Fyctia
Une pause ? P2
Jenna s’épanche sur les projets de vie commune de Phil et son manque d’enthousiasme à cette perspective.
— Il m’étouffe, confie-t-elle. Lui, il veut qu’on vive ensemble mais rien que l’idée me donne des palpitations.
— Parce qu’il n’est pas fait pour toi. À mon avis, tu as raison de ne pas prendre un appart avec lui, souligne Kristian. Si tu fais cette connerie, tu te retrouveras piégée.
— T’inquiète, ça je l’avais capté, assure Jenna. C’est comme le mariage, hors de question de me mettre un boulet au pied toute seule.
— Arrête… Kimberly me gave non-stop avec ça. En plus comme c’est bientôt son anniversaire, elle n’arrête pas de faire des allusions sur le fait qu’elle adorerait avoir une bague. Ça devient lourd surtout que, quand ce n’est pas ça, elle revient à la charge pour qu’on ait un bébé.
— Je compatis, soupire Jenna. Phil a déjà tout prévu sans me demander mon avis. Vivre ensemble, fiançailles, mariage — en robe blanche et à l’église bien sûr — puis bébé, baptême et tout le tralala. Genre, tout ce que je déteste. Déjà que je ne suis pas trop pour le mariage mais c’est hors de question que ça se passe à l’église et que je fasse baptiser mes enfants si j’en ai un jour.
— Ah bah je ne te donnerai pas tort, assure Kristian. Kimberly est pareille, elle a une idée précise de ce qu’elle veut et me fout la pression. En plus, sa mère la remonte sans arrêt et au lieu de m’écouter, elle prend son parti. Ça me gave ! Elle créé des problèmes là où il ne devrait pas y en avoir.
La conversation se poursuit, tous deux exposant les griefs et les frustrations de leurs relations.
— Enfin, c’est la vie, conclut Kristian.
— Et elle est moche, sourit Jenna.
Kristian s’étire et jette un œil au réveil.
— Putain, il est plus de deux heures du mat !
— Tu dois te lever à quelle heure ?
— Neuf heures, grimace-t-il. Kimberly veut que je sois rentré pour midi.
— Dans ce cas, on ferait mieux de se coucher, sinon ça va piquer demain. Et je t’avoue que je suis morte.
Après une ultime cigarette, ils se glissent tous les deux sous les draps et Jenna éteint la lumière. Kristian l’enlace et la ramène contre lui.
— Je suis crevé, soupire-t-il sur un ton d’excuse.
— Ne t’en fais pas, moi aussi.
Kristian affermit son étreinte autour de Jenna et pose un baiser sur son épaule avant de sombrer dans le sommeil.
***
Il est six heures du matin lorsque Jenna se réveille, en nage tant elle a chaud. Profondément endormi à côté d’elle, Kristian la serre contre lui à l’étouffer. Son corps est bouillant et Jenna tente de s’écarter avec douceur. Au lieu de la relâcher, Kristian grogne et se colle de plus belle contre elle, ses bras comme un étau. Une perle de sueur roule sur le front de Jenna. Punaise, je vais exploser, songe-t-elle.
À regret, elle lève le bras de Kristian pour se dégager et il marmonne quelque chose d’inintelligible.
— Désolée, j’ai envie de faire pipi, souffle-t-elle en se levant.
Après avoir soulagé sa vessie et bu deux grands verres d’eau, Jenna s’allonge de nouveau. Kristian la ramène immédiatement contre lui et elle lève les yeux au ciel. Après avoir repoussé la couette vers le bas du lit, elle se laisse bercer par la respiration régulière de Kristian.
***
La sonnerie stridente de l’alarme du portable de Kristian les tire brutalement du sommeil à neuf heures et ils poussent un soupir partagé de dépit. Libérant brièvement Jenna de son étreinte, Kristian se tourne vers la table pour éteindre le réveil puis reprend sa position initiale.
— Encore un peu, marmonne-t-il, son souffle chatouillant l’oreille d’une Jenna ensommeillée.
***
Il est dix heures trente lorsqu’ils se réveillent de nouveau. Kristian s’avise de l’heure avec effroi.
— Merde… je vais être en retard. Kimberly va me faire la misère ! lance-t-il en se levant d’un bond.
— File sous la douche, je prépare le café en attendant, assure Jenna.
Elle soupire tandis que Kristian s’enferme dans la salle de bain. Pas de câlin matinal aujourd’hui, il ne faudrait pas contrarier Princesse Kimberly, songe-t-elle avec amertume.
Après avoir avalé un café et fumé une cigarette tout en bavardant, Kristian attrape son sac.
— Je suis désolé la miss, mais je dois vraiment y aller si je ne veux pas aggraver mon cas, soupire Kristian.
— T’inquiète, je comprends.
Après une dernière étreinte et le « merci pour tout » rituel, Kristian s’en va. Le cœur lourd, Jenna se dirige vers la fenêtre. Même si le voir partir lui fait plus mal à chaque fois, elle ne peut pas résister. Elle a besoin de se gorger de lui jusqu’au dernier moment. Après un soupir, elle écarte le rideau et baisse les yeux vers le parking. Arrivé devant sa voiture, Kristian se retourne et lève le visage vers l’appartement de Jenna. Leurs regards se trouvent durant une fraction de seconde puis Jenna laisse retomber son rideau et Kristian monte en voiture.
La pause est finie.
***
Après le départ de Kristian, Jenna se traîne jusqu’à la salle de bain. Elle a toujours aussi chaud, se sent un peu malade et par-dessus tout, épuisée. Les deux derniers jours ont été riches en émotions et difficiles pour elle. Même si elle aurait préféré que Kristian reste, elle aspire à un peu de calme. Aussi, lorsque Philippe l’appelle vers midi pour lui demander l’heure de son arrivée, elle avoue :
— Je me sens fiévreuse et je suis hyper fatiguée. Je pense que je vais plutôt repartir demain en fin de matinée, comme ça je serai en forme pour ta soirée raclette.
Philippe soupire mais, une fois n’est pas coutume, il n’insiste pas. Soulagée que les choses se soient bien passées, Jenna repose son portable et sautille jusqu’à la cuisine pour se préparer un thé. Une bonne chose de faite, se félicite-t-elle. Elle n’avait de toute manière aucune manière aucune envie de voir Phil aussi vite après le départ de Kristian — dont elle s’est bien gardée de révéler la visite — et sa maladie réelle lui a offert un prétexte en or.
Le sujet Phil réglé, Jenna s’habille chaudement et se prépare à recevoir sa vieille copine Jo. Même si elle rêve de son lit, elle ne veut pas lui faire faux bond. Cela fait trop longtemps qu’elles n’ont pas passé un moment ensemble.
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