Fyctia

Le premier jour de l’année 2003, Jenna se réveille vers treize heures. Phil, qui ne dort plus lui non plus, geint :

— Je suis fatigué et j’ai mal au crâne…

— Ah ça… boire ou dormir, il faut choisir ! Vous vous êtes couchés à quelle heure ?

— Pff… vers neuf heures je crois… On a encore bu quelques bières puis on s’est maté un boulard que Mike m’a laissé quand il a déménagé.

— Pauvre Diana, s’amuse Jenna. Elle a dû adorer commencer l’année par un film de cul !

Du mouvement leur parvient depuis le salon et Phil rejoint les convives pendant que Jenna file sous la douche. Lorsqu’elle en sort, habillée et maquillée, un rire lui échappe en découvrant les mines des quatre autres.

— Je crois qu’on a abusé, résume Thierry en tentant de se lever avant de renoncer.

Plus en forme que ses compagnons, Diana se tourne vers Jen et Phil :

— Euh… je peux utiliser la salle de bain ? Je viens d’avoir mes parents, ils vont souhaiter la bonne année à ma grand-mère et comme ce n’est pas loin, ils font un crochet pour venir me chercher. Ils me biperont quand ils seront en bas pour que je descende.

Jenna jette un œil à Pascal qui affiche une mine résignée tout en assurant à Diana de faire comme chez elle.

— Bon, ce sera pour la prochaine fois, soupire Pascal une fois Diana sous la douche.

Diana partie un quart d’heure plus tard, Jenna cuisine des pâtes aux lardons pour les trois autres qui peinent à se remettre de leur cuite. Après le déjeuner, ils font l’incontournable partie de Risk puis Pascal et Thierry les quittent en fin d’après-midi.

Phil et Jenna passent la première soirée de l’année devant la télé puis se couchent après le premier câlin de 2003 : les vacances de Phil sont finies et il reprend le travail dès le lendemain.

***

C’est également la reprise pour Jenna que Phil emmène à la gare après le déjeuner. De retour chez elle, elle occupe son après-midi à terminer d’envoyer ses vœux de prospérité pour la nouvelle année à ses proches et connaissances. Kristian lui envoie un texto en réponse au message qu’elle lui a laissé :

• Tous mes vœux à toi aussi la miss. Je te souhaite une bonne année pleine de s…

• Tsss, obsédé va ! Enfin, merci et je te souhaite la même chose !

• C’est toi l’obsédée ! Il n’y a pas qu’un mot qui commence par un s… On se téléphone la semaine prochaine pour en parler. Je t’embrasse.

Rieuse, Jenna téléphone ensuite à Christine afin d’avoir ses horaires pour le lendemain et également lui présenter ses vœux. Elles bavardent pendant une bonne vingtaine de minutes et en profitent aussi pour faire le point sur les clients en cours.

— Il faut bien que tu surveilles Toby quand il est en cabine de lecture, la prévient Christine. Si tu ne le fais pas, il ne lit pas…

— OK, c’est noté !

Dans la foulée, Jenna reçoit des textos de Thomas, Joséphine, Hélène et d’autres connaissances perdues de vue depuis un moment.

En début de soirée, son téléphone sonne. Un sourire joyeux se forme sur les lèvres de Jenna et elle décroche :

— Bonne année le nain de jardin !

— Néhein, à toi aussi ma future maîtresse ! Qu’est-ce qu’elle dit ?

— Du riz, répond-elle en riant à Greg.

Tous deux échangent des nouvelles de leurs existences respectives. Greg félicite Jenna pour avoir trouvé du travail. De son côté, il est toujours dans l’administration fiscale. Il adore ce qu’il fait et envisage déjà de passer le concours afin de devenir inspecteur.

— J’aimerais bien diriger mon propre service à terme, explique-t-il à Jenna. Sinon, comment va Kristian Lopez ? Vous vous êtes faits une petite virée en amoureux pour les fêtes ?

Jenna soupire :

— Désolée de te décevoir mais pas de miracle de Noël cette année encore… Il a passé sagement les fêtes avec Kimberly et moi j’étais chez Phil.

— Pffff deux nains de jardins, commente Greg. Au bout de trois ans, il serait temps que l’un de vous se décide enfin à bouger…

— Ce n’est pas si facile… On a tous les deux nos boulets.

— Néhein si ça vous amuse de gâcher vos vies…. Enfin si tu en as marre de lui et que tu te cherches un nouvel amant, n’oublie pas mon numéro !

Jenna éclate de rire :

— Tssss Greg ! Sinon, comment va Alice ?

— Super ! D’ailleurs, c’est un peu pour ça aussi que je t’appelle… J’ai une grande nouvelle à t’annoncer : Alice est enceinte. Je vais être papa, enfin normalement… mais je ne pense pas qu’elle m’a déjà trompé. Ça ne fait même pas un an qu’on est mariés, c’est un peu tôt pour qu’elle en ait marre de moi. Bref, je vais avoir un bébé.

Jenna étouffe un rire avant de répondre :

— Oh ! Greg c’est génial ! Toutes mes félicitations à vous deux ! C’est prévu pour quand ?

— Fin juillet, la renseigne Greg. Ça devient sérieux là…

— Je pensais que ça l’était déjà… s’esclaffe Jenna.

— Néhein oui, mais là j’ai le sentiment qu’on commence vraiment notre vie d’adultes. Ça va faire un gros changement.

— Un enfant, ce n’est pas rien, reconnaît Jenna. Mais l’important c’est que tu sois heureux et épanoui dans ta vie.

— Je le suis, assure Greg. Je suis mort de trouille à l’idée de ne pas assurer comme papa mais j’ai hâte qu’il soit là. Tu sais… Alice c’est vraiment la femme de ma vie. Je ne regrette rien.

— Ça me fait plaisir pour toi.

— Je sais, Jen. Comme je sais que tu le penses réellement contrairement à… genre Marjo. Tout le mal que je te souhaite pour cette année, c’est de concrétiser officiellement avec celui que tu aimes vraiment.

Le cœur de Jenna se serre et elle lâche :

— Pour ça, il faudra plus que des souhaits de bonne année.

— Ou que l’un de vous deux ait enfin les couilles de sauter le pas…

Jenna sourit tristement puis :

— Allez, inutile de faire des plans sur la comète et de se faire des films sur ce qui n’arrivera jamais. Carpe Diem comme dirait l’autre… En tout cas, je suis vraiment heureuse pour vous deux, tu transmettras mes félicitations à Alice.

— Je le ferais, assure Greg. Dis voir, tu pourras l’annoncer aux autres ? À part Chouchou, tu es la seule à qui je l’ai dit.

— Oui bien sûr, promet Jenna. En tout cas, merci de m’avoir appelé pour me le dire en personne, ça me touche beaucoup.

— Néhein, c’est la moindre des choses… après tout tu es ma future maîtresse, donc tu dois savoir où tu mets les pieds !