Manon Kaljar Amertume 9. Théodore

9. Théodore

L’idée d’être lié à Margot jusqu’à la fin de mes jours m’angoisse plus que de raison ces derniers temps. Trop officiel. Indiscutable. Irrémédiable. Aucun retour en arrière possible...


Pourtant des décisions difficiles j’en prends tous les jours, sans jamais douter ou hésiter, je me fixe un objectif et je fonce.


C’est peut-être ça le problème avec Margot. Aucun but, aucun challenge. Juste vivre l’un avec l’autre jusqu’à notre mort. Fonder une famille. Avoir une belle maison. Baiser une fois par semaine. Peut-être acheter un chien. Faire des barbecues avec les amis le vendredi. Manger chez mes parents le dimanche. Partir en vacances sur la côte dans une maison secondaire pour laquelle on se sera endetté sur cinquante ans.


Faire comme tous les autres.


Être monsieur et madame tout le monde.


À la réflexion faite, me marier à Margot revient à dire adieu au peu d’indépendance qu’il me reste.


J’ai beau aimer mon travail, je ne l’ai pas choisi. Entreprise familiale oblige, mon père a été très clair, il me payait mes études à condition que je le rejoigne dans l’affaire par la suite...


Je ne sais pas si c’est l’idée de liberté ou d’insouciance, mais sans que je ne puisse le contrôler, les prunelles vertes de Prudence s’impriment dans mon esprit et remplacent petit à petit le visage de ma fiancée. Les longues mèches blondes cendrées de Margot s’effacent pour devenir un méli-mélo de boucles roses. Je râle en tournant le mitigeur vers l’eau froide.


Mais le mal est déjà fait.


Entre mes jambes, mon sexe est au garde à vous comme jamais.


L’eau glacée qui dévale mon corps ne calme pas le feu qui brule en moi. Bien au contraire !


J’hésite. Fais un pas en arrière. Tape du poing contre la faïence. Crispe les mâchoires. Ferme les yeux. Expire plusieurs fois.


Pour finalement craquer.


J’empoigne mon membre d’une main ferme. Je laisse mon esprit mener la danse. Les souvenirs de Prudence s’entrechoquent dans ma mémoire et m’entrainent dans un tourbillon de haine mêlée de plaisir brut.


Sauvage. Indomptable.


Aucun sentiment, juste de la passion.


Il ne me faut que quelques minutes pour atteindre un point de non-retour. Tout mon corps se tend, s’arque boute et dans un gémissement rauque, je me libère de toute cette tension. Comme quelques heures plus tôt dans le train, un goût amer de culpabilité et de frustration m’emplit la bouche. Mais enfin la fatigue s’abat sur mes épaules.


Je suis bon pour aller en enfer !


Sans plus attendre, j’éteins l’eau et enfile mon caleçon avant de rejoindre mon lit.


Dormir !


Il faut que je me repose. Mon esprit est trop embrumé par la fatigue pour faire la distinction entre ce qui est bien et mal. C’est la seule solution à ce que je viens de faire. Je n’ai plus les idées claires.


C’est aussi simple que ça !


Jamais ni Margot, ni Prudence ne doivent l’apprendre et encore moins Cassandre. La première serait dévastée, la seconde bien trop enjouée et la troisième furieuse !


Cette diablesse de Prudence a beaucoup trop de pouvoir sur mon corps a mon goût. Ok, elle est bandante dans son genre, mais en général ce n’est pas suffisant pour me faire perdre mes moyens de la sorte. Des femmes sexy j’en côtoie tous les jours et pourtant je ne me suis jamais branlé en pensant à l’une d’entre elles ! Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Est-ce l’idée de défi et d’interdit qu’elle représente qui me fait perdre tout bon sens ?


Une seule certitude, il est temps que je passe du temps avec Margot et que j’évacue toute la frustration de ces derniers jours ! Demain, enfin ce matin je lui envoie un message pour qu’on se voit dès que possible. Avec cette réunion à Paris ça fait plus de trois jours que je n’ai pas passé de temps avec elle et ça doit jouer sur mon état d’esprit.


Ajouté à la fatigue, ça explique pourquoi je déraille autant !


Rasséréné par cette explication plus que logique, je laisse ma tête s’enfoncer dans l’oreiller. Plus que trois heures trente avant que mon réveil ne sonne... la journée va être longue.

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2 commentaires

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Les tensions de l'esprit ne trouve d'issue que dans le monde du souvenir et une délivrance dans l'attente de s'assouvir avec Prudence. Cette idée est vraisemblablement figée dans sa tête et il s'investit pour décortiquer cet être qu'il désire. Bien, un beau moment avec une forme de violence en fond du "non je ne dois pas...oh que c'est bon.". J'aime bien les conflits interne et dans cet écrit il y a la juste dose…

alexia340

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Il y a 6 ans

À mon goût (pt oubli de l accent) Bon donc il sait ce qui lui fait peur et foncé quand même dans un mariage et une vie qu il n aime pas. Vite qu il se décide à se rebeller contre tt cela
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