Fyctia

Phil ayant récupéré Jenna au centre comme convenu, ils viennent de terminer de manger et s’apprêtent à regarder l’émission choisie par Phil lorsque le téléphone de Jenna sonne. Surprise de voir le prénom d’Hélène s’afficher, elle décroche immédiatement et la salue joyeusement. Assis à ses côtés sur le canapé, Phil lui adresse une œillade agacée et augmente le son de la télé.

Raaa, ce qu’il me gave avec sa télé et ses reportages de merde, peste intérieurement Jenna tout en se levant pour s’installer sur une des chaises du coin repas tandis qu’Hélène babille.

— Et toi alors ? Tu fais quoi de beau ce soir ? lui demande Hélène. On pourrait aller boire un coup toutes les deux si tu n’as rien de prévu.

— Oh, ça aurait été avec plaisir mais Phil est là, explique Jenna. Il fait son stage de titularisation à la mairie et il passe la semaine chez moi. Du coup, c’est mort pour sortir…

— Tu es toujours avec lui ?! s’étonne Hélène, avant d’ajouter un ton plus bas : J’en déduis que l’autre connard n’a toujours eu une paire de couilles qui lui a miraculeusement poussé… à moins que vous ayez rompu ?

Se félicitant de s’être éloignée de Phil, Jenna répond avec laconisme :

— Non, rien n’a changé depuis la dernière fois.

— Oh… je suis désolée pour toi, j’espérais vraiment que ça aurait bougé entre vous.

— Eh bien non, déplore Jenna. Et toi alors ? Les amours ?

— Bof… pas grand-chose de neuf… J’ai rompu avec le dernier samedi soir et là je savoure un peu ma solitude, explique Hélène. J’essaie de me concentrer sur mes patients.

— Tu bosses où maintenant ?

— Dans un service de gérontologie, je m’occupe des démences séniles, Alzheimer, Parkinson, tout ça…

— Ah oui ? s’étonne Jenna. Je n’imaginais pas que ce public t’intéressait.

— Bah avec une spécialisation en neuropsy, ça s’imposait. Et toi ? Tu as commencé tes candidatures pour l’année prochaine ?

— Non, c’est encore trop tôt, là je bosse sur mon mémoire de DU.

La conversation se poursuit ainsi pendant une bonne trentaine de minutes puis elles se quittent en se promettant de se voir bientôt. Son appel terminé, Jenna rejoint Phil sur le canapé.

— Eh bien ! Vous en aviez des choses à vous dire, remarque-t-il. C’était qui ?

— Hélène.

— Je croyais que vous ne vous parliez plus, s’étonne Phil.

— Il faut croire que tu t’es trompé, s’amuse Jenna.

Phil désirant suivre la suite de son reportage, il ne pose pas plus de questions tandis que Jenna attrape son bouquin, nullement intéressée par la télévision. L’émission de Phil terminée, ils se couchent directement au soulagement de Jenna qui n’a aucune envie de passer à la casserole pour le troisième soir de suite.

***

La semaine s’écoule lentement pour Jenna qui n’a pas autant de chance les soirs suivants. Elle voit Diana en coup de vent le jeudi avant de se rendre à son travail. En dépit de son affirmation datant d’il y a deux jours, elle n’a envoyé ni SMS, ni lettre de rupture à Pascal.

C’était sûr, songe cyniquement Jenna tandis que Diana lui explique avoir été trop occupée pour ça.

— Mais là, je me considère comme célibataire, revendique Diana.

— Oui, enfin ce serait tout de même bien de prévenir Pascal, souligne Jenna, s’attirant un regard mauvais.

— Tes remarques tu peux te les garder pour toi. Et ce serait sympa de ne pas en parler à Phil.

— Sinon, c’est moi qui me montre agressive… rétorque Jenna avec sécheresse, les reproches de la semaine précédente encore à l’esprit.

Diana arbore un air penaud.

— Excuse-moi. Je suis désolée, les résultats des écrits du CAPES vont tomber incessamment sous peu et entre ça et Pascal, je stresse à mort.

— Oui, je comprends, déclare Jenna afin d’arrondir les angles. Je te souhaite de l’avoir.

— Merci. Sinon tu fais quoi là ?

— Bah pas grand-chose, je bosse dans une heure donc je ne vais pas tarder à devoir décoller.

— Ah… et tu as eu des nouvelles des gens ?

— Figure-toi qu’Hélène m’a téléphoné avant-hier, sourit joyeusement Jenna. Sinon RAS.

— Pffff Hélène… je ne comprends même pas pourquoi tu lui parles encore. Sinon Pascal n’a pas appelé Phil ?

— Pas à ma connaissance, assure Jenna.

Diana ne semble pas convaincue toutefois elle n’insiste pas. La conversation se poursuit platement jusqu’à ce qu’il soit l’heure pour Jenna de se rendre au travail.

***

La semaine de stage de Phil se termine… un soulagement pour Jenna que les ronflements de Phil empêchent de dormir. Et surtout… Plus que quelques jours à attendre avant de voir Kristian !

Phil partit pour son dernier jour de stage, Jenna téléphone à Kristian afin de caler les détails de la semaine suivante.

— Salut la miss ! Alors ça va la vie ? On se voit toujours mercredi ?

L’impatience qui vibre dans la voix de Kristian réchauffe le cœur de Jenna et affole les papillons.

— Pour moi tout est bon, assure Jenna. Tu penses arriver vers quelle heure ?

— Oh bah je décollerai dès que Kimberly sera partie au taf, donc vers onze heures. Du moins si c’est bon pour toi ?

Il va de soi que Jenna confirme. En ce qui la concerne, Kristian pourrait même arriver à huit heures du matin et rester aussi longtemps qu’il le veut. D’humeur légère, ils font des plans pour la semaine suivante avant d’échanger des nouvelles de leurs connaissances communes.

— Ah, au fait j’ai eu des nouvelles d’Hélène, mentionne Jenna au détour de la conversation.

— Qu’est-ce qu’elle devient ? demande Kristian.

Jenna lui résume leur conversation et conclut par :

— On a prévu de voir bientôt.

— Pourquoi tu ne lui proposes pas de passer mercredi ? rebondit immédiatement Kristian.

Bah voyons… grince Jenna tandis que les papillons perdent de leur superbe.

— Oui, je verrai, soupire-t-elle avec une pointe de tristesse.

— La miss ? Ça va ?

Mais oui… la rapidité avec laquelle tu te jettes sur l’occasion de revoir ta précieuse Hélène me fait tellement plaisir.

— Oui, coasse Jenna avant de changer de sujet.

Lorsqu’ils se quittent, l’humeur est bonne et propice aux délices sensuels à venir. Toutefois, l’empressement de Kristian envers Hélène a jeté un voile sur la joie de Jenna. Enfin, c’est tout, c’est comme ça, se résigne-t-elle. Je passerai toujours après les autres quoi que je fasse.