Fyctia
Une opportunité P3
— Vous avez fait des stages en foyer de l’enfance, CMP et hôpital de jour, relève monsieur Dahu. J’imagine que vous êtes à l’aise avec les enfants ?
— Tout à fait. J’adore les enfants, ment Jenna sans vergogne. Du reste, voici l’attestation de mon stage à la Maison de l’Enfance où j’ai pu intervenir auprès d’un public de trois mois à dix-huit ans.
Pitié, ne me demande pas les autres, souhaite Jenna tandis que Dahu prend connaissance du rapport élogieux.
— Très bien, annonce-t-il en lui rendant le document. Nous sommes ouverts non-stop, il est très important pour l’efficacité de la méthode que nos jeunes clients fassent deux heures d’écoute chaque jour. Donc, si vous êtes retenue, le contrat durera jusqu’au dimanche premier septembre inclus, est-ce envisageable pour vous ?
— Tout à fait, répète Jenna. J’ai une intervention médicale prévue le deux, mais hormis un rendez-vous avec l’anesthésiste mercredi prochain en fin d’après-midi, je peux m’arranger pour être présente toute la semaine.
Un éclair de soulagement passe dans le regard de l’employeur.
— Vous ne travaillerez que le matin, huit heures-midi.
Jenna reprend :
— Et pour le salaire ?
— Sept euros de l’heure, payé double le dimanche.
Jenna, qui a vraiment besoin d’argent, a les yeux qui brillent à la perspective de tous ces billets.
— D’accord… ce n’est pas ce que j’espérais, mais ça conviendra, lâche-t-elle d’un ton hésitant.
Dahu grimace.
— Sept euros dix ?
— Oui, sourit Jenna d’un air crispé.
Sérieux… qu’est-ce qui m’a pris d’essayer de négocier ?
— En revanche, si vous êtes retenue, il faudra que vous veniez demain matin afin que Christine, mon assistante, vous briefe sur les enfants et ce que vous aurez à faire.
— Aucun problème, assure Jenna.
— Très bien, Jenna. J’ai encore quelques candidates à recevoir. Je vous appelle en fin d’après-midi pour vous tenir informée.
— Parfait. Je vous remercie de m’avoir reçue, monsieur Dahu. Et à demain, j’espère, sourit Jenna en lui serrant la main.
***
Après son entretien, Jenna passe à son appartement en coup de vent. Du courrier l’attend. Notamment une carte postale des KK. Jenna grimace en lisant le « bisous » de Kimberly.
Diana lui téléphone alors qu’elle entre dans son appartement.
— Coucou, ça va ?
Jenna lui résume les derniers événements avant de passer à des choses plus personnelles :
— J’ai eu Marjo, elle ne m’a pas du tout parlé de la résignation. En même temps, elle était pressée parce qu’elle attendait Elsa pour qu’elles descendent toutes les deux à Paris.
— Hein ?! Elle a invité Elsa ?
— De toute évidence, répond négligemment Jenna tout faisant du rangement.
— Putain, je ne le crois pas… Elle m’avait promis que je serais la prochaine à venir chez elle… Elle se fout vraiment de ma gueule.
Oups… la boulette… Quel dommage ! songe cyniquement Jenna. Bah oui, ma chérie, tu croyais quoi ? Qu’elle avait plus de considération pour toi ? Loupé…
— Ah bah c’est Marjo….
— Ouais bah elle commence à me gaver la Marjo ! peste Diana. Je te jure que si elle continue à me prendre pour une conne comme ça, je vais couper les ponts avec elle une bonne fois pour toutes !
Mais oui… Laissant Diana exposer tous ses griefs, Jenna s’allume une cigarette.
— Bref, conclut Diana. Normalement je remonte lundi prochain donc si tu es prise au centre, on se verra.
— OK.
***
La réponse tombe alors que Jenna est dans le train pour retourner chez Phil : elle est retenue et commence le lendemain à neuf heures. Sourire aux lèvres, Jenna raccroche avant de se rembrunir. Elle est ravie d’avoir décroché le poste mais cela signifie qu’elle ne pourra pas aller chez Kristian comme prévu. Cela fait plus d’un mois qu’ils ne se sont pas vus et il lui manque atrocement. Toutefois nécessité fait loi : elle a absolument besoin de ce travail pour renflouer un peu ses finances.
Lorsque Phil la récupère à la gare, elle lui annonce la bonne nouvelle.
— Tu es retenue ?! Mais c’est super ! Tu commences quand ?
— Demain matin, grimace Jenna. Il faut que son assistante me forme avant de partir en vacances.
— Ah oui…il était vraiment dans l’urgence.
Jenna lui lance un regard de biais mais Phil s’abstient d’aller plus loin.
— En tout cas, c’est une bonne nouvelle. Même si c’est du temps partiel et un contrat court, c’est un début. Je t’invite au resto pour fêter ça.
***
Christine, une blonde à la voix douce et aux manières qui le sont tout autant, accueille Jenna avec soulagement.
— Ouf ! Heureusement que tu étais disponible sinon j’ai bien cru que j’allais devoir dire adieu à mes vacances, explique-t-elle. Normalement, nous sommes toujours deux pour nous répartir les jours mais Samira nous a laissé en plan mercredi. Ça ne te dérange pas si on se tutoie au fait ?
— Non, non pas du tout, assure Jenna en souriant.
— Alors tu vas voir, ça n’a rien de très compliqué.
Jenna lance un regard dubitatif à l’armoire contenant une série de lecteurs de cassettes audio lesquels munis de nombreux boutons colorés.
— Euh… si tu le dis.
Patiente, Christine lui montre tous les réglages et Jenna se fait un pense-bête.
— Donc pas de filtres pour les chants grégoriens ?
— Non, jamais ! Maintenant, on va décoder les programmes. Chaque enfant en a un différent, en fonction de son avancée dans la méthode. C’est monsieur Dahu qui les prépare en fonction des tests d’écoute. Notre travail est de le respecter, de nous assurer que les enfants gardent bien leurs casques pendant les deux heures de la séance et qu’ils effectuent les suites logiques préconisées, lance-t-elle en agitant des polycopiés. Nous sommes là pour les encadrer. La méthode n’est pas de la thérapie mais de la pédagogie.
— OK. Et quand ils ont terminé leurs suites logiques, ils font quoi ?
Christine sourit et lui désigne le fond de la salle. Des jeux de société s’entassent sur une étagère ainsi que des livres jeunesse.
— Ce qu’ils veulent. L’important c’est de les occuper et de les stimuler.
L’interphone sonne à cet instant et Christine sourit.
— C’est parti. On n’a que deux enfants en ce moment. Anaïs qui a sept ans — elle, il faut la surveiller elle a tendance à manger la pâte à modeler— et Pierre qui en a neuf. Ce sont de gentils gamins, tu ne devrais pas avoir de problèmes pendant la semaine.
Jenna déglutit tandis que Christine fait les présentations.
— Tu veux mettre les cassettes ? propose Christine. Comme ça, tu pourras t’entraîner tant que je suis encore là.
76 commentaires
Wizzette
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Il y a 9 mois
Jess Swann
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Il y a 9 mois