Fyctia

Diana et Jenna bavardent encore un peu et évoquent Kristian.

— En fait, ce qui me pèse le plus, c’est de ne pas savoir s’il ressent quelque chose pour moi ou si Chouchou a raison et que c’est juste pour le cul, explique Jenna.

— Moi, à ta place, j’attendrais que Kristian me contacte, suggère Diana. Tom n’a pas tort quand il dit que Kris est le roi et que tu lui facilites trop les choses. Comme ça tu verras si tu lui manques.

Une pierre écrase les papillons dans le ventre de Jenna et elle soupire :

— Je doute que ce soit le cas… Et j’ai peur qu’il m’oublie si je ne lui envoie pas de message… en plus, je lui ai promis de lui dire quand je viendrais pour déposer mes dossiers à la fac.

— Justement ! rebondit Diana. Comme il sait que tu dois venir, s’il a vraiment envie de te voir, il t’appellera. Dans le cas contraire… ce sera à toi d’aviser. Franchement, on en a parlé avec Marjo et ça dure depuis trop longtemps. Il faut qu’il se positionne une bonne fois pour toutes ! Il y en a marre qu’il joue avec tes sentiments.

Le moral en berne, Jenna déglutit :

— Je ne sais pas… je vais y réfléchir… le truc c’est qu’il va avoir les résultats de son concours. Si je ne lui demande pas s’il l’a eu, j’ai peur qu’il m’en veuille, tu sais comme il est susceptible.

— Si tu comptes vraiment pour lui, il aura envie de partager la nouvelle — quelle qu’elle soit — avec toi, argue Diana. Franchement, tu fais ce que tu veux mais pour moi, ce serait une bonne idée de te faire un peu désirer. Il faut qu’il comprenne que tu n’es pas à sa disposition.

— OK… ce n’est pas un mauvais conseil, reconnaît Jenna, le cœur serré. Je vais peut-être essayer.

— Oui, parce que là, il est temps que ça bouge un peu ! Sinon, Marjo m’a dit qu’elle remontait sûrement le week-end prochain, elle propose qu’on se fasse un truc. Tu pourras être là ?

— Il faut que je voie avec Phil, mais c’est faisable.

Après quelques minutes de bavardages supplémentaires, elles raccrochent.

***

Phil ne voit aucun inconvénient à ce que Jenna passe le week-end avec ses copines : en effet, l’enterrement de vie de garçon de son copain Luc est prévu pour le samedi.

—Comme ça, on pourra faire la fête entre mecs ! se réjouit-il. Le seul truc qui est con, c’est que Yannick n’est pas invité.

Bah oui mais ce n’est pas parce que c’est ton pote que tu dois le traîner partout…

— En même temps, Luc ne le connaît pas, souligne Jenna.

— Oui. Donc, on se retrouve le dimanche soir ?

Jenna, qui doit passer le reste de la semaine chez ses parents attendu qu’elle entre en période rouge, confirme.

***

Après une semaine chez ses parents à profiter du jardin ensoleillé et des chats, Jenna retrouve la civilisation le vendredi en fin de journée. De retour dans son studio, elle est rapidement rejointe par Diana qui l’attendait avec impatience.

— Alors ? Quoi de neuf ? l’interroge-t-elle. Tu as eu des nouvelles des gens ?

— Non, répond Jenna, le cœur serré.

Les résultats du concours de Kristian sont normalement tombés dans la journée et elle n’a eu aucun message de sa part…

Les deux amies bavardent autour d’un thé tout en attendant l’arrivée de Marjo. Les heures défilent… Vers vingt et une heures, Marjo téléphone à Jenna.

— Salut ! Tu es avec Diana ?

— Oui, on est chez moi et on t’attend. Tu seras là vers quelle heure ?

— Ah euh… justement, c’est pour ça que j’appelle… en fait, ça ne va pas être possible pour ce week-end : Vivi vient me rendre visite donc du coup je reste à Paris.

La mine de Jenna s’allonge et elle répète lentement pour le bénéfice de Diana.

— Donc tu ne viens pas parce que Vivi a décidé de venir te voir ce week-end.

Diana se raidit en l’entendant.

— Putain, je ne le crois pas, siffle-t-elle. Elle nous prend vraiment pour des connes !

Mâchoires serrées, Jenna répond à Marjo qui continue à se justifier, expliquant que Vivi n’a pas le moral.

— Non mais c’est bon Marjo, tu fais comme tu veux.

— Je suis désolée… mais elle est vraiment déprimée et elle a besoin de se changer les idées.

— Bien sûr, déclare Jenna d’une voix onctueuse.

— Sinon, je serai en vacances du dix au quinze août, ça serait bien que vous vous arrangiez pour être là !

Non mais elle se prend pour qui ? Elle croit qu’on est à son service ou quoi ? fulmine Jenna.

— On verra, ça dépendra de notre emploi du temps, répond Jenna avec froideur.

Marjo déglutit.

— Euh… sinon, tu ne dois pas venir pour déposer tes dossiers dans les facs ? Il faut que tu me dises quand, l’idéal ça serait que tu puisses rester le week-end comme ça on se fera une petite soirée !

Vas-y, sors les rames…

— Je pense descendre pendant que Phil sera en vacances avec ses potes, donc pour la mi-juillet. En ce qui concerne le week-end, ça dépendra.

— OK… bah tu me diras… je… vais vous laisser du coup, je dois aller chercher Vivi à la gare.

— On va faire comme ça. Passe un bon week-end avec Vivi, salut.

Après avoir raccroché, Jenna se tourne vers Diana et elles échangent un regard éloquent :

— Non mais j’hallucine ! explose Diana.

— Elle nous prend vraiment pour ses bouche-trous, complète Jenna.

Les deux amies passent le reste de la soirée à remâcher leur rancœur et il va sans dire que les oreilles de Marjo et de Vivi sifflent !

***

En dépit de leur déception, Jenna et Diana ne se laissent pas abattre et décident de profiter de leur week-end entre filles. Après tout, qui a dit qu’elles avaient besoin de Marjo pour s’amuser ? Elles s’offrent une virée shopping, vont boire un cocktail en terrasse et se font copieusement draguer. Autant dire que lorsqu’elles rentrent à leur résidence en fin d’après-midi, elles affichent de larges sourires.

Désireuses de prolonger cette excellente journée, elles filent s’acheter une bouteille de porto et de quoi préparer une salade estivale.

Elles s’attèlent à la préparation de celle-ci tout en sifflant leur porto et passent la soirée à échafauder mille et un scénarios au prétexte de leur jeu favori du « imagine ».

***

Après son week-end avec Diana, Jenna repart chez Phil le dimanche soir. Tandis qu’elle est dans le train, celui-ci lui envoie un texto.

• Mal aux cheveux, je suis sur la route, j’aurai un peu de retard pour venir te chercher à la gare.

Au moins, il a prévenu… et puis il fait beau… je vais m’installer sur le parvis au soleil, décide Jenna qui est trop lourdement chargée pour aller à pied jusqu’à chez lui.