Fyctia
Bonheur conjugal P3
Une fois installés devant leurs tasses fumantes et une cigarette à la main, ils reprennent la conversation amicale commencée un peu plus tôt. Kristian a visiblement besoin de vider son sac et évoque tout ce qui lui déplaît dans son existence parisienne.
— Kimberly est sans arrêt sur mon dos, elle m’étouffe et je n’en peux plus de son bordel et de toutes ses collections. Il y a des miniatures de parfum partout et moi j’en ai marre de devoir faire attention à ne surtout pas en faire tomber une. En plus, elle ne fait rien dans l’appart et j’en ai ras le bol de passer mon temps à nettoyer et ranger. Je te jure, la dernière fois je rentre du boulot après une nocturne et je bloque dans le couloir. C’était tellement sale que ça m’a gavé et que j’ai lavé avant d’aller me coucher.
— Ah ça, je connais, soupire Jenna. Phil est le roi du bordel, ça me gonfle puissance dix !
— Kimberly va au taf, elle rentre, elle s’assoit et elle regarde Les feux de l’amour, poursuit Kristian. Le week-end quand je ne bosse pas, il faut qu’on aille voir ses parents. Je veux dire, ils sont gentils mais j’aimerais bien pouvoir faire d’autres trucs. Mais non, il faut que je l’accompagne ! Et quand je retourne chez moi, elle vient aussi.
— Moi là-dessus je suis tranquille, Phil ne supporte pas mes parents et les chats donc quand j’y vais, il reste chez lui la plupart du temps. Ça me permet de prendre l’air. Et si j’ai de la chance, j’enchaîne en revenant ici. En vrai, je te prie de croire que je ne suis pas pressée qu’on vive ensemble.
— Tu as bien raison, la miss. De toute façon, Phil n’est pas fait pour toi, tranche Kristian.
Alors que Princesse Kimberly est celle qu’il te faut peut-être ? Sérieux vu tout ce que j’entends depuis tout à l’heure, je me demande ce que tu fous avec elle. Les mots brûlent les lèvres de Jenna toutefois elle ne les prononce pas. Kristian continue d’exprimer ses plaintes.
— Elle, elle veut avoir une vie de petit couple marié, grimace-t-il. Elle n’arrête pas de me foutre la pression pour qu’on ait un enfant même si je lui ai dit et redit que je ne suis pas prêt ! Mais non, elle n’écoute pas et me gave non-stop avec ça !
— Je connais ça…
La conversation continue, Jenna laisse Kristian s’épancher, notant qu’il n’emploie jamais le « nous », privilégiant le « elle » et le « moi ».
— Je suis content quand on me propose de travailler le week-end, explique Kristian. Comme ça, pendant qu’elle est à l’appart, moi je suis ailleurs. Et la semaine, comme elle bosse, je suis tranquille jusqu’à cinq heures.
Jenna glousse.
— Sérieux, j’ai l’impression de m’entendre !
Kristian soupire lourdement.
— Désolé de te gonfler avec ça la miss… c’est juste que ça me fait du bien de ne pas l’avoir sur le dos pendant deux jours et de pouvoir être moi. Après, elle est gentille… je ne peux pas dire le contraire. Et elle, elle est amoureuse de moi, mais le fait qu’elle insiste autant pour qu’on se marie et qu’on fasse un gosse me saoule. Elle m’étouffe. En plus, elle n’a pas de copines donc dès que je ne bosse pas, il faut tout le temps que je reste avec elle. Moi, j’aimerais bien voir mes potes de Paris sans elle. Je te dis, les seuls moments où je suis tranquille c’est quand je viens ici.
Le téléphone de Jenna sonne à cet instant et elle décroche. C’est Marjo.
— Coucou, je ne vous dérange pas ?
— Non on boit le café en bavardant.
— Ah cool ! Je suis avec Diana, on peut passer ?
Jenna lui confirme qu’elles sont les bienvenues et moins de deux minutes plus tard, les filles — qui étaient dans l’appartement de Diana — frappent à la porte.
Après avoir échangé des nouvelles, ils s’offrent une petite bière et entament une partie de belote. Au désespoir de Jenna, elle n’a absolument aucune bonne carte durant la partie. Alors qu’elle pose un énième sept, Kristian lève les yeux au ciel.
— Ma partenaire, elle ne sert à rien ! s’agace-t-il.
— Je n’ai aucun jeu, ce n’est pas de ma faute si j’ai la poisse, rétorque Jenna d’un ton plaintif.
— Tss Cosette… allez ce n’est pas grave va. Malheureuse au jeu…
— Malheureuse au jeu, terminent-ils tous les quatre avec un bel ensemble.
L’heure tournant, ils décident d’aller faire les courses pour la soirée, Thomas et Ludo devant les rejoindre pour dix-neuf heures.
Jenna passe vite fait à la salle de bain pour se recoiffer avant de sortir, son petit interlude avec Kristian ayant mis à mal son chignon. Une grimace lui échappe à la vue de son reflet.
— Raaa, j’ai une sale tête ! s’agace-t-elle.
Kristian se tourne vers Marjo et Diana.
— Oh oui, un vrai laideron, plaisante-t-il.
— Ce que tu peux être méchant ! lui lance Jenna. Je t’ai entendu, je te signale.
— Ma pauvre petite Cosette.
Marjo laisse échapper un soupir blasé tandis que Jenna sort de la salle de bain en affectant une mine boudeuse.
— De toute façon tu m’énerves, conclut-elle, faisant éclater de rire Kristian.
***
Les courses faites dans la bonne humeur, ils rentrent chez Jenna pour prendre l’apéro. Les verres sont à peine disposés sur la table que Thomas arrive, tout sourire.
— Ah tu as senti l’appel du sky ! lui lance Kristian.
Ludo, armé d’un magnum de champagne, sonne à son tour.
— Je l’aime bien, lui, rit Kristian.
La soirée prend bien et l’ambiance est à la plaisanterie. Kristian et Jenna échangent régulièrement des petits coups d’œil et, à la faveur d’un changement de place de Thomas, Jenna le rejoint sur sa chauffeuse.
— Ça va mon petit cœur ? lui demande-t-elle en riant.
— Tu te souviens que c’est comme ça qu’Hélène m’appelait ? lui glisse Kristian.
Merde ! Jenna avait totalement oublié mais une chose est sûre, elle ne l’appellera plus jamais ainsi ! En dépit de ce petit couac, l’ambiance est bonne et Thomas est d’humeur câline, flirtant ouvertement avec les trois filles dès que l’occasion s’en présente. Au bout d’un moment, ils évoquent les souvenirs des fêtes passées. Jenna se crispe alors que Tom lâche le nom de Droopy. Putain, quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre !
Cependant, la chose est logique, elle-même ayant des albums photos remplis de clichés de Droopy, souvenirs des fiestas des années précédentes. De toute manière, ce n’est pas en évitant le sujet jusqu’à la fin de ma vie que ça changera quelque chose, se rappelle-t-elle.
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Christellaa
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Il y a un an
Jess Swann
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Il y a un an
La Plume d'Ellen
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Il y a un an
Jess Swann
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Il y a un an
catgirl
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Il y a un an