cedemro Amours Numériques 26. Entrevue expéditive 1

26. Entrevue expéditive 1

Conscient d’avoir été scruté de la tête aux pieds par Alexia, Samuel ressent un certain inconfort. Habitué d’attirer les regards des femmes depuis son adolescence, il a longtemps profité de la situation, mais ce n’est plus le cas depuis longtemps.


Tout a changé à la mort de Sarah.


Il remarque aussi comment Rebecca observe l’agente alors qu’elle s’éloigne. Il est évident qu’elle l’a vue le dévorer des yeux.


« Est-ce qu’elle pense que j’ai fait la même chose avec Alexia ? » pense Samuel, catastrophé.


Après tout, elle pourrait s’y attendre, considérant que l’agente est effectivement très attrayante, il doit le reconnaître. Une femme que les hommes n’hésitent sûrement pas à approcher, les yeux probablement rivés sur sa poitrine moulée par son uniforme ajusté à sa silhouette.


Voulant mettre fin à cet instant malaisant, Samuel profite de leur solitude dans le stationnement pour présenter sa version à Rebecca.


— Je sais que tu as vue ce qu’elle a fait, commence-t-il, un peu gêné. Ne pense surtout pas que j’ai fait la même chose.


— Tu aurais pu, tu sais. Alexia est jolie et, contrairement à moi, elle aime bien se pavaner devant tous les hommes qu’elle croise. Ne me dis pas que tu n’as pas vu sa poitrine, car je ne te croirai pas.


— Impossible de la manquer en effet. Son uniforme me paraît un peu serré si tu veux mon avis.


— Et cela te plaît ? ose demander Rebecca, ressassant sans le vouloir les traumatismes de son passé.


— Non, répond simplement Samuel.


— Je ne te crois pas.


— Pour moi, attirer le regard est très différent de plaire. Oui, Alexia fait tourner les regards avec son physique, je n’en doute pas un seul instant. Elle ne me plaît pas pour autant. Par contre, hier, quand je t’ai vu à l’hôpital, j’ai constaté que tu étais la plus haute gradée. Ce constat, lui, m’a beaucoup plus. Et ensuite, plus nous discutions ensemble, plus je découvrais une femme forte de caractère. Ça aussi, ça m’a plu. Pour ce qui est du physique, je t’assure que tu n’as rien à envier à personne. Tout de toi me plais. J’espère que tu me crois à présent ?


Profondément touchée par les paroles de Samuel, Rebecca sent une chaleur soudaine l’envahir. Elle voudrait le serrer contre elle, lui dire qu’elle ressent la même chose, mais l’arrivée d’une voiture l’en empêche : celle du capitaine.


— Oui, Sam, je te crois. Par contre, nous allons devoir passer à autre chose. Tu vas rencontrer le capitaine plus tôt que prévu.


Pointant discrètement l’homme sortant du véhicule venant d’arriver, Rebecca prie le ciel pour que cette première rencontre soit parfaite. Toutefois, en voyant l’inquiétude sur le visage habituellement serein du capitaine, elle redoute la suite. Voulant tâter le terrain avant de se retrouver devant ses collègues, elle l’attend à quelques pas de la porte d’entrée.


— Bonjour, capitaine Savard. Je vous présente monsieur Delorme, le spécialiste en cybersécurité dont je vous ai parlé dans mon rapport.


Avec professionnalisme, l’homme efface le trouble jusque-là bien visible, même pour Samuel. Avec un sourire forcé, il tend la main en sa direction.


— Bienvenu parmi nous, monsieur Delorme, lance sans hésiter le capitaine.


Surprise par la formule employée par son supérieur, Rebecca l’observe avec un regard rempli d’incompréhension, ce qui ne lui échappe pas. Les traits étirés à nouveau, il poursuit en s’adressant directement à la lieutenante.


