Fyctia
Petites confidences P4
Diana et Jenna n’ont pas décoléré le lendemain. Elles boivent thé sur thé tout en remâchant la vanité de Paul et l’attitude odieuse de Thomas. Diana devant ayant cours toute l’après-midi, Jenna en profite pour téléphoner à Kristian comme promis. Confortablement installée sur son canapé, un coussin calé dans le dos et un thé fumant devant elle, Jenna sourit lorsqu’il décroche à la seconde sonnerie. Après avoir échangé les politesses d’usage, ils se donnent des nouvelles.
— Je repasse mon concours de la police lundi, annonce Kristian. J’espère que ça ira. En plus, j’ai un problème avec ma voiture, je dois l’emmener en réparation demain.
— Mince ! Je te souhaite que ça ne soit pas trop grave. Et que tu as bossé pour ton concours.
— On verra… Comme je dis toujours, carpe diem. Et toi quoi de neuf ?
Jenna lui raconte la soirée en demi-teinte de la veille, insistant sur Thomas :
— J’ai l’impression qu’il ne va pas très fort.
— Je vais essayer de lui parler quand je viendrai la semaine prochaine, assure Kristian. Et ce week-end, je ne fais rien. Kimberly avait envie qu’on se fasse une soirée sur Paname mais ce sera sans moi. Je veux me reposer pour être en forme mercredi.
Les joues de Jenna s’empourprent et elle sourit bêtement devant cette affirmation.
— Ah oui ? Une raison particulière ?
— Mmm, vu que tu es une petite gourmande, il faut que j’assure.
— Tu exagères là ! À t’entendre, on croirait que je suis une folle du sexe, proteste Jenna.
— Je n’ai pas dit ça mais quand même… tu es gourmande, rit Kristian.
— Comme si toi, tu ne l’étais pas !
— Ah mais je n’ai jamais dit le contraire. En tout cas, j’ai trop hâte d’y être. Je me suis arrangé pour pouvoir arriver tôt.
— Euh… tu fais bien de me le dire parce que je rentre mercredi de chez Phil. Je ne serai pas là avant le milieu de matinée.
— Tu n’auras qu’à m’envoyer l’heure à laquelle tu arrives et je viendrai te chercher à la gare, promet Kristian.
Ils bavardent encore quelques minutes puis raccrochent, se déclarant tous les deux impatients d’être à la semaine suivante.
Désireuse de bavarder, Jenna prend ensuite des nouvelles d’Igor et de Mathilda. Elle s’entretient d’abord avec Igor dont le moral est au plus bas. Il n’a reçu aucune réponse à ses candidatures et se remet sérieusement en question.
— Je ne suis qu’une merde… affirme-t-il. Avant-hier, j’ai laissé s’échappé un des bichons de la grand-mère de Mathilda. Même m’occuper d’un chien c’est au-dessus de mes compétences.
— Oh Igor… ne dis pas ça… Ce n’est pas parce que tu n’as pas eu ton diplôme que tu ne vaux rien. Sinon, c’est mon cas aussi.
— C’est gentil d’essayer de me remonter le moral, mais ce n’est pas pareil. Toi, tu as traversé un truc horrible l’année dernière, moi je n’ai pas cette excuse. C’est la vieille Criquet qui a raison : je ne suis qu’un raté. Bref… je te passe Mathilda.
Le cœur serré, Jenna essaie de le retenir mais la voix de Mathilda remplace celle d’Igor.
— Jen ! Si tu savais ce que ça me fait plaisir de t’entendre, affirme-t-elle avec un soulagement perceptible dans la voix.
Contrairement à Igor, elle a décroché un petit boulot et reprend peu à peu le dessus, toutefois…
— Je ne sais plus quoi faire pour Igor, confie-t-elle après s’être vraisemblablement isolée. Il passe ses journées assis dans le canapé à regarder la télé avec ma grand-mère… Enfin, de temps en temps, ils jouent aux cartes. Son psychiatre a augmenté la dose de ses anti-dépresseurs mais je n’ai pas l’impression que cela soit très efficace. Il ne veut même plus sortir ou voir des amis. Quant au reste, je ne t’en parle même pas !
