Fyctia
Petits services entre amis P4
Après son après-midi de textos croustillants avec Kristian, Jenna téléphone à Phil. Celui-ci est d’excellente humeur, il a fait l’acquisition d’un nouvel ordinateur et est occupé à le monter.
— Comme ça, on pourra vraiment profiter d’internet, explique-t-il à Jenna.
— Pfff, je ne vois toujours pas l’intérêt d’internet…
— Raaaa, c’est parce que tu n’as pas essayé. Avec internet, tu peux trouver tout ce que tu veux. Et communiquer avec les autres. Tiens, quand tu viendras ce week-end, on te créera une adresse mail.
— Mouais… Sinon, en parlant de ce week-end, Diana m’a dit qu’ils avaient prévu de repartir dimanche en début d’après-midi avec Pascal…
— Hein ?! tilte Phil. Et le ménage alors ? Qui va ranger après la soirée ?
— Ah bah devine… Diana veut rentrer tôt parce qu’elle doit bosser et Pascal a rendez-vous avec des potes.
— N’importe quoi, peste Phil. Diana doit bosser ses cours ?! C’est nouveau qu’elle travaille celle-là !
— Le problème, ce n’est pas Diana ! lui rappelle Jenna. C’est que ton copain organise son anniversaire chez toi et nous laisse ranger tout le bazar !
— Oui bah, ça ne va pas se passer comme ça ! s’énerve Phil. En plus, je dois partir en fin d’après-midi pour aller faire mon stage à Dunkerque, donc c’est hors de question qu’il nous laisse le ménage sur les bras.
— Mais oui… soupire Jenna, blasée.
Phil a beau dire « nous », il est clair à ses yeux que c’est elle qui va faire le plus gros du ménage et du rangement. C’est couru d’avance, songe-t-elle tout en écoutant Phil d’une oreille distraite.
***
Jenna est à peine montée dans le train le vendredi qu’elle reçoit un message de Diana lui demandant de la rappeler dès qu’elle aurait du réseau. À tous les coups, elle a un service à me demander, songe cyniquement Jenna tout en la rappelant.
Son instinct ne lui a pas fait défaut, Diana explique :
— En fait, je me demandais si je pouvais dormir chez Phil demain soir.
Interloquée, Jenna lui assure que cela ne pose aucun problème et Diana la remercie chaleureusement :
— Tu me sauves la vie, là !
— À ce point-là ? Il s’est passé un truc mercredi avec Pascal ? Vous vous êtes disputés ?
— Non non. C’est simplement que j’ai l’impression qu’il n’est plus très partant pour me présenter ses parents et je préfère m’assurer que j’ai une solution de secours au cas où…
— C’est lui qui n’est plus très chaud ou c’est toi ?
— Euh… toussote Diana. En vrai, je trouve que c’est un peu prématuré. Ça ne fait même pas deux mois qu’on s’est remis ensemble et rien ne dit que ça va durer.
— J’adore ton enthousiasme… rit Jenna. On sent bien que tu es amoureuse, là.
— Disons que je préfère rester prudente.
Sûr et certain qu’elle va dormir chez Phil, songe Jenna en raccrochant.
***
Lorsque Jenna arrive chez Phil, outre le nouvel ordinateur trônant sur le bureau, une autre surprise l’attend.
— Je nous ai organisé une petite soirée en amoureux, annonce Phil en sortant du champagne et du foie gras du frigo. J’ai acheté du pain frais et je suis passé nous prendre des petits gâteaux à la boulangerie que tu aimes bien.
Gloups… c’est un traquenard ou quoi ? appréhende Jenna tout en lui souriant.
Phil les sert tous les deux et ils trinquent avant de commencer la dégustation du foie gras. Ils entament leur seconde flûte de champagne lorsqu’il passe à l’attaque :
— J’ai bien réfléchi depuis quelques temps…
Oh oh, ça n’augure rien de bon.
