Fyctia

Son message passé, Phil change de sujet :

— Sinon, j’ai posé des vacances, je me disais qu’on pourrait partir un ou deux jours entre Noël et Nouvel-An.

— Je ne sais pas si ça sera possible, Christine m’a dit que les vacances scolaires étaient les périodes les plus chargées au centre. Je te dirai quand j’aurai mon emploi du temps.

Après avoir terminé le champagne et le foie gras, ils dégustent les pâtisseries achetées par Phil puis se couchent vers minuit après un bref câlin.

***

Jenna se réveille un peu plus de trois heures après s’être endormie. Le foie gras — à moins que ce ne soit sa conversation avec Phil — pèse lourdement sur son ventre et elle a tout juste le temps de se précipiter aux toilettes pour y vomir le contenu de son estomac avant d’être prise d’une diarrhée d’anthologie. En sueur et frissonnante, elle profite d’une accalmie pour attraper son roman en cours et retourne s’enfermer dans les toilettes, ses crampes intestinales lui signalant qu’elle ne va pas pouvoir se recoucher dans l’immédiat.

Deux heures plus tard et son roman presque terminé, Jenna s’extrait enfin de la cuvette et retourne se coucher, épuisée. Lorsqu’elle se réinstalle dans le lit, Phil ronfle bruyamment, totalement inconscient des heures difficiles qu’elle vient de traverser. Jenna soupire et rabat la couette sur sa tête dans l’espoir d’étouffer les bruits de locomotive émis par Phil.

***

Phil et Jenna se réveillent tous les deux vers dix heures. Câlin, il entreprend aussitôt ses habituelles manœuvres d’approche.

— J’ai super bien dormi, se réjouit-il.

— Tu as de la chance, bâille Jenna. J’ai été malade comme une bête et j’ai bien cru que j’allais devoir passer ma nuit sur les chiottes.

— Ah bon ? Je n’ai rien entendu. Qu’est-ce que tu as eu ?

— Une sorte de gastro… je crois que le foie gras est mal passé.

En dépit du sujet peu ragoûtant, Phil poursuit ses préliminaires et Jenna se laisse faire passivement malgré des nausées encore présentes. La petite affaire de Phil terminée, elle se traîne sous la douche, appréciant le jet d’eau brûlant.

***

Jen et Phil occupent le reste de leur matinée à surfer sur internet. Désireux de voir Jenna se mettre enfin à la technologie, Phil lui créé une session personnelle sur son ordinateur ainsi qu’une adresse courriel.

— Note le mot de passe de ta boîte mail ici, déclare Phil en s’emparant du petit carnet qui lui sert de répertoire. Comme ça, si tu l’oublies tu pourras la retrouver facilement.

Jenna grince des dents.

— Euh… je ne vois pas trop pourquoi tu devrais connaître mon code.

— Pourquoi ? Tu as quelque chose à cacher ? lance Phil d’un ton léger.

— Non, pas du tout, c’est juste que le courrier, c’est personnel… argue Jenna.

— Pfff, comme si j’allais aller lire tes mails, s’amuse Phil en lui mettant le stylo dans les mains. La confiance règne…

Ainsi coincée, Jenna écrit son mot de passe. Bah, ce n’est pas grave, de toute façon, je ne me servirai pas de l’ordi et encore moins de ma boîte mail, s’imagine-t-elle.

Phil passe les minutes suivantes à lui présenter les intérêts d’internet. Jenna rit à la vue des nombreuses fenêtres indésirables qui s’ouvrent durant sa navigation.

— OK, en gros, il n’y a que du cul, conclut-elle.

— Non mais c’est parce qu’il faut que j’installe l’anti-virus, explique Phil. Tiens… regarde, tu peux accéder au site de la bibliothèque et chercher des livres.

— Mmmm là, tu parles à mon cœur, admet Jenna en se penchant avec avidité sur l’écran. Regarde, s’ils ont reçu des nouveaux V.C. Andrews !

Réprimant un soupir, Phil s’exécute et Jenna bondit de joie en découvrant des titres qu’elle n’a pas encore lus.

— Vu comme tu es excitée, je suppose que tu veux aller les chercher cet après-midi… soupire Phil. Si ça te va, je te déposerai quand on rentrera de la galerie marchande, Ben et Georges m’ont missionné pour le cadeau de Pascal. Ah et il vient six heures pour installer ce qu’il a prévu pour la soirée et faire cuire les patates.

***

Ils sont sur le point de partir acheter le cadeau de Pascal lorsqu’ils reçoivent la visite surprise de la mère de Phil.

— Je passais dans le coin par hasard et j’ai vu la voiture, donc je me suis dit que vous deviez être là, prétexte-t-elle.

Bah voyons, comme si quelqu’un passait « par hasard » dans cette rue alors qu’il n’y a absolument rien… ironise Jenna tout en lui servant un café.

La mère de Phil ne tarde pas à en venir au fait :

— Avec papa, on pensait vous offrir un nouveau clic-clac pour Noël, comme ça vous aurez plus de place pour recevoir vos copains.

— Bonne idée ! approuve Phil. On pourra mettre l’ancien contre le mur et ça nous fera un canapé d’angle.

Génial, songe Jenna. Une machine à laver, ça aurait été mieux mais bon…

***

La mère de Phil partie, c’est la course pour Phil et Jen qui sont nettement en retard sur le planning prévu. Le cadeau de Pascal acheté, Phil dépose Jen à la bibliothèque comme prévu. Sur le chemin du retour, elle en profite pour acheter le cadeau de Noël de Phil qui s’est découvert récemment une passion pour les jeux de société originaux, sous l’impulsion de Yannick.

Lorsqu’elle arrive chez Phil, Pascal et lui boivent une bière tout en jouant à la Playstation. Phil se tourne vers elle :

— J’ai mis la rallonge de la table mais je ne sais pas où tu as rangé la nappe.

Réprimant un soupir, Jenna va la chercher puis met la table tandis qu’ils continuent leur partie.

— Au fait, Pascal et Diana dorment ici, l’informe Phil.

— Ouais, on a décidé que c’était un peu tôt pour que je présente Di à mes parents, justifie Pascal.

Tu m’en diras tant…

— Jen, tu peux faire cuire les patates pendant qu’on finit la partie ? intervient Phil.

Jenna service, corvéable à merci, bonjourrrrrrrrrrrrrrrr ! grince-t-elle intérieurement. Cependant, elle garde le silence, n’ayant aucune envie de se prendre une remarque sur son manque manifeste d’efforts.

Les pommes de terre cuites et mises de côté pour la future raclette, Pascal repose sa manette avec un soupir de regret.

— Il faut que j’aille chercher Diana à la gare, son train arrive dans cinq minutes. Je crois que je vais être en retard, s’amuse-t-il.

Bah Di peut attendre, ce n’est pas comme s’il faisait cinq degrés dehors ! s’agace Jenna devant sa nonchalance.