Fyctia

Après deux jours passés à empaqueter, Jenna confectionne une tarte au thon à la va-vite. Phil rentre dix minutes avant ses parents et pose un regard critique sur la pièce.

— Tu aurais pu ranger un peu…

— Ranger quoi ? Ce que je viens de mettre dans les cartons ? ironise Jenna.

— Pffff mais qu’est-ce qu’elle est bête ! Ranger les cartons, regarde-moi ça, il y en a partout, déclare-t-il en commençant à les empiler.

— Oui bah, ils sont trop lourds pour moi, rétorque Jenna. Je ne vais pas me détruire le dos pour ranger des cartons.

Le regard de Phil tombe sur la quiche qui attend d’être enfournée.

— Raaa pourquoi tu ne l’as pas encore mise au four ?

— Parce que j’étais occupée à faire tes putains de cartons de merde !

Oups, je l’ai dit à voix haute… oh bah tant pis, il commence à me chauffer là, le Philou. Il ne glande rien et il a encore le culot de se plaindre.

L’arrivée des parents de Phil tue la dispute dans l’œuf.

— Fichtre ! Il y en a des cartons, observe le père de Phil en pénétrant dans l’appartement.

— Bah oui, ça fait trois jours que je fais ça non-stop, réplique Jenna en mettant la quiche au four.

Philippe lui adresse un regard noir tout en proposant un apéro à ses parents. Tout en buvant celui-ci, Phil et son père démontent la grande étagère vidée par Jenna.

— Au fait, Phil nous a dit que Paris t’avait recalée, lance le père de Phil, décidemment en très grande forme.

Jenna grimace à ce délicat rappel.

— C’est bien que tu te sois trouvé un petit boulot, déclare la mère de Phil à Jenna afin d’aplanir les choses.

— Ouais, enfin ce n’est qu’un temps partiel en attendant de trouver mieux, décrète le père de Phil. Maintenant tu vas enfin passer les concours pour rentrer dans la fonction publique.

— Non. Si je bosse au centre, c’est pour avoir une expérience professionnelle à ajouter à mon dossier de candidature pour la rentrée prochaine, clarifie Jenna.

— Pffff. Tu ferais mieux d’essayer de trouver un vrai travail au lieu de t’entêter à faire la fac, professe le père de Phil. Tu ne vas pas glander comme ça toute ta vie. Et puis, une fois que Phil et toi vous aurez un travail stable, vous pourrez vous installer tous les deux. On aimerait bien avoir d’autres petits-enfants assez vite.

— Et moi, je veux avoir mon diplôme, rétorque Jenna.

Phil et son père échangent un regard. Le minuteur sonne opportunément à cet instant et Jenna annonce :

— On peut passer à table.

Le repas se déroule sans incident notable et Jenna laisse échapper un soupir de soulagement lorsque les parents de Phil rentrent chez eux. Elle en a assez de voir toutes ses décisions jugées et critiquées. Ma vie, mes choix, se rappelle-t-elle.