Fyctia
Réveil des consciences P4
Le match commence, Kristian est totalement saoul. Regardant le foot d’un œil distrait, il évoque Kimberly :
— J’ai de vrais sentiments pour elle. Ça ne paraît pas comme ça, mais si elle me quittait, je ne le montrerais pas mais je serais malheureux.
L’appétit coupé et les papillons foudroyés en plein vol, Jenna repose sa fourchette. Pourquoi faut-il qu’il aborde ce sujet maintenant ? Et en plus devant l’un de ses amis qui n’ignore visiblement pas la nature de leur relation ! Est-ce qu’il veut lui faire passer un message et profite de la présence d’une tierce personne pour s’éviter une potentielle scène ? Son désarroi est tel qu’elle ne prête aucune attention à la réponse de Jean-Luc. Les yeux dans le vide, Kristian reprend :
— Si elle savait tout ce que j’ai fait, elle serait folle, soupire-t-il. Je me suis comporté comme un salaud, un fumier…
On dirait que Kristian a une conscience finalement… mais est-ce vraiment le moment opportun pour en faire l’examen ?
Dans le ventre de Jenna, les cadavres aux ailes chatoyantes s’amoncellent. Cependant, fidèle à ses habitudes, elle masque sa blessure derrière un sourire de façade. Le regard dur et le ton acide, elle assène à Kristian :
— Tu sais, même maintenant si Kimberly savait ce que tu fais, tu serais mal. Si tu as si peur de la perdre à ce point et si tu l'aimes vraiment, arrête tout et consacre-toi à elle. Ou alors tu continues à faire ce que tu fais en t'exposant au danger de tout perdre mais c’est à tes risques et périls.
Le cœur de Jenna cogne douloureusement dans sa poitrine. Les papillons agonisants la supplient alors qu’elle met le marché dans les mains de Kristian et lui donne l’opportunité de se débarrasser d’elle. Ce n’était pas ainsi qu’elle avait imaginé cette conversation qu’elle a pourtant appelé de ses vœux. Toutefois, elle ne peut pas reculer et faire semblant de n’avoir rien entendu. L’air réellement affligé, Kristian plonge son regard dans le sien.
— Je ne peux pas arrêter. J’en suis incapable. Je tiens trop à l’autre fille pour la quitter. Je suis accro à elle.Je ne peux pas m’en passer. Je ne peux vraiment pas.
Perdue, Jenna sonde ses prunelles sombres. Kristian paraît sincère mais elle ne comprend pas ce qu’il attend d’elle. Que ce soit elle qui mette un arrêt définitif à leur relation ? Elle en est tout autant incapable que lui ! Elle n’arrive même pas à rompre avec un mec qu’elle n’aime plus alors si elle est amoureuse comme elle l’est de Kristian, c’est mission impossible !
— Je suis un fumier… répète Kristian d’un ton triste en se servant un autre verre.
Oubliant totalement Jean-Luc et le match, Jenna soupire :
— C’est à toi de choisir ce que tu veux vraiment. Personne ne peut décider pour toi et surtout pas moi.Après tout, je ne suis qu’une gonzesse parmi d’autres, ironise-t-elle.
Son cœur bat à coups redoublés alors qu’elle s’ouvre et partage de manière détournée ses angoisses.
Kristian ferme brièvement les yeux, tendu, avant de reprendre, ses iris sombres cherchant à capturer les glaciers de Jenna.
— Quand on s’est rencontré au B, tu m’as tout de suite tapé dans l’œil. C’est vrai qu’au début, j’étais intéressé par Marjo mais dès que je t’ai vue… Je… tu m’as plu de malade. Je pensais que jamais une fille aussi jolie et intelligente que toi s’intéresserait à moi.
Stupéfaite, Jenna le fixe.
— Mais oui… raison pour laquelle tu es sorti avec tout ce qui bougeait et portait une jupe, ricane-t-elle.
