Fyctia

— Salut beau gosse, lance joyeusement Jenna à Kristian lorsqu’il décroche. Alors qu’est-ce tu racontes de beau ?

— Coucou la miss, bah écoute pas grand-chose. En plus, je suis dégoûté, je bosse non-stop de samedi à jeudi, du coup c’est mort pour la soirée. Je vais me taper plus de huit heures par jour et je serais trop crevé pour venir. Si c’est pour dormir toute la soirée, ce n’est pas la peine.

Masquant difficilement sa déception, Jenna répond :

— Oui… je comprends. C’est con, j’aurais bien voulu que tu viennes mais c’est vrai que faire la route en étant claqué ne serait pas une bonne idée.

— Moi aussi, j’avais trop envie de tous vous voir… soupire tristement Kristian. Le pire c’est que je pourrais monter la semaine suivante. Chouchou ne peut pas décaler au mardi ?

— Je ne sais pas, je vais voir avec lui, assure Jenna dont l’espoir se ranime.

— Dans le pire des cas, si Chouchou ne peut pas, tu pourrais venir toi ?

— Tout dépend si j’ai du taf ou pas, explique Jenna. Ma collègue Christine suit une formation de chambres d’hôtes le mardi et je lui ai promis de les prendre pour qu’elle puisse y aller.

— Oui… je comprends, souffle Kristian. Bon, si ce n’est pas possible, on trouvera un autre créneau. On va bien finir par y arriver ! J’ai trop envie de te voir là, ça va faire un mois et la dernière fois est passée trop vite.

Ils passent encore de nombreuses minutes à bavarder, principalement de leurs projets de retrouvailles.

Après leur conversation, Jenna envoie un texto à Chouchou. La réponse de ce dernier est sans équivoque :

• Pas possible, je reprends sur base le 20. Je vois avec Kris pour passer le voir à Paris. Bisous.

Zut ! Frustrée, Jenna envoie un message à Kristian.

• Chouchou ne peut pas décaler. Il doit reprendre le 20.
• Je vais voir si j’arrive à m’arranger pour changer mes jours. Je tiens au courant.

***

Après un passage éclair de deux jours chez ses parents, Jenna repart chez Phil pour le week-end. Elle profite du long trajet de train pour prendre des nouvelles de Diana.

— Bof… répond Diana lorsqu’elle lui demande comment elle va.

Levant les yeux au ciel, Jenna déduit :

— Ça s’est mal passé avec Pascal hier soir ?

— Pfff on s’est fritté parce qu’il a trouvé que je ne mettais pas assez de crème fraîche dans mes pâtes aux lardons…

— Ah oui, en effet… c’est une grosse dispute, affirme Jenna en s’efforçant de garder son sérieux.

— Ne rigole pas ! Il m’a pris la tête avec ça pendant toute la durée du repas parce que du coup, c’était trop sec et blablabla… Je te jure, j’ai eu envie de le claquer au mur ! Qu’est-ce qu’il peut être con quand il s’y met !

Le cri de Diana vient du cœur et Jenna soupire.

— Oui, enfin ce n’est pas une découverte… Pascal est bien gentil mais on sait tous qu’il est borné. Sinon, à part ça, ça a été ?

— Euh… ça s’est un peu arrangé en cours de soirée mais il a super mal pris que je lui dise que les préliminaires à rallonge me gavaient.

— Hein ?! Tu ne lui as pas dit ça comme ça quand même ?

— Raaaa si !

— Bah tu m’étonnes qu’il se soit vexé, soupire Jenna. Tu aurais pu amener les choses un peu plus subtilement au lieu d’y aller aussi franco.

— Non mais qu’est-ce que tu crois ? J’ai commencé par faire de discrètes allusions mais comme tu le sais, Pascal ne brille pas toujours par sa finesse et il n’a pas capté. Du coup au bout de vingt bonnes minutes de broute-minou aussi insatisfaisantes que longues, j’ai craqué et je lui ai dit qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure.

Jenna s’étouffe à demi en l’entendant.

— Oh non Di ! Pourquoi tu m’as dit ça ? J’ai l’image en tête maintenant !

— Raaa c’est bon, je suis sûre que Kristian t’en fait aussi… Et j’espère pour toi, même si je n’en doute pas, qu’il s’y prend mieux que Pascal parce que laisse-moi te dire qu’en plus d’être long au démarrage, il n’est pas doué. En plus, comme il ne s’était pas rasé le matin, ça m’a filé des boutons d’irritation.

— C’est vrai que quand le mec ne s’est pas rasé et qu’en plus il se débrouille comme un pied, c’est plus pénible qu’autre chose, reconnaît Jenna. Crois-moi, je compatis d’autant plus que Phil est dans le même cas : à chaque fois qu’il s’aventure à me lécher je dois prendre sur moi pour ne pas le repousser. Dieu merci, il renonce assez vite, contrairement à Pascal.

— Ah tu vois ! triomphe Diana. Imagine qu’il t’inflige ça pendant vingt minutes ! Tu n’aurais pas envie de faire tout ce que tu peux pour qu’il s’arrête ?

— C’est clair ! approuve Jenna. Rien que d’y penser, j’en ai de frissons d’horreur.

— Merci ! Quand je l’ai raconté à Marjo, elle n’a pas compris de quoi je me plaignais. Enfin, elle reconnaît elle-même qu’elle n’est pas tout à fait objective : elle m’a dit qu’elle était tellement en manque de sexe qu’elle en venait à envisager de le faire avec Chouchou !

— Hein ?! Elle est folle ! Ce serait une grossière erreur ! Si elle fait ça, il ne la lâchera plus jamais.

— C’est ce que je lui ai dit aussi… soupire Diana.

— Enfin, c’est elle que ça regarde, elle sait ce qu’elle risque… Sinon, comment ça s’est fini avec Pascal ?

— Bah… il a fait la gueule et s’est couché de son côté en me tournant le dos. Mais, ça s’est arrangé le lendemain matin et pour le coup, il a écourté les préliminaires, se félicite Diana.

— Donc finalement tout va bien ?

— Mmmm tout dépend s’il imprime dans la durée, mitige Diana. Je verrais la prochaine fois qu’il viendra.

— C’est prévu pour quand ?

— Pas avant mercredi. Il est d’astreinte ce week-end et de toute manière j’ai un truc de prévu avec Vanessa. Sinon, il y aura qui jeudi ?

— Pour l’instant, juste Chouchou, soupire Jenna. Je n’ai pas de nouvelles de Tom et Kristian bosse non-stop jusqu’au jeudi. Il m’a dit qu’il allait essayer de s’arranger avec un collègue, mais je ne suis guère optimiste.

— Ah… c’est con pour toi, lance Diana d'un ton négligent.

— Que veux-tu… c’est la vie ! Et elle est moche…

Elles bavardent encore quelques minutes et se promettent de se retrouver le mardi suivant.

***

Lionel et Séverine étant remontés pour fêter première année de la petite Caroline, Phil et Jenna passent le week-end entier à enchaîner les repas de famille. Le samedi chez les parents de Phil, le dimanche chez ceux de Séverine.