Fyctia

Diana et Jenna sont réveillées en sursaut par la sonnerie du portable de Jenna. Celle-ci jette un œil au radio-réveil.

— Putain ! Qui c’est le con qui m’appelle à cette heure-ci ? peste-t-elle en tâtonnant sur la table basse à la recherche de son téléphone.

— Je ne sais pas mais ça pique là, gémit Diana.

Ayant trouvé son téléphone, Jenna décroche avec un « allo » très sec.

— Saluuuuuuuuuuuut ! Alors comment ça s’est fini votre soirée avec Tom ?

— Pfff non mais sérieux Marjo, il est huit heures du mat’ ! s’agace Jenna.

— Oups… je te réveille ?

— À ton avis ?! Je suis chez Di là, Tom est parti à quatre du matin et on a encore discuté avant de se coucher.

— Putain, elle fait chier, marmonne Diana en rabattant la couette sur sa tête.

Marjo émet un petit soupir.

— Je suis vraiment désolée, je n’y ai pas pensé. Tom, il vous a parlé de quoi ?

— D’un tas de trucs, bâille Jenna. Écoute Marjo, là je suis claquée. On peut se rappeler plus tard ?

— Si tu insistes… soupire Marjo. C’est juste que ce soir, j’ai un truc de prévu alors je ne pourrai pas t’appeler avant demain. Enfin tant pis, bonne nuit alors.

— C’est ça, merci, maugréé Jenna avant de raccrocher.

Diana gémit :

— Non mais elle a pété un câble ou quoi ? Qu’est-ce qui lui prend d’appeler aussi tôt.

— Devine ? Elle voulait que je lui fasse mon rapport sur la soirée enfin sur Tom.

— Bon courage, je ne voudrais pas être à ta place…

— En vrai, je ne suis pas sûre de lui raconter. Après tout, elle aussi elle a ses petits secrets, grince Jenna. Penses-tu qu’elle me parlerait de ce qu’elle fait avec sa nouvelle copine !

— Ouch… j’ai perdu une occasion de me taire, moi, soupire Diana.

Après quelques bavardages supplémentaires, elles se rendorment.

***

Diana et Jenna se lèvent finalement vers seize heures du matin. Phil envoie un texto à Jenna moins d’une heure plus tard.

• J’ai eu mon concours !!!

Jenna sourit en le lisant et partage la nouvelle avec Diana avant de composer un texto de félicitations pour Phil.

— Tu ne l’appelles pas ? s’étonne Diana.

— Non, s’il avait voulu me parler, il m’aurait téléphoné. De toute façon, on se voit demain soir.

— Votre manière de communiquer m’épatera toujours, rit Diana.

— Désolée, on n’est pas fusionnels, on n’est pas fusionnels, rétorque Jenna.

Pendant le petit-déjeuner, elles évoquent le cas Marjo/Thomas. Revenue à de meilleurs sentiments, Jenna cherche un moyen de présenter les choses à son amie. Diana plussoie :

— Il va falloir lui annoncer avec délicatesse…

— Allons, tu me connais !

— C’est justement ça qui m’inquiète, soupire Diana.

Une moue boudeuse aux lèvres, Jenna secoue la tête.

— Oui bah je fais comme je peux.

Elles passent le reste de la journée à comater dans le canapé de Diana en regardant la télé.

***

Marjo appelle Jenna tandis que celle-ci est dans le train pour rentrer chez Phil.

— Je viens d’avoir Diana… annonce Marjo. Elle m’a dit qu’elle avait fait la boulette de te dire que j’avais passé l’après-midi avec Kimberly. Écoute, je suis désolée de ne pas t’en avoir parlé. Si je ne l’ai pas fait, c’est parce que j’avais peur que tu le prennes mal.

— Je ne vois pas pourquoi, grince Jenna. Alors du coup, c’était bien ?

— Euh … oui sympa.

Devant cette réponse évasive, Jenna insiste.

— Mais encore ? Vous avez fait quoi ?

— Rien de spécial. On n’a même pas parlé de Kris, assure Marjo d’un ton fuyant.

