Fyctia

Après sa conversation avec Kristian, Jenna passe prendre des nouvelles de Diana. Cette dernière arbore une mine affligée. Réprimant un soupir à cette vue, Jenna la salue.

— Quoi de neuf ?

— J’ai queuté mon CAPES, annonce Diana. Et bien comme il faut… Je n’ai pas eu des gamelles pareilles depuis ma première année.

Ouch… bon OK, là elle a de quoi faire la gueule.

— Je suis désolée, Di. Après… c’est rare d’avoir un concours du premier coup, tente Jenna pour la consoler.

— Ouais… enfin, Hester a eu des supers notes à l’écrit. Elle passe l’oral la semaine prochaine et, sauf si elle fait un gros hors-sujet, il est quasi certain qu’elle va l’avoir. Je te jure, je suis verte. Enfin, c’est la vie et elle est moche.

— Et tes parents, qu’est-ce qu’ils ont dit ? demande Jenna, peu désireuse de commenter la réussite d’Hester.

— Pffff, ils sont furax. Selon eux, je n’ai pas assez bossé. Autant dire que j’ai plutôt intérêt à me faire oublier.

— Après, ils peuvent comprendre que ce n’est pas un concours facile…

— Hem… bref. Sinon, tu as eu des nouvelles des gens ?

— Non, ment Jenna. Tu sais, vu que Phil est là, c’est super calme. Et toi ? Est-ce que… tu as eu Pascal ?

— Pas de son, pas d’image depuis qu’il est venu lundi, grince Diana. Ce qui ne fait que me conforter dans l’idée que cette relation ne va nulle part.

— Donc tu es toujours décidée à le quitter ?

— Plus que jamais !

Après quelques bavardages supplémentaires, il est l’heure pour Jenna de se rendre au travail.

***

Jenna travaillant le samedi matin, ils repartent chez Phil en milieu d’après-midi. Ils passent un week-end tranquille et ne voient pas grand monde, exception faite des parents et de la sœur de Phil le dimanche. Hormis cela, ils partagent leur temps entre la télévision, internet et bien entendu les inévitables câlins.

Le lundi étant férié, ils passent une journée tranquille puis Phil raccompagne Jenna à la gare. Là, c’est la douche froide. Aucun train ne circule jusqu’au lendemain en milieu d’après-midi suite à un incident sur la voie.

— Merde ! Je dois au boulot demain à neuf heures ! s’alarme Jenna.

Et surtout, je dois absolument être chez moi après-demain !

Phil soupire.

— Bon écoute, je vais te ramener à ton appart…

Soulagée, elle le remercie et ils repartent tous les deux au studio de Jenna. Allez encore une soirée à le supporter et après c’est bon, s’encourage-t-elle. En effet, cela fait maintenant plus d’une semaine qu’ils se voient tous les jours et Jenna se languit de retrouver sa solitude, du moins en attendant Kristian !

***

Phil devant être au travail pour huit heures le mardi matin afin de rattraper le retard accumulé durant sa semaine de stage, ils se lèvent aux aurores.

— Tu bosses toute la semaine ? demande Phil à Jenna.

— Oui, Christine est absente donc je dois assurer tous les soirs. Par contre, normalement, je ne bosse pas le week-end prochain, ment Jenna.

— Ah et tu quittes à quelle heure vendredi ?

— Vingt heures, soupire Jenna. Du coup, je partirai chez toi samedi.

— Oh… bah si tu veux, je viens vendredi soir et comme ça on ira au multiplexe ciné samedi matin, propose Phil.

Tant que tu ne viens pas mercredi, tout me va ! Enfin, le point positif de la grève de train, c’est que je suis certaine que tu ne pointeras pas demain soir vu que tu as déjà fait l’aller-retour, se réjouit Jenna tout en validant le plan même si elle aurait aimé passer son vendredi soir seule chez elle. Toutefois, comme elle dit toujours : il faut faire des concessions et la priorité c’est qu’elle soit tranquille lorsque Kristian sera là. Il va de soi qu’elle n’a nullement informé Phil de sa visite…

Après un dernier smack du bout des lèvres, Jenna souhaite une bonne semaine à Phil et referme la porte derrière lui.

***

Sa matinée de travail terminée, Jenna déjeune tranquillement puis s’installe devant la télévision après être allée frapper chez Diana qui est visiblement absente.

Vers quinze heures, son portable sonne. C’est Diana et elle est dans tous ses états.

— Salut, lance Jenna. Tu es où ?

— Chez mes parents, je suis repartie samedi après-midi et je vais rester la semaine chez eux.

Yes ! Au moins, elle ne sera pas là quand Kris viendra demain, pour une fois tout se goupille bien ! On a peut-être une chance de passer enfin du temps rien que tout les deux.

— J’en déduis que tu n’as pas vu Pascal…

— Non mais par contre je l’ai eu au téléphone, c’est pour ça que je t’appelle.

— Quel rapport avec moi ? s’étonne Jenna.

— Disons que j’ai commencé à lui dire que ce n’était plus possible que cela continue comme ça entre nous et il a complètement pété les plombs. Il m’a dit que de toute manière tout le monde voulait qu’on casse, principalement toi.

— Hein ?! Mais enfin c’est faux !

— C’est ce que je lui ai dit, mais il psychote complètement ! Selon lui, tu fais tout pour qu’on casse afin de pouvoir continuer tranquille ta petite histoire de cul avec Kristian. Il m’a dit que tu jouais contre lui pour pouvoir continuer à t’envoyer en l’air avec Kris et que tu avais trop d’influence sur moi. Il dit que je t’écoute aveuglément et il t’en veut à mort.

Anéantie, Jenna s’allume une cigarette tandis que Diana poursuit :

— Il est tellement furieux après toi qu’il m’a dit qu’il allait tout balancer à Phil sur Kristian et toi.

Le cœur de Jenna loupe un battement tandis que l’angoisse la submerge.

— Quoi ?! bredouille-t-elle.

— Non mais t’inquiète, j’ai réussi à le raisonner et il m’a promis de ne pas le faire, assure Diana. Mais à ta place, j’annulerais tout ce que tu as de prévu avec Kristian pour le moment.

— Euh…

Un reniflement échappe à Diana.

— Je vois… même si tu m’as dit qu’il n’était pas sûr de venir, vous avez toujours prévu de vous voir cette semaine. Perso, je trouve ça hyper risqué mais tu fais ce que tu veux. Enfin, c’est tout, je voulais juste te prévenir. Je te laisse, parce que c’est un peu tendu du string à la maison. Bisous.

Sous le choc, Jenna marmonne les salutations d’usage avant de reposer son téléphone sur la table. Elle est tellement anxieuse que ses mains tremblent lorsqu’elle s’allume une énième cigarette. Qu’est-ce que je dois faire ? se demande-t-elle avec angoisse. Est-ce que j’annule Kris ou pas ?