Fyctia
L'effet domino P9
Vers quatorze heures, Marjo téléphone sur le fixe de Diana qui met le haut-parleur.
— Euh… Chouchou et moi, on vient juste de se réveiller et ça va être chaud de passer avant mon train, explique Marjo.
— T’inquiète, on comprend, assure Diana dans un bâillement.
— En tout cas, on a passé une super soirée, assure Marjo. C’était sympa !
— Moi, je veux dire, oui voilà quoi ! Même si je suis dégoûté de ne pas avoir conclu avec ta copine Hester !
— En même temps, tu as encore raconté la blague de la pomme, lance Jenna depuis le canapé.
Ils parlent encore quelques minutes puis Marjo raccroche.
Pour Elsa, Éric et Bérénice, l’heure du départ a également sonné et ils fument une dernière cigarette tous les cinq avant de se séparer. Obligeante, Elsa propose à Bérénice de la ramener chez elle en voiture.
— C’est con que tu paies le train alors qu’on passe à côté de chez toi, décrète-t-elle.
Bérénice accepte avec soulagement et après avoir échangés des bises, ils s’en vont.
Restée seule avec Diana, Jenna annonce :
— Je ne vais pas trop devoir tarder non plus. Je dois aller me préparer pour l’arrivée de Phil…
— Je sais…
— Ça va aller ? s’inquiète Jenna.
— Il faudra bien, soupire Diana. Déjà, je vais voir s’il va m’appeler. Mais en vrai je doute de devenir un jour Diana Boulet… Je crois que j’ai surestimé Pascal.
— Après, il avait un indice dans son nom… tente de plaisanter Jenna.
— Ouais… il faut l’admettre. Bref. Je ne vais te retarder vu que Phil va arriver. Et puis, ça me fera du bien d’être un peu seule. J’ai besoin de réfléchir tranquillement à tout ça et surtout à ce que je vais faire même si plus ça va, plus je me dis que le quitter est la seule chose à faire…
— Je comprends, soupire Jenna. Même moi, je trouve difficilement des arguments pour le défendre. Je suis désolée, je dois vraiment y aller mais je passe te voir demain matin, OK ?
— Oui, oui, t’inquiète.
***
Philippe arrive une heure plus tard et n’est guère plus en forme que Jenna.
— J’ai une gueule de bois d’enfer… annonce-t-il. Ben et Mike m’ont forcé à boire.
— La même, sauf que personne ne m’a forcée…
— Enfin, encore moi ça va, poursuit Phil. Pascal était dans un état lamentable, on a dû le coucher.
— Mouais, je t’avoue que ma réserve de compassion pour Pascal n’est pas au top, là.
— Ah… il faut admettre qu’il la joue très mal avec Diana… mais il n’est pas à l’aise avec ses copines de CAPES, explique Phil.
— Tout comme Diana n’apprécie pas particulièrement Mike ou les Bretons, pourtant elle fait l’effort, souligne Jenna.
— C’est ce que Ben lui a dit. Enfin, Pascal a bien compris qu’il avait merdé. Il m’a dit qu’il allait lui téléphoner ce soir et il va poser un congé pour venir la voir demain si elle est disponible.
Pas sûr que ça suffise, songe Jenna tout en lui proposant un truc à boire.
— Voilà tout, accepte Phil.
Après un apéro léger et un repas vite expédié, ils se couchent directement. Ils sont tous les deux fatigués et ils doivent par ailleurs se lever tôt le lendemain en raison du stage de Phil.
***
Vers deux heures du matin, Jenna est réveillée en sursaut par des hurlements. Inquiète, elle jette un œil vers Phil qui ronfle paisiblement et tend l’oreille. Elle ne s’est pas trompée… c’est bien un couple qui se dispute. Putain, j’espère que ce n’est pas Diana et Pascal, souhaite Jenna tout en essayant d’identifier la source des cris. Celle-ci est proche mais elle ne parvient pas à déterminer s’il s’agit de ses amis. Anxieuse, elle se retourne dans le lit tout en fusillant Phil du regard. Avec ses foutus ronflements, je n’entends rien du tout ! Mais si je le réveille, je vais me faire engueuler… d’ailleurs comment il fait pour dormir avec un raffut pareil ?
La querelle, d’où qu’elle provienne, est d’importance. Les vociférations résonnent jusqu’à plus de quatre heures du matin et se concluent par un claquement de porte rageur qui fait trembler les murs de l’appartement de Jenna. Pourvu que ça ne vienne pas de chez Diana, s’angoisse Jenna. Qu’est-ce que je fais ? Je vais voir ou pas ? Après quelques minutes d’hésitation, elle décide de rester dans son lit. Il est tard et elle n’est pas sûre de la localisation du grabuge, inutile de réveiller Diana si celle-ci dort paisiblement dans son lit. Dès que Phil part demain, je vais la voir, se promet Jenna en essayant de se rendormir.
***
Il va sans dire que Jenna peine à se lever lorsque le radio-réveil se déclenche vers huit heures.
— Ahhhhh, j’ai bien dormi ! se réjouit Phil tout en s’étirant.
— Tu as de la chance, grince Jenna. Perso, entre tes ronflements et les gens qui se sont frittés pendant plus de deux heures, je n’ai pratiquement pas fermé l’œil.
— Les gens qui se sont frittés ?! Quand ça ?
— De deux à quatre heures du matin, explique Jenna tout en se traînant jusqu’à la cafetière pour préparer le précieux breuvage. Ça m’a réveillée en sursaut.
— Ah bah, je n’ai rien entendu moi. Tu veux bien me servir un verre de jus ? Je vais prendre ma douche sinon, je vais être en retard.
Blasée, Jenna obtempère mécaniquement et en profite pour disposer la brioche et la confiture d’abricots— qu’elle achète spécialement pour Phil— sur la table basse.
— C’est vrai que tu as l’air claquée, observe Phil en sortant de la douche. Tu louches encore plus que d’habitude.
Jenna se raidit et serre les dents, évitant son regard.
— Euh… désolé, c’est sorti tout seul, mais tu sais bien que je ne supporte pas quand tu n’as pas tes lentilles, se justifie Phil.
— Ton café va refroidir.
L’air piteux, Phil avale son mug de café et se gave de brioche. Dix minutes plus tard, il se lève.
— J’y vais, passe une bonne journée.
Jenna attend cinq minutes après son départ puis ouvre son volet afin de scanner le parking. Phil est bien parti et elle ne voit pas la voiture de Pascal. Inquiète pour Diana, elle passe un peignoir de satin au-dessus de sa nuisette puis va gratter à sa porte.
72 commentaires
Didier-40
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Il y a 3 mois
Jess Swann
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Il y a 3 mois
La Plume d'Ellen
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Il y a 3 mois
Jess Swann
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Il y a 3 mois