— … et je comprends que tu souhaites attendre d’avoir un travail moins précaire pour faire un bébé.
— C’est surtout que ce boulot n’est que temporaire, souligne Jenna. Si je fais ça, c’est pour avoir de l’argent et des billes pour postuler en troisième cycle à la rentrée.
— Je sais… c’est pour ça que je suis prêt à attendre deux ou trois ans pour qu’on ait un enfant, concède Phil.
Des sueurs froides secouent l’échine de Jenna tandis qu’il poursuit :
— En revanche, j’aimerai qu’on s’installe avant ça. Franchement, je ne comprends pas pourquoi tu gardes ton appartement ! Tu pourrais facilement faire les aller-retours en train pour aller bosser si tu venais habiter ici.
Plutôt crever !
— Et faire deux heures de trajet pour travailler deux heures ? Sans oublier qu’il n’y a aucun train le dimanche matin et que je bosse un week-end sur deux. Désolée mais ce n’est pas jouable.
— Cherche autre chose ici dans ce cas.
— Mais j’aime bien ce que je fais au centre, proteste Jenna. Et pourquoi ce serait à moi de m’exiler ici ? C’est facile pour toi, tu es à cinq minutes de ton boulot, je ne comprends même pas pourquoi tu y vas en voiture !
— Pffff, on pourrait louer quelque chose dans un village entre les deux, suggère Phil.
— Je ne vais pas m’engager dans une location avec toi alors que je ne sais pas où je serai à la rentrée, lui oppose Jenna.
Philippe soupire lourdement et les sert de nouveau en champagne.
— Je comprends… et je veux bien attendre encore un peu. Mais si tu n’es pas retenue à la fac à la rentrée, je ne vois aucune raison pour qu’on ne vive pas ensemble. Tu ne vas pas garder ton studio étudiant et faire la chouille avec tes copains toutes les semaines pendant encore 107 ans.
Consternée, Jenna boit une grande gorgée de champagne tout en réfléchissant à toute allure au meilleur moyen de se sortir de ce mauvais pas.
— Tu sais, Jen, ça fait plus de deux ans que j’attends qu’on vive ensemble, poursuit Phil. Alors, je sais que tu étais à la fac quand j’ai pris mon premier appart, mais ce n’est plus le cas. Tu n’as cours que quelques heures par semaine et personne ne comprend pourquoi on ne s’installe pas.
— Personne ? relève Jenna.
— Mes parents… admet Phil.
— Ce qu’on fait ou pas ne les regarde pas, grince Jenna.
— Non mais c’était juste pour te donner un exemple, rétropédale Phil. Ce que je veux dire, c’est que ça fait plus de cinq ans qu’on sort ensemble et que j’aimerais bien qu’on avance. Vivre ensemble serait un premier pas.
Le foie gras a le goût de carton dans la bouche de Jenna et elle lâche :
— Je vais y réfléchir, cela dépendra de ce que je fais à la rentrée.
— Soit… accepte Phil. Tu sais, je vois bien que tu apprécies tes petites soirées entre copains mais tu pourras continuer à les voir et à les inviter quand on aura notre appart. Et puis, eux aussi, ils commencent à s’installer en couple, c’est normal.
— Oui… je sais, admet Jenna, soulagée d’avoir obtenu un nouveau sursis de plusieurs mois.
Phil enfonce le clou :
— Je ne veux pas te mettre la pression. Si parce que j’ai hâte de vivre avec toi, c’est parce que je t’aime.
Le cœur de Jenna se serre de culpabilité tandis qu’elle ment une fois de plus :
— Moi aussi.
Phil se penche pour l’embrasser et elle contient à grand-peine un mouvement de recul.
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La Plume d'Ellen
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Il y a 6 mois
Jess Swann
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Il y a 6 mois
Wizzette
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Il y a 6 mois
Jess Swann
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Il y a 6 mois