Fyctia
Coeurs brisés P3
Jenna est à peine rentrée du travail que Diana frappe chez elle. Avec une pointe d’appréhension, elle lui ouvre et elles se font la bise. Diana s’installe et Jenna lui propose de boire un verre.
— Tu demandes à un chien s’il veut une saucisse ? réplique Diana.
Jenna les sert toutes les deux et elles trinquent sans allégresse. Après que Diana lui ait raconté son week-end, Jenna se décide à crever l’abcès et lâche :
— J’ai vu Pascal samedi soir.
Le sourire de Diana s’affaisse un peu.
— J’espère que vous n’avez pas parlé de moi.
Peu désireuse d’attirer des ennuis à Pascal, Jenna garde sous silence ce qu’il lui a dit de Diana.
— Non, non. En revanche, j’ai été assez surprise par son attitude envers moi. Contrairement à ce que tu m’as dit, il n’a pas l’air de m’en vouloir, donc je me pose des questions.
L’accusation est à peine voilée et Diana se raidit.
— Tu me traites de menteuse ?
— Je n’ai pas dit ça, mais vu que tu m’as affirmé que Pascal m’en veut à mort, j’avoue que j’ai été étonnée qu’il me fasse des grands sourires toute la soirée et qu’il ait l’air aussi détendu… Si la situation était inversée, tu réagirais pareil.
Diana se cache derrière ses cheveux et souffle :
— Bon OK, j’ai peut-être un petit peu exagéré… mais c’est vrai que Pascal a l’impression que tu t’immisces entre nous.
— Ce n’est pas le sentiment que j’ai eu, en tout cas il ne m’a rien dit dans ce sens, insiste Jenna.
— Ouais bah, il raconte des couilles. Je sais encore ce qu’il m’a dit ! Si j’avais su, je ne t’en aurais pas parlé et je t’aurais laissé te démerder avec tes histoires. De toute façon, c’est toujours pareil, à chaque fois qu’il se passe un truc, ça me retombe sur le coin de la gueule alors que je n’ai rien fait !
OK, je n’en tirerai rien… se résigne Jenna. Si je continue à la titiller, elle va partir en vrille et j’en ai pour des jours de drama et de victimisation. Et vu comme je suis déjà mal à cause de Kristian, je n’ai pas envie de m’infliger ça en plus du reste.
— Ce n’est pas la peine de t’énerver comme ça. Je voulais juste en avoir le cœur net mais si tu me dis que Pascal t’a dit ça, je te crois, ment Jenna.
— Tu ne lui as pas dit que j’avais cafté, j’espère !
— Bien sûr que non, assure Jenna. Sinon, tu comptes faire quoi demain quand tu vas le voir ? Tu comptes toujours le quitter ?
— Oui. Je te l’ai dit, je ne le supporte plus. Je te jure, rien que de le voir, j’ai la gerbe.
— Ah oui quand même… Ma foi, si tu en es réellement à ce point-là, autant arrêter en effet, répond Jenna qui ferait bien de s’appliquer ses propres conseils au vu de la répulsion qu’elle éprouve crescendo pour Phil.
— Tu crois que je fais une connerie ? s’inquiète Diana.
— Ouhhhh moi, je ne crois rien du tout, s’empresse de déclarer Jenna. Quoique tu fasses, c’est ton choix et je n’ai aucun conseil à te donner que ce soit dans un sens ou dans un autre. Je n’ai aucune envie que, si tu regrettes la décision — quelle qu’elle soit— que tu prendras, tu m’accuses ensuite d’en être responsable. En plus, comme je te l’ai déjà dit : jusqu’à preuve du contraire, Pascal et toi vous êtes tous les deux mes amis, donc je ne m’en mêle pas. Je refuse de prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Dans cette histoire, je suis comme un petit suisse, comme dirait Marjo.
La blague a le mérite de détendre l’atmosphère et Diana glousse :
— Elle ne l’a jamais faite celle-là.
