Fyctia

Diana ouvre immédiatement la porte. Elle aussi est encore en pyjama mais affiche une mine plus reposée que Jenna.

— Ça va ? se demandent-elles en même temps.

Elles ont toutes les deux été réveillées par la dispute de la nuit précédente et ont chacune craint qu’elle ne provienne de l’appartement de l’autre. Leurs inquiétudes respectives dissipées, elles fument une cigarette autour d’un café. Là, Diana raconte :

— Pascal m’a appelée hier soir pour s’excuser et pour me proposer de venir me voir cet après-midi.

— Et ?

— J’ai dit oui mais en fait, je vais le larguer. J’ai bien réfléchi et en fait je ne veux plus être avec un mec qui n’est même pas fichu de penser à mon anniversaire et d’être présent pour ma soirée.

— Il y a pensé quand même.

— Mmm, tu peux me jurer que tu ne lui as pas envoyé un petit texto en douce samedi pour le lui rappeler ?

Embarrassée, Jenna se tortille sur sa chaise.

— Non, admet-elle. Mais à la décharge de Pascal, il m’a tout de suite répondu qu’il attendait ton heure de naissance pour te téléphoner.

— Mouais, il n’empêche que tout mis bout à bout, je suis de moins en moins convaincue par cette histoire. Il faut tout le temps que je me rende disponible pour lui alors qu’il est clair que je suis loin dans ses priorités. Il n’écoute jamais mes opinions et ne me soutient pas dans mes études. Quand il vient, c’est neuf fois sur dix pour la soirée et en fait, on n’a pas beaucoup de choses en commun. En plus, niveau sexe ce n'est pas l’extase à proprement parler.

Jenna a de la peine pour Pascal, toutefois, elle ne cherche pas à faire changer d’avis Diana.

— Je trouve ça triste mais c’est ton choix. Tu vas lui dire aujourd’hui ?

— Oui, confirme Diana. Je préfère en finir maintenant.

N’ayant rien à dire de plus, les deux amies se séparent. De retour chez elle, Jenna se recouche et grapille quelques heures de sommeil supplémentaires.

***

Jenna se réveille de nouveau vers midi et demi. Enfin reposée, elle file sous la douche et se prépare tranquillement. Lorsqu’elle jette un œil sur le parking, elle aperçoit la voiture de Pascal en train de se garer. Derrière son rideau, Jenna l’observe tandis qu’il sort de son véhicule. Il a le sourire aux lèvres, le pas guilleret et un bouquet de fleurs à la main. Le pauvre, il n’a aucune idée de ce qui l’attend, le plaint-elle avant de se plonger dans ses cours de DU.

***

Lorsque Phil rentre peu après six heures, Pascal est toujours chez Diana.

— On s’invite à prendre l’apéro chez ta copine ? propose Phil à Jenna.

— Honnêtement, on ferait mieux d’éviter, répond immédiatement Jenna. Di n’est pas super bien disposée envers Pascal et il vaut mieux qu’on reste où on est.

— Ah… elle compte le larguer.

— En tout cas, ils sont en pleine explication, élude Jenna. Sinon, tu veux manger quoi ce soir ?

— Mmm des steaks avec des patates carrées ?

La suggestion est bonne et après un apéro léger, ils dînent devant le film du soir.

***

Le lendemain, lorsque Jenna jette un œil sur le parking pendant que Phil prend sa douche, la voiture de Pascal a disparu. Bon bah vu qu’il n’est que huit heures du matin, c’est mort, songe-t-elle. RIP Pascal/Diana. Ni fleurs, ni couronne, merci.

Phil sort de la salle de bain, l’interrompant dans ses réflexions.

— Le café n’est pas encore prêt ? s’agace-t-il.

— Euh non, je crois qu’il va falloir que je détartre ma cafetière, elle met trois plombes à passer. J’irai chercher du vinaigre tout à l’heure.

Maussade, Phil se sert un verre de jus d’orange.

