Fyctia
Reviens-y ou pas P2
Très en verve, Pascal poursuit la discussion et tente de justifier son célibat persistant.
— Le truc, c’est que tu avais raison tout à l’heure. Contrairement à Ben ou Mike, je suis super exigeant. Je n’ai pas envie de sortir avec la première fille qui passe. En fait, mon idéal féminin, c’est Emmanuelle Béart.
Oups… Diana est certes mince, mais elle est brune aux yeux sombres… Tout le contraire de la blonde aux yeux clairs qui fait fantasmer Pascal. Ce dernier, toujours focalisé sur la comédienne, poursuit :
— Jusqu’ici, je n’ai trouvé que quatre filles mieux qu’elle. Deux avec qui je suis sorti, une que je voudrais avoir et une que je n’aurai jamais.
Tandis qu’il parle, il semble à Jenna que le regard de Pascal s’appesantit brièvement sur elle et elle se lève, brusquement mal à l’aise.
— Désolée, je vais danser, j’adore cette chanson ! prétexte-t-elle.
Jenna danse avec l’un des participants à la soirée puis Philippe se rappelle de son existence et se dandine contre elle. Comme à l’accoutumée, ils manquent de coordination et d’harmonie. Jenna prend sur elle pour ne pas s’écarter de lui. Heureusement pour elle, le DJ lance ensuite la série de slows. Au moins quelque chose qu’ils arrivent à danser correctement !
Esseulé, Pascal rejoint Thierry qui est en pleine entreprise de drague. Au bout de quelques minutes de conversation, la fille adresse une moue dégoûtée à Thierry et le plante là. Furieux, Thierry se tourne vers Pascal :
— Mais pourquoi tu lui as dit ça ?! Tu m’as cassé mon coup !
— Pff de toute manière ça n’aurait pas marché avec elle, rétorque Pascal avec acidité.
— Tu fais chier, tu es vraiment un connard ! s’énerve Thierry en le plantant là.
Les slows terminés, Phil déserte Jenna pour rejoindre Benoît et les deux compères se font offrir un verre par le patron de la boîte. De plus en plus saoul, Pascal rejoint Jenna.
— Ferme les yeux, lui suggère-t-il.
— Hein ?!
— Fais-le, c’est juste une petite expérience.
Perplexe, Jenna s’exécute. Un ricanement échappe à Pascal et il lui lance :
— Si ce n’est pas Philippe que tu vois, c’est dommage.
Mal à l’aise, Jenna évite son regard. Le premier visage qui lui est venu à l’esprit est celui de Kristian. Pascal s’aperçoit de son trouble et enfonce le clou :
— Phil n’imagine pas sa vie sans toi.
Mais qu’est-ce qu’il cherche à la longue ? À me faire culpabiliser ?
— Tu dois quand même l’aimer pour rester avec lui malgré toutes ses tares, insiste Pascal.
Pour toute réponse, Jenna hausse les épaules.
— Oui, bien sûr, affirme-t-elle d’un ton manquant de conviction.
Pascal la fixe et la pousse dans ses retranchements :
— Qu’est-ce que tu veux vraiment ?
Rendue imprudente par l’alcool qu’elle a ingurgité, Jenna lâche :
— Ce que je veux, je ne peux pas l’avoir.
— Qui sait ? rétorque Pascal.
Consciente d’en avoir trop dit et de s’être engagée sur un terrain plus que glissant, Jenna prétexte une envie pressante pour se sortir du mauvais pas dans lequel elle s’est fourrée.
Lorsqu’elle sort des toilettes, Jenna évite Pascal. Ce faisant, elle tombe nez à nez avec le DJ qui a terminé son travail. L’occasion de satisfaire sa curiosité est trop belle.
— Excuse-moi, tu t’appelles Xavier ?
Le brun trapu confirme et Jenna poursuit :
— Ton pseudo c’est Houdini ?
— Oui, pourquoi ? Tu es sur le chat aussi ?
— Non, je suis une copine de Cerise et une connaissance de Juliette, explique Jenna. Elles m’ont dit que tu bossais de temps en temps ici et j’avoue que j’étais curieuse.
Un grand sourire éclaire le visage de Xavier et il lui tend sa carte de visite.
— Dans ce cas, on va sûrement se revoir, n’hésite pas à m’envoyer des textos.
Tout en parlant, il fait signe au barman.
— Je suis désolé, s’excuse-t-il auprès de Jenna. Mes potes m’attendent pour me ramener, mais commande le cocktail que tu veux, c’est pour moi.
— Merci, c’est gentil, déclare Jenna un peu décontenancée.
Xavier lui fait quatre bises.
— Textote-moi ! lance-t-il avant de partir.
Jenna hausse les épaules et commande un gin-fizz. Puisque c’est offert, elle ne va pas cracher dessus. Au bout d’un moment, le patron de la boîte rappelle le petit groupe à l’ordre.
— Je vous laisse finir vos verres mais normalement vous devriez déjà être partis, on est fermés depuis dix minutes.
Ils se dépêchent de terminer leurs boissons, puis Phil qui habite à deux pas de la boîte invite tout le monde à boire le café chez lui, une tradition qu’il a empruntée à Jenna.
Vers six heures du matin, les derniers fêtards partent enfin. Seul Thierry reste chez Phil qui l’héberge même si Pascal n’est clairement pas en état de reprendre le volant. Phil tente de le retenir mais Pascal l’envoie au diable sans douceur et Phil s’agace :
— OK comme tu veux ! Mais s’il t’arrive un truc, tu ne viendras pas te plaindre.
***
Ils se lèvent tard le dimanche et après avoir déjeuné Thierry propose de faire une partie de son jeu favori. Résignée, Jenna fait son possible pour perdre le plus rapidement possible et laisse Phil et Thierry s’exciter sur le plateau. Lorsque Phil ramène Thierry à la gare vers dix-neuf heures, elle pousse un soupir de soulagement. Elle aime bien Thierry mais elle en a marre de passer ses dimanche après-midi à jouer au Risk dès qu’il est là.
Ils terminent le week-end en regardant le film du dimanche soir puis se mettent au lit. Une fois allongé, Philippe ne fait pas de mystère de ses intentions mais Jenna le repousse.
— Je suis fatiguée, je n’ai pas envie de faire des galipettes, déclare-t-elle avec franchise.
— Pfff ! répond Philippe avant de lui tourner le dos, faisant ouvertement la tête.
Non mais c’est bon, je me force déjà assez comme ça ! J’ai quand même le droit d’être fatiguée, s’agace Jenna en lui tournant le dos elle aussi.
***
Le compte en banque de Jenna est au plus bas. Elle n’a même plus de quoi payer ses cigarettes et, sa banque étant fermée le lundi, elle ne peut faire un virement depuis son compte. Le lundi midi, elle demande à Philippe de lui avancer cinq euros pour acheter des cigarettes.
— Mmmm pas de problème. Mais, je compte sur un remboursement en nature sous la couette, ajoute-t-il en riant.
Jenna se crispe. Certes, Philippe l’a dit sur le ton de la plaisanterie toutefois elle ne peut s’empêcher de penser que tout se paye dans la vie.
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