— Parce qu’elle n’y a pas encore pensé ! C’est même étonnant, surtout connaissant son amour pour les métaphores « yaourtesques » — spéciale dédicace à Julien. Avoue que ce serait une parfaite « Marjolainade ».
— Je ne le crois pas…Tu as inventé un nom spécialement pour ses erreurs dans les expressions ?
— Forcément ! Il y en a tellement que je pourrais limite écrire un recueil dessus, en rajoute Jenna. D’ailleurs, je le ferai peut-être un jour, je suis sûre que je me ferais des couilles en or !
— Ce n’est pas con comme idée, remarque Diana.
— Preums ! J’y ai pensé avant toi.
Même s’il subsiste beaucoup de non-dits entre elles, elles poursuivent la soirée, l’arrosant largement. Diana a besoin de se donner du courage pour le lendemain, quant à Jenna, elle noie sa peine. Au bout d’un moment, Diana s’avise que son sourire et son enthousiasme sont factices :
— Tu n’as pas l’air d’aller fort, Jen. Qu’est-ce qui t’arrive ? C’est encore à cause de ce que Kristian t’a dit ?
— Que veux-tu que ce soit d’autre… soupire Jenna.
— Pfffff… Tu sais, si ça se trouve, il ne sait tout simplement pas où il en est. Et il ne voit pas l’intérêt de se poser la question attendu que, quoi qu’il arrive, tu es toujours là pour lui sans rien exiger de sa part.
— Mouais… enfin, de toute manière, ça ne sert à rien de disserter des heures là-dessus. S’il ne m’aime pas, il ne m’aime pas. Il n’y a pas grand-chose à dire de plus.
— Tu sais, si tu as besoin d’en parler, je suis là.
Pour que tu fasses des allusions devant Pascal ? Non, sûrement pas, grince Jenna dont la confiance envers Diana est bien émoussée.
— Je n’ai pas envie, répond-elle. Je suis déjà bien assez déprimée comme ça, donc inutile de ressasser.
— OK, c’est toi qui vois, rétorque Diana d’un ton un peu sec avant de reprendre sur le sujet de Pascal.
La bouteille de Soho terminée, elles se séparent vers minuit.
— Bon courage pour demain, lance Jenna à Diana.
— Oh t’inquiète, ça va aller vite, il va faire l’aller-retour en moins de cinq minutes, assure Diana.
Mmm ça j’y croirai quand je le verrai.
***
Le lendemain, Jenna se lève vers onze heures. En dépit de ses nombreuses heures de sommeil, ses batteries sont à plat. Elle ne cesse de ruminer les paroles de Kristian. « Si les circonstances avaient été différentes… ». Jenna tourne et retourne ces mots dans sa tête. Et si j’avais quitté Phil quand il est revenu ? Après tout, il a toujours soutenu qu’il avait cassé avec l’autre… à moins qu’il ait encore menti, on ne peut jamais savoir avec lui. Mais s’il disait vrai ? Et si j’avais laissé passer bêtement ma chance ? Raaa, il faut que j’arrête de me torturer avec ça, sinon je vais devenir folle. Pfff, si seulement je pouvais remonter le temps en sachant tout ce que je sais à présent… c’est clair que j’agirais différemment.
Spoiler alert : ce n’est ni la première fois, ni la dernière que Jenna fera ce vœu.
Sa douche prise, elle s’avise de la présence de la voiture de Pascal dans le parking. J’espère pour lui qu’il n’espérait pas déjeuner avec Diana… songe Jenna tout en allant se préparer un petit quelque chose à manger sans enthousiasme. Sa tristesse est telle qu’elle a l’appétit coupé et doit se forcer à avaler quelque chose.
Une fois son repas frugal terminé, Jenna jette un œil au parking. La voiture de Pascal s’y trouve toujours. Pfff, c’était sûr, je parie tout ce qu’on veut qu’elle ne va pas le larguer. Enfin, c’est elle que ça regarde, s’agace Jenna en prenant un bouquin afin d’éviter de penser à Kristian.
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La Plume d'Ellen
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Jess Swann
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Wizzette
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Il y a 3 mois