— Tu penseras à en racheter aussi, je viens de finir la bouteille.

— Oui, oui…

Son petit déjeuner expédié, Phil ne se donne pas la peine de débarrasser la table basse.

— Bon, je me coiffe et j’y vais, annonce-t-il.

Réprimant un soupir, Jenna attrape le mug et le verre de Phil afin d’aller les mettre dans l’évier puis passe un coup sur la table pour nettoyer les miettes de brioche que Phil a semé sur son passage.

— Tu vas faire quoi aujourd’hui ? demande-t-il à Jenna.

— Je vais essayer d’avancer sur le mémoire que j’ai à rendre pour mon DU et je bosse au centre de cinq à sept.

— OK, je viendrai te chercher.

Après un smack, Phil part en stage au grand soulagement de Jenna. Punaise, la semaine va encore être longue…

***

Alors qu’elle se prépare à aller prendre des nouvelles de Diana, Jenna reçoit un texto d’Hélène. Surprise, elle l’ouvre immédiatement.

• Salut Jen ! Quoi de neuf ? Ici, j’ai changé de boulot et j’ai largué mon mec. Donne-moi des news, ça me fera plaisir, bisous. Hélène.

Eh bien, il n’aura pas résisté longtemps le prof, s’amuse Jenna tout en composant une réponse.

• Désolée que ça n’ait pas marché avec lui mais contente que tu aies trouvé un autre taf. Ici, ça va, la routine. Bisous.

Son message envoyé, Jenna va prendre des nouvelles de Diana. J’espère que je ne vais pas devoir la ramasser à la petite cuillère, souhaite-t-elle.

***

Lorsque Diana lui ouvre la porte, elle affiche une mine sombre.

— Salut… lance-t-elle sans enthousiasme.

Bon, c’est la soupe à la grimace, mais il fallait s’y attendre…

— Alors ? Comment ça s’est passé avec Pascal ? Il ne l’a pas trop mal pris ? s’inquiète Jenna.

Diana prend une inspiration.

— Bah, il est arrivé avec des fleurs pour s’excuser puis il m’a offert mon cadeau… il m’a acheté mon parfum préféré. Du coup, on s’est embrassé puis on a couché ensemble.

— Euh… OK. Vous n’avez pas du tout parlé ?

— Si après. Mais il était tellement joyeux et détendu que je n’ai pas eu le courage de lui dire ce que j’ai sur le cœur, pas plus que de le larguer. Surtout après qu’on l’a fait et son cadeau.

— Mais tu veux toujours arrêter avec lui ? l’interroge Jenna.

— Ah ça oui ! J’ai réfléchi et je pense que je vais lui envoyer un texto pour casser ou peut-être plutôt une lettre, comme ça je pourrai tout lui balancer.

— Mmmm, ce n’est pas très courageux, lui fait remarquer Jenna.

— Ouais bah, je n’ai pas de leçons à recevoir de la part d’une personne qui stagne depuis plus de trois ans dans une double vie. D’ailleurs, tu le vois quand déjà Kristian ? Mercredi prochain, c’est ça ?

Un sursaut de méfiance monte irrépressiblement en Jenna.

— En fait, il m’a envoyé un texto ce matin et ce n’est pas sûr qu’il puisse venir, ment-elle. Il a des problèmes avec sa voiture, du coup ça sera peut-être à moi de descendre.

— Ah… c’est contrariant, remarque Diana d’un ton négligent. Enfin, c’est peut-être mieux pour toi qu’il ne vienne pas.

Plus la conversation se poursuit, plus les soupçons de Jenna grandissent…

— Di… tu n’as pas parlé à Pascal du fait que Kristian venait la semaine prochaine, hein ?

Détournant le visage pour attraper une cigarette, Diana assure :

— Non, non.

Je n’en crois pas un mot… peste Jenna. Mais si je dis quelque chose, c’est le drama assuré.

Blasée, elle change de sujet et elles bavardent une petite heure avant de se séparer.