Jess Swann Amitiés Amicales, tome 3 Petites confidences P5

Petites confidences P5

L’hypochondrie d’Hélène réglée, elles échangent d’autres nouvelles, évitant soigneusement le sujet Kristian. Elles en viennent rapidement au sujet de la fac.


— Tu ferais mieux de te faire discrète, conseille Hélène à Jenna. Criquet t’a dans le collimateur. Il paraît que tu as déboulé dans son bureau et que tu lui en as foutu plein la tête.


Jenna serre les dents.


— Je suis restée correcte ! Mais je lui ai dit ce que je pensais du fait qu’elle m’ait prise pour une conne et baladée pendant des mois.


— Ouais bah en tout cas, ce n’est pas ce qui se dit. Enfin, tu n’es pas la seule à être dans sa ligne de mire. Elle en veut encore plus à Igor qu’à toi.


— Ah ? Pourquoi ?


— Cet abruti a raconté à qui voulait l’entendre qu’elle avait trafiqué sa copie de gérontologie afin qu’il n’ait pas son diplôme. Ce qui est rigoureusement vrai mais là n’est pas la question.


Jenna tressaille.


— Comment ça ?


Un soupir las échappe à Hélène.


— Ah oui… c’est vrai que tu as loupé la moitié de l’année. Je te résume : Mattéo et Igor visaient le même poste pour la rentrée et Igor était le favori. Igor s’est montré distant avec Criquet, Mattéo lui a fait miroiter qu’il serait susceptible de la sauter. Et voilà…


— Hein ?! Mais… si c’est vrai c’est une faute déontologique grave !


— Et qui va intervenir ? Babiche, notre nouveau Doyen ? Igor s’est tiré une balle dans le pied tout seul en remuant la merde. Enfin, ça ne m’étonne pas, j’ai vu tout de suite que c’était un con. Il ne peut pas avoir gain de cause contre Criquet, elle a trop de soutiens hauts-placés.


— Mais enfin c’est injuste ! s’indigne Jenna. D’où cette sale bonne femme a-t-elle le droit de faire tout ce qui lui plaît ?!


— C’est comme ça, c’est la vie et comme tu le dis tout le temps : elle est moche. Tout ça pour te dire que, si tu veux avoir une chance d’être prise dans une autre fac l’année prochaine, tu ferais mieux de ne pas faire de vagues et de rester aussi loin que possible de Criquet, conseille Hélène. Fais-toi oublier si tu ne veux pas te retrouver grillée comme Igor.


Sonnée, Jenna répond par automatisme durant le reste de la conversation. Après qu’elle soit terminée, elle fixe son téléphone, perplexe.




***




— Franchement, je ne sais pas quoi faire… Hélène n’est pas la source la plus fiable du monde mais ses arguments sont convaincants. Du coup, je ne sais pas si je dois en parler à Igor, histoire de remonter son estime de lui en confirmant ses doutes ou si c’est mieux que je me taise afin qu’il ne se plombe pas un peu plus… Diana ? Tu m’écoutes ?


— Euh oui, oui… enfin je t’avoue que j’ai un peu de mal à suivre, reconnaît son amie. Je pense que tu devrais y réfléchir avant de faire quoi que ce soit. Sinon, tu fais quoi ce week-end ? Vous comptez sortir avec la bande ?


Jenna lève mentalement les yeux au ciel. Depuis qu’elle lui a rapporté sa discussion avec Pascal, Diana est distraite.


— Ne me dis pas que tu penses encore à Pascal ! l’accuse-t-elle.


— Non ! se défend Diana. Je te l’ai dit, j’ai fait une croix sur lui et je l’ai totalement oublié. Mais tu peux comprendre qu’une part de moi se réjouisse qu’il regrette d’avoir rompu.


— Certes, accorde Jenna qui doute que Diana soit totalement sincère.


Avant qu’elle ait eu le temps d’approfondir le sujet, son téléphone lui signale l’arrivée d’un texto.


— Marjo nous propose de venir bouffer chez elle, je lui dis quoi ? interroge-t-elle Diana.


— Pfff sans moi, je suis claquée. Je bouffe et je me couche.


Dis plutôt que tu veux pouvoir rêvasser tranquille à Pascal…


— Tu es sûre ? On n’est pas obligées de rester réveillées jusqu’à des points d’heure.


