle aime les femmes.


— Et elle espère quelque chose de toi ?


— Il y a quelques années, elle a effectivement tenté le coup en pensant que mon aversion pour les hommes m’aurait poussé à rechercher l’amour ailleurs. J’ai voulu y croire moi-aussi, mais cela n’a rien donné de concluant.


— Cela n’a pas détruit votre amitié ?


— Pendant quelques mois, nous avons été en froid, mais après de bonnes discussions nous avons convenu qu’une amitié sincère était la meilleure chose pour nous deux. Je crains néanmoins qu’elle reste très protectrice à mon égard, et ce même si elle partage sa vie avec son amoureuse depuis maintenant plusieurs années.


— Je comprends. Ne t’inquiète pas, je garderai mes distances et j’éviterai au maximum la discussion avec elle.


— Bonne chance ! Elle va certainement bondir sur toi comme une lionne sur une proie.


— Est-ce supposé me rassurer ?


— Sûrement pas, mais au moins cela te donne encore une dizaine de minutes pour te préparer mentalement à son assaut ! Je ferai de mon mieux pour t’éviter d’être dévoré.


Accompagnant sa dernière affirmation d’un petit rire, Rebecca démarre la voiture et s’engage sur la route. Au bout de quelques secondes, la main de Samuel se dépose sur sa cuisse, la faisant frissonner.


— Est-ce que cela te dérange ? demande son compagnon, le regard pétillant.


— Pas du tout. Cela réveille même de très agréables souvenirs…


— Je te promets d’en créer d’autres dès ce soir.


— Je n’en doute pas.


Au bout de quelques minutes, la lieutenante engage son véhicule dans le stationnement d’un grand bâtiment aux vitres teintées de noir. Sur la devanture, une enseigne indique « Vernay & Associés Services Juridiques ». À la lecture du nom du cabinet, Samuel sent son cœur se bloquer dans sa poitrine. Nerveux, il évite le regard de sa compagne en lui posant la seule question qui importe à son esprit pour le moment.


— Quel est le nom de ton amie ? demande-t-il en tentant de contrôler sa nervosité.


— Geneviève, pourquoi ?


— Quel est son nom de famille ?


— Vernay, mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu me demandes cela ?


— Par simple curiosité. Ton amie est donc la principale associée ?


— En effet. Son père a fondé ce cabinet, mais il est juge à la cour suprême à présent. Il lui a légué l’entreprise il y a un peu plus de six ans je crois. Je vois bien que tu es troublé, tu peux m’expliquer ?


— J’ai bien peur que cette rencontre avec ton amie soit encore pire que je ne le pensais…


— Pourquoi ?


— Jusqu’ici, je ne t’ai pas donné de détails sur cette noirceur qui m’habite, par crainte de t’effrayer, mais je dois t’avouer une chose importante qui pourrait tout changer entre nous. J’ai été condamné à un an de prison pour un assaut contre un homme que je savais impliqué dans l’agression de Sarah.


À peine étonnée par cet aveu, Rebecca reste de marbre. Après tout, sous son alias Debbie, elle a commis bon nombre d’attaques et approuve entièrement les agissements de son partenaire. Elle ne peut malheureusement pas tout lui avouer ici et maintenant et reste donc silencieuse alors que Samuel poursuit.


— J’ai été blanchi depuis, l’homme en question ayant été condamné pour meurtre prémédité suivant les informations que j’ai fournies durant mon procès. Je doute toutefois que cela suffise à ton amie puisque c’est elle et son père qui m’ont envoyé derrière les barreaux après avoir ignoré ma plaidoirie par manque de preuves concrètes.


Contrairement à l’information précédente, celle-ci provoque un hoquet de surprise chez Rebecca.


À suivre…


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