— Vous m’avez bien compris, lieutenant. Avec tout ce qui arrive en ce moment, je ne veux pas perdre encore une seule minute à poursuivre ces fantômes qui ne cessent d’échapper à la justice. J’ai lu votre proposition et je l’adopte sans hésiter.


Heureuse, mais aussi confuse, Rebecca se permet de poser ouvertement la question qui viendra rapidement à l’esprit de tous ses collègues.


— Vous voulez vraiment l’engager sans même lui faire passer une entrevue, ni même faire analyser son dossier ?


À la mention du dossier, Samuel ressent une soudaine nervosité. Par le passé, il a commis son lot d’erreurs et celles-ci ont effectivement laissé leurs traces. Une enquête, aussi sommaire soit-elle, aurait tôt fait de le discréditer. Se maudissant de ne pas y avoir pensé plus tôt, il craint la suite.


Habitué de se fier autant aux paroles qu’au non-verbal en présence de criminels en tous genre, le capitaine remarque l’inconfort de Samuel, mais il n’en fait pas état.


Pas aujourd’hui.


Pas après ce qu’il vient de vivre.


Prenant un ton autoritaire, il s’adresse d’abord à la lieutenante.


— Lieutenant Besson, faites-vous confiance à cet homme ?


— Totalement, répond-t-elle sans la moindre hésitation, consciente de se rendre responsable du moindre écart de conduite de son compagnon.


— Et d’après vous, monsieur Delorme, puis-je vous faire confiance ?


Après avoir réfléchi un bref instant à la meilleure réponse à formuler sans devoir mentir à un représentant des forces de l’ordre, Samuel croit avoir trouvé.


— Vous pouvez me faire entièrement confiance quant à ma détermination de mettre derrière les barreaux tous ces fantômes dont vous venez de parler. J’ai d’ailleurs quelques résultats à vous présentez concernant l’enquête du lieutenant Besson. Cela devrait vous convaincre de mon utilité.


Avec de nombreuses années d’expérience derrière la cravate, le capitaine est conscient que sa question a été détournée en bonne partie. Comme plusieurs, il cache certainement des secrets plus ou moins sombres. Néanmoins, la lieutenante lui accorde sa confiance et cela lui suffit.


« Si elle l’accepte, elle qui déteste tant les hommes, je suis prêt à faire de même. »


En effet, le capitaine est l’une des rares personnes connaissant le passé de Rebecca. Ancien collègue de son père, il l’a connue alors qu’elle n’avait que quatre ou cinq ans. Quand il a appris ce qu’elle a subi, il a tout fait pour traquer les brutes. Malheureusement, celles-ci se sont avérées être les premiers fantômes de sa carrière. Fausses identités. Parents influents. Liens avec les organisations criminelles. Tous les facteurs se sont accumulés à l’époque pour l’empêcher de leur mettre la main au collet. Et en plus, cette histoire lui a coûté une amitié d’enfance.


Comment aurait-il pu rester ami avec un père capable d’abandonner sa propre fille après l’avoir accusée d’avoir provoqué ses bourreaux ?


Resté silencieux un moment alors qu’il se remémorait son passé, le capitaine revient brusquement à la réalité en remarquant les regards inquiets de la lieutenante et de son invité.


— Voilà ! s’exclame-t-il, faisant sursauter le duo. Félicitations, monsieur Delorme, vous êtes engagé. Le lieutenant Besson va vous attitrer un bureau et nous vous trouverons quelques coéquipiers pour vous aider dans votre rôle.


— Merci, capitaine. Puis-je me permettre une requête avant d’accepter le poste ?


Étonné par l’audace du jeune homme, le capitaine le regarde d’un air sévère.


À suivre...

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6 commentaires

Izzie Stern

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Il y a un an

Ah il commence bien avec direct une requête !

D. Verton

-

Il y a un an

👍

lea.morel

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Il y a un an

à jour :)

François Lamour

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Il y a un an

Like du "Connard romantique" 😁

Diane Of Seas

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Il y a un an

💚
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