Fyctia

De retour chez Phil, Jenna et lui passent leur samedi soir avec les inévitables Bretons dans leur bar favori et s’enfilent des cocktails.

— Pascal n’est pas là ? s’étonne Gwen.

— Non, il se fait un petit week-end avec Diana chez lui, explique Jenna.

— Pffff Diana, soupire Gwen. Sérieux, je ne comprends pas ce qu’il lui trouve. Je sais que c’est ta copine mais elle se comporte comme une princesse pourrie gâtée, c’est toujours à lui de se plier en quatre pour elle. Je la trouve hyper égoïste et capricieuse.

— Hem, on devrait changer de sujet. Alors ? Quelle nouvelle d’Erwan ? demande Jenna à voix basse.

Après avoir coulé un regard en direction de Yannick qui parle avec animation à Phil, Gwen lui explique qu’ils s’appellent tous les deux jours et passent des heures à bavarder.

— J’ai l’impression que ça évolue un peu, sourit Gwen.

— Tant mieux pour toi, se réjouit Jenna.

Les quatre larrons passent une bonne soirée, Gwen et Jen rattrapent plusieurs semaines de ragots pendant que Phil et Yann échangent des points de vue hautement philosophiques sur la société.

Ils font la fermeture du bar et rentrent chez eux bien éméchés par les nombreux cocktails qu’ils se sont enquillés.

***

Après un samedi soir aussi arrosé, Phil et Jenna passent un dimanche très calme devant la télévision. Le soir, ils sacrifient au câlin rituel puis c’est l’extinction des feux.

Jenna rentre chez elle le lundi en début d’après-midi et passe prendre des nouvelles de Diana avant d’aller travailler. Lorsqu’elle lui ouvre, celle-ci affiche une mine de six pieds de long. Raaa, ce n’est pas vrai, elle fait encore la gueule ! s’agace Jenna tout en lui faisant la bise.

— Alors, ça s’est bien passé ? lui demande-t-elle avec hésitations.

— Mouais…je t’avoue qu’on s’est un peu fait chier quand même, il n’y a rien à faire là où il habite. On pensait que vous nous appelleriez pour qu’on se fasse un truc tous les quatre. D’ailleurs, vous avez fait quoi samedi soir ? Vous êtes allés chez les parents de Phil ?

— Non, on est allés picoler des cocktails au Spirit avec les Bretons, rit Jenna. On a bien rigolé avec Gwen.

Le visage de Diana se referme encore plus à la mention de Gwen.

— Je vois… sympa de nous avoir proposé de venir. Enfin, tu t’es bien amusée avec ta chère Gwen, c’est le principal, déclare-t-elle d’un ton pincé.

L’agacement de Jenna redouble. J’hallucine, elle ne va pas quand même me faire un caca nerveux pour ça ?!

— Bah désolée de ne pas vous avoir dit qu’on allait boire un coup. En même temps, tu n’arrêtes pas de dire que tu n’aimes pas Gwen, donc…

— Ouais, on dira ça. Sinon, ce soir je passe la soirée avec Hester, donc je ne pourrai pas bouffer avec toi, lui apprend Diana sur un ton glacial.

— OK, c’est noté.

Un inconfortable silence s’installe entre les deux copines avant que Jenna se lève.

— Bon, ce n’est pas tout ça mais je dois aller bosser ! Amuse-toi bien avec Hester.

***

Le lendemain, Diana retrouve Jenna pour le repas du midi.

— Salut, lance Diana d’un ton maussade.

Putain, si ça la fait chier à ce point de venir, qu’elle reste chez elle !

— C’était sympa chez Hester ? tente Jenna.

— Oui, cool.

— Tant mieux.

La conversation se poursuit aussi platement jusqu’à ce que Diana prenne une inspiration après que Jenna lui ai fait part de son intention de textoter Kristian.

— À ce sujet, il faut que je te dise un truc. À ta place, j’éviterais de voir Kristian en ce moment.

Interloquée, Jenna se tourne vers elle :

— Et je peux savoir pourquoi ?

— Je ne voulais pas te le dire parce que ça me met dans une position délicate vis-à-vis de Pascal, mais vu ce que tu m’as raconté sur ton week-end, il faut que tu saches que Gwen a dit à Yannick que tu trompes Phil avec Kris et qu’il l’a répété à Pascal. Du coup, ils en ont parlé tous les trois et ils ont décidés d’attendre d’avoir des preuves ou une occasion de te prendre sur le fait pour le dire à Phil.

Le cœur de Jenna fait une embardée et elle se décompose :

— Pardon ?! C’est quoi cette histoire ?

— Ah bah visiblement tu t’es confiée à la mauvaise personne, réplique Diana. Donc, si j’étais toi, je calmerais le jeu avec Kristian parce que tu risques gros.

Les mains tremblantes, Jenna s’allume une cigarette.

— Merde…je… merci de m’avoir prévenue.

— Ah bah, je t’ai toujours dit que Pascal avait des doutes, il ne m’a jamais posé la question frontalement mais bon… En tout cas, je ne t’ai rien dit. Bref, là-dessus j’y vais, j’ai rendez-vous avec Hester à la BU. On se voit peut-être ce soir, tout dépend si je fais un truc avec Hester, sinon dans le pire des cas, on s’appelle.

***

Diana partie, Jenna met un certain temps à digérer la nouvelle de l’épée de Damoclès qui la menace. Merde, merde, merde ! Je n’aurais jamais dû me confier à Gwen ! Mais pourquoi elle l’a dit à Yann ?!

L’arrivée d’un texto la sort de ses pensées angoissées et un sourire tremblant se forme sur ses lèvres lorsqu’elle lit le prénom de l’expéditeur. Kris. Celui-ci avoue trouver le temps long et avoir hâte d’être au mois de juin. Il leur reste vingt-trois longs jours à attendre avant de se revoir et ils échangent de nombreux textos détaillant tout ce qu’ils vont faire à cette occasion. Ce petit marivaudage remet un peu de baume au cœur de Jenna qui n’imagine pas une seconde reporter leur rendez-vous. Peu importent les risques, elle est prête à tout pour Kristian.

Leur chat léger terminé, elle file travailler. Lorsqu’elle rentre chez elle vers dix-neuf heures, elle s’avise qu’il n’y a aucun mouvement chez Diana. Guère perturbée par l’absence de sa copine, Jenna se prépare un repas rapide puis, après avoir dîné, elle téléphone à Marjo afin de prendre de ses nouvelles.

— Je suis un peu stressée, confie Marjo. J’ai rendez-vous avec la DRH d’Hermès demain et j’espère qu’ils vont me proposer un contrat.

— Je te le souhaite !

— Et sinon, quoi de neuf par chez toi ?

Jenna, qui n’attendait que ça, s’épanche longuement sur son agacement face aux multiples changements d’humeur de Diana.

— Pfff n’importe quoi ! commente Marjo. Si elle ne veut plus être avec Pascal, elle n’a qu’à le lui dire directement au lieu de tourner autour du pot ou d’aller se planquer en Italie !

— Je suis bien d’accord avec toi mais dès que je ne vais pas dans son sens, elle m’accuse d’être du côté de Pascal, soupire Jenna.

— Ah ça… c’était sûr. En même temps, s’il y a bien une connerie que tu as faite, c’est de les avoir aidés à se remettre ensemble !