— J’étais jeune, explique Kristian. Il y avait plein de filles qui me couraient après et je trouvais ça flatteur. Et puis, j’avais peur de m’attacher et de me retrouver piégé.
Mais oui… toujours la même rengaine…
— Ton vrai problème, c’est que tu es un menteur invétéré, grince Jenna. Si à l’époque, au lieu de jouer les princes charmants alors que tu n’es que de la poudre aux yeux, tu avais dit ou au moins reconnu que tu avais une copine, beaucoup moins de filles se seraient amourachées de toi. Moi la première.
Une petite lueur s’allume dans les yeux de Kristian et il se penche vers elle.
— Justement c’est bien pour ça que je ne l’ai pas dit et surtout pas à toi ! Avoue que ça aurait été moins drôle si je l’avais fait…
Ulcérée, Jenna serre les dents. Drôle ? Il trouve ça drôle alors qu’il m’a pratiquement brisé le cœur ?
— J’imagine que nous n’avons pas le même sens de l’humour, lâche-t-elle. Perso, ça ne m’a jamais amusée de te voir te taper tout ce qui passait.
— Raaa tout de suite ! rit Kristian dont les remords sont visiblement de courte durée. Si j’avais voulu, j’aurais pu en profiter encore plus avec beaucoup des filles avec qui je suis sorti.
En dépit de la douleur lancinante qui serre son cœur blessé, Jenna ironise à nouveau :
— Oh… mon pauvre petit Kris, quel dommage que tu n’en aies pas baisé encore plus !
— Raaa il y a corner là ! râle Jean-Luc dans l’indifférence générale.
— Je n’ai jamais été comme ça, proteste Kristian. Les filles avec lesquelles j’ai couché, c’était parce que je ressentais vraiment quelque chose pour elles. Sauf quand j’étais bourré, admet-il dans un rire.
— Sachant que tu l’étais tout le temps, c’est très rassurant…
— Pas tout le temps et pas avec toutes, lui rappelle Kristian en la fixant.
— Mais oui…" paroles et paroles, toujours et encore des paroles", chante Jenna, échauffée elle aussi par les nombreux verres bus. Je te rappelle que tu ne m’as pas parlé pendant des mois juste à cause d’une blague malheureuse. Belle preuve de ton « attachement » !
— — Je ne pouvais pas te parler pour des tas de raisons, lâche Kristian. Mais pour résumer, j’étais avec Kimberly et je sentais que j’étais en train d’attraper des sentiments. J’avais peur d’être piégé et j’ai trouvé ça plus simple de t’ignorer.
Le ventre de Jenna se tord douloureusement. C’est tellement injuste, je n’ai jamais eu ma chance pour une histoire de timing ? Il se fout de moi ou je suis maudite ? De nouveau elle masque ses sentiments derrière une barrière d’indifférence blasée et un poil cynique :
— Oh bah oui tiens, tellement pratique. Et peu importe que je m’en rende malade ! Ah ça, je la sens bien là, ta pseudo affection pour moi ! J’étais malheureuse comme les pierres et tu le savais. Pourtant tu n’as pas daigné accepter les perches que tout le monde te tendait.
— Tu étais triste mais ça ne t’a pas empêchée de sortir avec Tom puis avec Philippe, contre-attaque Kristian.
— Et alors ? Tu espérais quoi ? Que je me fasse nonne dans l’attente que tu reviennes alors que tu étais déjà avec « précieuse Kimberly » même si tu niais son existence ? Et puis quoi encore ?! Cent balles et un Mars ? L’espoir fait vivre, l’attente fait mourir ! s’enflamme Jenna.
Note de l'auteure : aussi bancal que ce soit... ils parlent ... Fyctia obligeant, la suite demain !
118 commentaires
Wizzette
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Il y a 10 mois
Jess Swann
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Il y a 10 mois
La Plume d'Ellen
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Il y a un an
Jess Swann
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Il y a un an
catgirl
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Il y a un an
catgirl
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Il y a un an