Diana fait la moue et secoue la tête.


— Non sans moi, mais vas-y, toi. Ça vous fera du bien de vous retrouver un peu toutes les deux.


— Pfff tu parles, si ça se trouve quand je vais arriver il y aura Paul ou Juju… En vrai là, je ne sais pas lequel des deux est le pire, ironise Jenna. Enfin, c’est tout je vais y aller. Sans regrets ?


Après avoir reçu la confirmation de Diana, Jenna répond à Marjo.




***




Contrairement aux hypothèses pessimistes de Jenna, elle est la seule convive de la soirée. Après lui avoir servi un apéro, Marjo s’inquiète :


— Il y a un problème avec Di ? Pourquoi elle n’est pas venue ?


— Non pas du tout. Elle est juste fatiguée. Même si je pense qu’en fait elle voulait rester seule pour réfléchir. Je la trouve un peu trop contente de l’aveu de Pascal pour être honnête.


— Ah ça… je suis d’accord avec toi. Depuis que tu lui en as parlé, elle est carrément dans la pleine lune.


Jenna glousse à cette nouvelle erreur d’expression mais ne se fatigue pas à la reprendre. Affichant une mine sérieuse, Marjo inspire.


— Je voulais te parler d’un truc…


Une alarme silencieuse s’allume dans le cerveau de Jenna et elle repose son verre sur la table.


— Je t’écoute.


— J’ai beaucoup réfléchi… Et je t’avoue que le fait que je rencontre de gros problèmes de fric depuis la rentrée — vu que mon grand-père a décidé de ne plus m’aider financièrement — m’a bien motivée à le faire, ironise Marjo. Bref. Il est clair que la fac n’est pas pour moi. Je vais avoir vingt-cinq ans, je n’ai validé qu’un DEUG qui ne sert quasi à rien et il est illusoire d’imaginer que j’aurais ma licence un jour. Donc, j’ai commencé à chercher ce que je pourrai faire d’autre.


Jenna opine, le cœur serré.


— J’ai rencontré un conseiller du SIOU et la meilleure solution pour moi serait d’intégrer un cursus plus encadré à la rentrée prochaine. Cela m’obligerait à bosser, un peu comme quand on était au lycée en fait. Du coup, j’ai fait des recherches et j’ai envoyé un dossier de candidature dans une école de traduction pour septembre. Je ferais un double cursus anglais et italien en trois ans et ça me permettrait de bosser à l’international. Si je suis prise, ce sera chaud parce qu’il y a quarante heures par semaine et qu’on ne peut pas redoubler sinon on se fait virer.


— La vache… souffle Jenna. Ah oui, c’est radical là. Mais si c’est ce que tu veux faire, je comprends.


— L’école se trouve à Paris, lâche Marjo.


Jenna serre les dents à l’énoncé de la localisation.


— C’est cool, tu connais déjà quelqu’un sur place.


— Euh oui mais vu le programme, je n’aurais pas le temps de faire la fête avec Kristian, si c’est ça qui t’inquiète…


— Pas du tout, ment Jenna à qui l’idée a effectivement traversé l’esprit.


Jalouse un jour, jalouse toujours !


— Enfin, je voulais vous en parler, même si Diana n’est pas venue, soupire Marjo. Pour être franche, rien n’est encore décidé. Dans l’idéal, je préférerais quelque chose qui me permette de gagner de l’argent, genre une alternance, mais pour l’instant je n’ai rien trouvé de concret.


— Et si tu es prise à ton école à Paris, comment tu vas payer les frais d’inscription ?


— Mon grand-père et ma mère sont OK pour m’aider si je suis retenue mais j’aimerais autant ne pas avoir à leur demander. C’est pour ça que je cherche un autre plan, explique Marjo.


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126 commentaires

Wizzette

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Il y a un an

Comme par hasard l'école est à Paris. En plus, vu son expérience à la fac, elle ne va surement pas réussir les 4 ans, qu'elle n'a pas de diplôme utile ni vraiment travaillé à 25 ans, vive Marjo lol

Jess Swann

-

Il y a un an

Ah si elle bosse tous les étés en hotellerie, elle passe 2 mois à l'étranger depuis ses 16 ans. Et elle a bossé aussi en centre aéré donc elle a quand même de l'expérience. Par contre oui pour l'école de traduction, il est permis de douter
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