Fyctia

De retour chez Phil, Jen s’installe sur le canapé et consulte son portable. Elsa, Diana et Kristian lui ont envoyés des petits messages d’encouragement et de prompt rétablissement. Un sourire tremblant échappe à Jenna en les lisant et elle s’empresse de leur répondre qu’elle va bien mais qu’elle a un peu mal.

Sa mère l’appelle également. Au grand dam de Phil, Jenna a prévu de repartir le lendemain chez ses parents afin d’y passer sa convalescence. Tandis qu’elle confirme l’heure d’arrivée de son train à sa mère, il se rembrunit. Une fois son appel terminé, il soupire :

— Tu es vraiment obligée de partir demain ? Déjà qu’on ne s’est presque pas vus la semaine dernière…

Fatiguée, Jenna lui confirme :

— Oui, ça sera mieux. Je ne peux manger que liquide et vu la tête que j’ai, je serai aussi bien planquée à la campagne.

— Mais… j’ai prévu du poisson et de la purée pour ce soir, s’alarme Phil.

— Désolée, mais ce n’est pas possible là, j’ai trop mal, je n’arriverai pas à mâcher. Il ne reste pas une petite brique de soupe plutôt ?

— Si, si, je te la fais chauffer ? Tu as faim maintenant ?

— Euh… vu que je n’ai rien bouffé de la journée, oui j’ai la dalle.

Après avoir avalé sa soupe, Jenna file au lit. Elle peine à garder les yeux ouverts et s’endort rapidement.

***

Jenna se réveille plusieurs fois durant la nuit à cause de la douleur. Vers trois heures du matin, elle se lève, à bout de nerfs. Putain, ils attendent quoi pour agir ces foutus analgésiques ? peste-t-elle.

L’air ensommeillé, Phil la rejoint.

— Raaa pourquoi tu ne dors pas ?

— J’ai mal, geint Jenna. Désolée de t’avoir réveillé, c’est justement pour éviter ça que je me suis levée.

— Tu as mal à ce point-là ?

— Devine ? J’ai pris des cachets mais je n’ai pas l’impression qu’ils fassent effet… retourne te coucher, je te rejoindrai quand ça ira mieux.

***

Le lendemain, Jenna gémit en découvrant son reflet dans le miroir. Non seulement, elle est cernée et a une mine de papier mâché mais en plus ses joues ont encore gonflé pendant la nuit.

— On dirait vraiment un hamster là, rit Phil.

Elle lui répond d’un regard mauvais.

— Très drôle… je te rappelle que j’ai super mal, y compris quand je parle, soupire-t-elle. En plus, j’ai mon entretien avec monsieur Dahu tout à l’heure… génial !

— Rooo allez ça va passer, la console Phil.

Jenna secoue la tête. Elle est épuisée par sa nuit agitée et son moral s’en ressent.

***

La réaction de Dahu en la voyant n’arrange pas l’état d’esprit de Jenna.

— Ouch… votre dentiste ne vous a pas loupé… j’espère pour vous que c’est moins douloureux que ça en a l’air.

— Malheureusement non, soupire Jenna en le suivant dans son bureau.

— Alors, pour commencer, j’ai vu avec mon comptable. Votre bulletin de salaire sera prêt pour la fin du mois ainsi que votre chèque.

Super… de mieux en mieux… se décompose Jenna qui comptait sur cet argent.

— En ce qui concerne votre travail de la semaine dernière, je suis très satisfait. Les parents vous ont trouvée agréable, à l’écoute et compétente ; quant aux enfants, ils ont rapporté que vous étiez très gentille. Cela confirme ce que j’ai pu observer, vous avez su faire preuve de patience et je vous ai trouvée minutieuse et attentive au respect des programmes.

Peu habituée à autant de compliments, Jenna cille et sourit autant que ses mâchoires douloureuses le lui permettent.

— Pour l’instant, nous n’avons que Pierre et Anaïs qui terminent leurs deux premières semaines jeudi, poursuit Dahu. Dans l’immédiat, Christine suffit donc pour les séances mais à terme j’aurai besoin d’une seconde assistante. Si cela vous intéresse, le poste est pour vous.

—Oh… s’étonne Jenna. Je… oui… mais je ne peux pas m’engager sur le long terme actuellement. Comme je vous l’ai dit, je suis en attente de réponses pour un troisième cycle sur Paris. En revanche, je suis disponible jusqu’à la mi-octobre si vous avez besoin.

— Oui, je comprends… écoutez Jenna, je vous appelle si j’ai besoin de vous durant les prochaines semaines. De votre côté, tenez-moi informé des suites données à vos dossiers.

***

De retour chez ses parents, Jenna en profite pour faire se chouchouter. Sa mère lui prépare des soupes, de la purée et va jusqu’à passer les aliments plus solides au mixer. Pour résumer, Jenna est comme un coq en pâte !

Diana l’appelle pour prendre de ses nouvelles et aussi…

— Tu ne devineras jamais qui Vanessa a rencontré samedi après-midi sur la « place Duc » ! lance-t-elle d’un ton furibond à Jenna.

— Vu le son de ta voix, j’en ai une petite idée mais vas-y, balance…

— Marjo ! Elle était avec un mec, sûrement ce connard de Yohann. Une présentation à terminer… mon cul !

— Que veux-tu que je te dise… soupire Jenna, d’un ton blasé.

— En plus quand je l’ai eue hier au téléphone, elle a maintenu sa version, peste Diana. Au passage, elle est super vexée que tu n’aies pas répondu à son texto samedi, elle m’a demandé si tu faisais encore la gueule.

— Ah ? Et tu lui as dit quoi ?

— Je n’ai rien répondu.

***

Phil prend également des nouvelles de Jenna.

— J’ai toujours aussi mal, se plaint-elle. Sérieux, je me bourre de cachets mais ça ne passe pas.

— Tu devrais peut-être rappeler le dentiste, suggère Phil. Ce n’est pas normal que tu aies mal comme ça.

— Oui, j’attends encore jusqu’à demain et si ça ne va pas mieux, je lui téléphonerai pour qu’il me prenne en urgence.

— Sinon, j’ai invité les Bretons et Pascal à manger vendredi soir.

Jenna grimace.

— Euh…

— Non, mais je m’occupe de tout ! assure Phil. Et je me disais, tes parents ne sont jamais venus chez moi, on pourrait les inviter dimanche midi.

Mais qu’est-ce qu’il a ?

— OK… je leur propose, répond Jenna, décontenancée.

***

La nuit précédent le retour de Jenna chez Phil est atroce… Elle a de plus en plus mal du côté droit de sa mâchoire et a une infection intestinale en prime. Elle passe sa nuit entre son lit et les toilettes.

Le matin, sa mère lui adresse un regard dubitatif.

— Tu es sûre que tu es en état de reprendre le train ?

— Il le faudra bien, soupire Jenna. Par contre, là je vais appeler mon dentiste parce que ce n’est pas normal que j’ai toujours aussi mal.