— Je suis désolée, je n’avais pas idée…
— Je te jure, entre ma grand-mère et Igor, je vais finir par exploser ! Heureusement que les Xanax me calment un peu.
Cherchant une solution, Jenna lui propose de venir la semaine suivante pour l’anniversaire de Kristian, attendu qu’Igor l’apprécie.
— Ce serait super, mais ça m’étonnerait qu’il accepte de bouger, soupire Mathilda. Enfin, je vais essayer de le décider. Je te tiendrai au courant.
Après avoir promis de se donner des nouvelles régulièrement, elles se séparent.
— Bon courage, souffle Jenna. Surtout n’hésite pas si vous pouvez venir la semaine prochaine ou si tu as besoin.
— Je sais. Merci Jen, des bisous.
Le moins que l’on puisse dire c’est que la conversation a été déprimante. Jenna rumine celle-ci pendant de longues minutes puis, après avoir fumé une cigarette, passe un dernier appel. Elle n’en a pas très envie mais lorsqu’Hélène lui a envoyé ses vœux, elle lui a promis de lui téléphoner dès qu’elle serait de retour en ville.
— Je suis trop heureuse que tu m’appelles, lâche Hélène. Franchement, j’ai bien besoin de parler à quelqu’un !
— Ça ne va pas ? s’inquiète Jenna.
— Pfff par où commencer ? Alan ne glande absolument plus rien, ça fait au moins deux mois qu’il n’a pas décroché une seule mission intérim, du coup je me retrouve toute seule pour assumer tous les frais de la maison ! En plus, mon taff à l’hôpital me gave à mort, je n’ai aucune liberté d’action et je dois faire tout ce que me dit mon chef. Tout ça parce que je débute ! Et encore… s’il n’y avait que ça !
Parce qu’il y a pire ? songe Jenna, abasourdie devant cette logorrhée.
— Je crois que j’ai un cancer… ou une leucémie, annonce Hélène d’un ton funèbre.
Le retour de la malade imaginaire, ça faisait longtemps…
— Qu’est-ce qui te fait penser ça ? demande patiemment Jenna qui regrette le bon mouvement qui l’a conduite à lui téléphoner.
— J’ai la tête qui tourne, je me sens très faible, je n’ai plus d’appétit et j’ai fait plusieurs malaises.
— Tu en as parlé à un médecin ?
— Non.
Bah voyons…comme d’habitude !
— Tu devrais commencer par là au lieu d’angoisser dans ton coin.
— À quoi bon ? De toute façon, je sais que c’est ça.
— Comme tu étais persuadée d’avoir une grossesse extra-utérine il y a un an. Excuse-moi de te le dire comme ça mais perso, j’ai plus l’impression que tu somatises parce que ça ne va pas avec Alan, que tu as des soucis financiers et que ton taff te saoule.
— Ah ? Tu crois ? C’est vrai que je n’y avais pas pensé mais ça a commencé quand la facture de gaz est arrivée…
Et à part ça, c’est moi qui ne suis pas assez compétente pour être psy…
— Hélène, tu es jeune et quoi que tu en dises, tu es en bonne santé. Les probabilités pour que tu aies un cancer ou une leucémie existent, mais elles sont moindres. De toute manière ni toi, ni moi ne sommes médecin et tu ne pourras pas savoir tant que tu n’auras pas consulté, explique Jenna d’un ton raisonnable.
— Tu n’as pas tout à fait tort, concède Hélène.
J’ai même totalement raison !
111 commentaires
La Plume d'Ellen
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Il y a un an
Jess Swann
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Il y a un an
Christellaa
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