Fyctia
27: Entrevue expéditive 2
« Étonné par l’audace du jeune homme, le capitaine le regarde d’un air sévère. »
— Je vous écoute, indique le capitaine.
— Je voudrais que le lieutenant Besson fasse partie de mon équipe. Si je suis ici, c’est grâce à elle et j’aimerais pouvoir profiter de son expérience et de ses connaissances du milieu.
Certain de voir l’intéressée rougir légèrement, le capitaine se permet un sourire. Pour la première fois depuis une éternité, il la sent plus heureuse et cela lui apporte un grand réconfort. Il se permet même une question un peu personnelle, profitant que sa relation avec la lieutenante n’est pas strictement professionnelle.
— Je n’y vois pas d’objection. Tu penses pouvoir tolérer ce grand gaillard à tes côtés, Rebecca ?
Gênée, celle-ci lui jette un regard furibond.
— Capitaine ! Restons à un niveau strictement professionnel, je vous prie.
Amusé par la réaction de la jeune femme, le capitaine s’adresse cette fois à Samuel, l’expression sévère.
— Jeune homme, j’espère de tout cœur que vous êtes quelqu’un de bien. Je ne sais pas ce que vous savez à son sujet, mais Rebecca n’a pas eu une vie facile. Sachez que je tiens à elle autant qu’à ma propre fille.
À la fois terriblement mal-à-l’aise et reconnaissante, la jeune femme voit la confusion de son partenaire suite à ce discours pour le moins inattendu. Voulant éviter tout malaise, elle s’empresse de répondre.
— Sam est au courant de tout, tu n’as pas à t’inquiéter pour moi. J’accepte évidemment de travailler dans son équipe.
Ne sachant plus trop quoi dire, Samuel se contente de tendre la main vers le capitaine, voulant officialiser son engagement. Celui-ci lui prend alors la main et la serre avec une force surprenante pour son âge.
— Voir Rebecca aussi heureuse en ta présence me suffit à croire que je viens de prendre l’une des meilleures décisions de ma longue carrière. Je vais te présenter de ce pas à tes nouveaux collègues et ensuite tu me montreras ces fameux résultats dont tu as parlé. Toutefois, j’aurai aussi une demande spéciale à te faire.
Sur ces derniers mots, la tristesse réapparaît sur son visage, ce qui n’échappe pas aux deux jeunes gens. Inquiète, Rebecca profite qu’ils sont tous encore dehors pour s’enquérir de la situation.
— Vous semblez préoccupé, capitaine. Puis-je vous demander ce qui ne va pas ?
— Je comptais en parler seulement à monsieur Delorme, pour ne pas vous inquiétez, mais je vois bien qu’il est trop tard à présent. C’est au sujet d’Isabelle.
— Votre fille !? s’exclame Rebecca. Il lui est arrivé quelque chose ?
— Je viens de passer la nuit à son chevet à l’hôpital.
Atterrée par cette annonce, Rebecca affiche un air déconfit.
— Que s’est-il passé ? demande-t-elle, la voix cassée.
— Son bilan d’admission aux urgences montre un taux d’alcoolémie de deux dixièmes et cette consommation a fait grimper son taux de glucides à un niveau suffisant pour lui provoquer un coma.
— C’est absurde ! s’étonne Rebecca. Elle est pourtant consciente qu’avec son diabète elle ne peut se permettre ce genre d’excès !?
— Évidemment. D’après le rapport des ambulanciers appelés sur place, il y a eu une altercation entre les employés et un groupe de jeunes dont faisait partie ma fille. Je crois qu’ils l’ont forcé à boire, mais je n’ai aucune preuve. Je sais toutefois qu’elle s’est rendue là-bas suite à des échanges avec un homme sur un site de rencontre…
À cette mention, Samuel s’empresse de réagir.
— Si vous avez la moindre information sur le site en question, je pourrai peut-être faire quelque chose. Malheureusement, cela n’aura rien de très légal.
— Monsieur Delorme, vous vous doutez bien que je ferais n’importe quoi pour retrouver le ou les salopards responsables de l’état de ma fille. Ce genre de cas se multiplie depuis trop longtemps pour que nous restions inactifs. Je compte bien mettre en place tout ce qu’il faudra.
Rouge de colère, Rebecca s’avance à son tour.
— Donnez-moi l’adresse d’intervention des ambulanciers et j’irai faire mon enquête. Les employés pourraient nous aider à trouver une piste légale pendant que Samuel trouve un moyen de retracer ces criminels.
— J’accepte volontiers votre aide, lieutenant, mais sans preuve, il est impossible d’intervenir et vous le savez aussi bien que moi.
— J’irai d’abord là-bas comme simple citoyenne. Avec un peu de chance, il y aura des personnes civilisées prêtes à nous aider par pure bonté d’âme. Je peux y aller sur le champ.
— D’accord. Je vais confier le dossier Lassonde à l’un de vos collègues.
— Non ! s’exclame Rebecca. Pardonnez mon audace, mais je tiens à mener ce dossier jusqu’au bout avec l’aide de Samuel. S’est-il réveillé ?
— Oui, tard hier soir. Le suspect a été placé sous haute surveillance pour les prochaines quarante huit heures en attendant que nous trouvions suffisamment de preuves pour l’incarcérer.
— Pourquoi ne pas m’avoir contactée !? s’insurge la jeune femme.
— J’ai essayé. Plusieurs fois même. Puis, je me suis rappelé le message transmis plus tôt par votre assistante, concernant vos obligations familiales.
Voyant le trouble sur le visage de Rebecca, le capitaine s’empresse de poursuivre.
— Ne vous inquiétez pas, lieutenant, cet homme sera puni. Je sais combien ce genre de cas vous affecte, mais vous n’êtes pas seule, ne l’oubliez pas. Si les preuves fournies par votre ami sont suffisantes, il fera face à de graves accusations. De plus, contrairement à ma fille, sa victime semble s’en être tiré sans trop de conséquences. J’ai vraiment besoin de vous pour aider Isabelle, lieutenant.
Consciente du trouble qui assaille le capitaine, Rebecca fait un immense effort pour refouler sa rage contre Bruno. Certes, elle voudrait affronter le regard de ce monstre lorsqu’il apprendra son sort, mais le capitaine a raison : elle est la seule à pouvoir aider sa fille pour le moment et cela compte beaucoup pour elle.
— D’accord, capitaine. Je ne vous demanderai qu’une chose : Sophie doit être assignée comme assistante dans l’enquête Lassonde. Je sais qu’elle n’a pas le grade requis pour être nommée responsable, mais je veux qu’elle soit impliquée.
— Non seulement j’accepte votre demande, mais je nomme aussi monsieur Delorme comme expert sur cette affaire. À présent, je suggère de monter tous les trois à mon bureau pour officialiser le tout.
Surpris par l’évolution rapide de la situation, Samuel se permet d’exprimer ouvertement ses doutes.
— Je suis honoré par la confiance que vous m’accordez, capitaine, mais je doute pouvoir participer activement à l’enquête. Je ne sais pas si vous êtes au courant du dossier, mais cet homme est mon colocataire depuis plus de cinq ans. Il était même l’un de mes amis les plus proches. Logiquement, je devrais être considéré comme un potentiel complice dans le crime qu’il a tenté de commettre.
— Vous avez parfaitement raison, monsieur Delorme. Qu’en dites-vous, lieutenant Besson ?
Rougissant de honte, Rebecca peine à regarder le capitaine.
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D. Verton
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Izzie Stern
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François Lamour
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Diane Of Seas
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Emeline Guezel
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Il y a un an