Mais bien sûr… Kimberly se vante H24 de son couple idyllique et du fait que Kristian va finir par céder et lui passer la bague au doigt mais pas là ? Prends-moi encore plus pour une conne ! Dis directement que tu ne veux pas me le dire, ce sera plus franc.

— Vraiment ?! Alors là c’est… stupéfiant ! ironise Jenna. Je suis sur le cul ! Kimberly ne pas parler de Kristian ?! Elle est malade ?

— Euh… non mais en fait on a plus parlé du taf, tente Marjo. Par contre, tant que j’y pense, tu lui as parlé de tes problèmes avec Phil ?

— À Kimberly ?! Absolument pas, je ne lui parle que du strict minimum. Par contre, c’est vrai qu’on en a parlé avec Kris quand elle était là, pourquoi ?

— Parce qu’elle se pose des questions ! Sérieux, Jen vous pourriez faire un peu plus attention avec Kris ! Vous exagérez, ce que vous faites n’est pas bien. Si vous tenez à ce point-là à être ensemble faites-le une bonne fois pour toutes mais arrêtez de prendre les gens pour des cons.

Jenna se crispe.

— Écoute Marjo. Je fais comme je peux. Tu sais très bien que si ça ne dépendait que de moi, les choses seraient différentes mais ça n’est pas le cas.

— Il n’empêche que ce n’est pas bien. À quoi bon continuer votre liaison si ce n’est pas pour vous mettre ensemble au bout du compte ? Quand je pense qu’il a osé t’emmener chez ses parents !

Sinon, à part ça, ta nouvelle copine n’a pas du tout parlé de Kris…

La moutarde commence à monter sérieusement au nez de Jenna tandis que Marjo poursuit son discours moralisateur et elle prend sur elle pour garder son calme.

— Sinon, tu veux savoir ce que Tom nous a dit ou pas ? lâche-t-elle à la faveur d’une reprise de respiration de Marjo.

Oubliant immédiatement Kristian et Jenna, Marjo confirme. Jenna soupire :

— Par contre, je te préviens, ça ne va pas te plaire…

— Ah… souffle Marjo d’une voix blanche.

— En fait, Tom ne réussit pas à se projeter dans une relation car il est toujours amoureux de Nathalie.

— Hein ?! couine Marjo. Mais ce n’est pas possible ! Cette histoire date de Jérusalem ! C’était même avant qu’il sorte avec toi.

— Tout le monde n’est pas capable d’arrêter d’aimer quelqu’un en appuyant sur un bouton, persifle Jenna. Quand on a quelqu’un dans la peau, c’est dur de s’en défaire. Du coup, Tom n’arrive à se voir que dans une union libre.

Marjo garde le silence pendant quelques secondes, puis :

— Mais il peut tomber amoureux d’une nouvelle personne et puis je ne lui demande pas de s’engager avec moi à vie, juste qu’on réessaie… Je ne comprends pas pourquoi il ne veut pas.

— Parce que toi tu veux trop, lui assène Jenna. Je suis désolée, mais il n’y a pas cent cinquante façons de le dire. Si Tom ne veut pas aller plus loin avec toi, c’est parce qu’il sait qu’il ne te verra jamais autrement que comme une amie et qu’il n’a pas envie de te faire de la peine.

Marjo déglutit.

— Pour la délicatesse on repassera… OK. Donc en gros, tu me dis que c’est définitivement mort avec lui.

— J’en ai bien l’impression… il ne veut pas risquer de gâcher votre amitié pour une histoire vouée à l’échec. Je suis désolée pour toi Marjo.

— Bien… au moins maintenant, je sais ce qu’il en est, soupire tristement Marjo. Merci de me l’avoir dit.

— Ça va aller ? s’inquiète Jenna devant l’abattement que Marjo peine à masquer.

— Oui, oui… ne t’en fais pas. Je vais te laisser, j’ai une soirée prévue avec Hortense et les autres filles et il faut encore que je prenne ma douche. On s’appelle la semaine prochaine, bisous.