Fyctia
8. Théodore
Les yeux grands ouverts je fixe le plafond de ma chambre sans arriver à fermer l’œil. Les évènements de la journée repassent en boucle dans ma tête et m’empêchent de trouver le sommeil.
La nouvelle branche de l’entreprise. Prudence. Les négociations. Prudence. Margot. Prudence. Cassandre. Prudence. Mes parents. Prudence.
Si je suis un peu honnête avec moi-même, c’est surtout Prudence qui accapare toute mon attention. Mes parents spéculent qu’elle n’est rien de plus qu’une marginale en quête d’argent, moi je suis persuadé qu’il se cache bien plus sous sa carapace. Pour preuve, son attitude dans le train. J’ai beau me refaire le film de notre rencontre, je n'arrive toujours pas à comprendre comment elle a pu passer de la jeune femme nonchalante, respirant la légèreté et la liberté à cette séductrice qui ne recule devant rien…il me manque un élément c’est certain !
Je ne sais pas si c’est de penser à la jeune femme aux cheveux rose bonbon ou l’été qui approche, mais je meurs de chaud. D'un geste brusque, je repousse ma couette. Ma peau se recouvre de frissons lorsque l'air frais venant de la fenêtre entrouverte me frôle.
Une idée me traverse et j'attrape d’un geste vif mon téléphone portable sur ma table de nuit. Je ne prête même pas attention au dernier message de Margot et ouvre sans attendre l’application qui m’intéresse. Facebook. Qui de nos jours n’étale pas sa vie privée sur les réseaux sociaux ?
Dans la barre de recherche, j'inscris son prénom avec espoir de ne pas tomber sur des milliers de résultats. Je parcours avec avidité les quelques centaines de profils proposés sans jamais trouver une correspondance.
Frustré, je passe une main dans ma barbe en réfléchissant. Elle est photographe, elle doit bien avoir au moins une page pour faire la promotion de son travail ! Mais même en associant son prénom à sa profession je suis toujours bredouille. En dernier espoir je fais défiler la liste d'amis de ma sœur, qui ne m’apporte toujours aucune réponse.
Je laisse tomber mon portable à mes côtés. Il rebondit sur le matelas alors que je me masse les tempes. Je pourrais abandonner. Passer à autre chose. Mais le malaise qui grandit dans ma poitrine en pensant à Prudence ne veut pas disparaitre. Je ne m'explique pas cette appréhension et ça m’inquiète. Et si elle s'en prenait à Cass ? Et si elle essayait de me faire chanter ?
J’espère que mon père aura plus de succès dans ses recherches. Je sais qu'il a déjà mis Nolert sur le coup. Et même si ses méthodes ne sont pas très orthodoxes, je sais par expérience qu’elles ont tendance à payer...
La sonnerie de mon portable me sort de mes réflexions. Je fronce les sourcils, qui peut bien m'envoyer un message à une heure du matin ? L’écran lumineux affiche le prénom de ma sœur et l’inquiétude me ronge en déverrouillant l'appareil.
« Faut qu’on parle...Demain 8h au café en bas de chez moi !»
J’oscille entre la colère et le soulagement. Je n’apprécie pas le ton qu’elle utilise et en même temps je suis rassuré de savoir qu'elle ne semble pas vouloir couper les ponts avec moi.
« Ok, je serais là. Bonne nuit. Et Cass n'oublie pas que tu es ma sœur et que je t'aimerai toujours, qu’importe ce qu'en disent les parents ! »
J’attends sa réponse quelques minutes, mais elle a dû s'endormir, car mon écran reste désespérément noir. Pourtant impossible de fermer l’œil. Toute cette situation me prend trop la tête. Je peste en voyant les heures s’écouler sur mon radio réveil. J’ai une grosse journée qui m’attend demain et les dossiers sur lesquels je travaille sont bien assez compliqués sans que je m'y penche avec une nuit blanche dans les pattes !
Énervé je me lève d’un bon et file sous la douche. Hors de question que je prenne un somnifère ou une quelconque autre molécule pour m’aider à me détendre. Je me refuse à être dépendant de ces trucs-là !
L'eau tiède s'abat sur ma tête et glisse le long de mon corps. J’expire et j’inspire avec lenteur. Laissant chacun de mes muscles se détendre. Mais mon esprit continu de tourner à plein régime.
Au grand maux, les grands remèdes !
Ma main glisse le long de mon ventre, descend jusqu’à mon aine et s’enroule autour de mon sexe. Les yeux fermés, l’image de Margot s’invite dans ma tête. Son corps fin et gracile, sa petite taille, ses mains qui s’activent autour de mon membre comme j'aime tant qu'elle le fasse. Pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour l’imaginer avec moi dans cette douche. C’était il y a à peine quelques jours et pourtant c’est comme si mon corps était en manque depuis des mois.
Le désir enfle en moi. Je revis notre dernier moment tous les deux dans cet espace clos. Sa manière de prendre appui sur mon torse, de monter sur la pointe de ses pieds, de glisser la pointe de sa langue sur la peau de mon cou. Tous ces petits détails de notre dernier ébat me reviennent en mémoire et créent un brasier en moi.
Entre mes doigts, mon sexe durci et palpite, j’entame de longs mouvements de va et viens. Un râle m’échappe et je m'appuie contre la faïence de la paroi. Le contraste du chaud et du froid me fait frissonner.
Ma main accélère, j’augmente la pression sur la base de mon sexe et je tremble sous les vagues de plaisir. Je ne pense plus à rien. Seule la vision de Margot s’abandonnant entre mes bras m’importe.
L’idée fugace qu’elle me surprenne dans une telle situation me déconcentre. Je pouffe en imaginant sa réaction, probablement oscillant entre colère et choc. Ça serait un énième moyen pour elle de remettre sur le tapis le sujet de son emménagement chez moi.
Je l’imagine sans difficulté, les points sur les hanches, le regard noir et les lèvres pincées en une ligne fine : « Si j’habitais ici ce genre de choses n’arriverait pas ! ».
Le mot « chose » ici est très important... Margot est une de ces femmes pour qui le sexe est un sujet tabou et qui ne dira jamais à voix haute ce qu’elle désire ou ces termes crus qu’elle considère comme vulgaires et déplacés. Parfois j’ai l’impression que pour elle le sexe est plus une nécessité qu’un plaisir et j’ai beau essayé d’aborder le sujet et de la mettre à l’aise, à chaque fois elle dévie la conversation. C’est une de ses facettes qui me rebute le plus et fait que même au bout de quatre ans de relation et un mariage dans quelques mois, je rechigne toujours autant à la voir débarquer dans ma garçonnière ! Repoussant sans cesse l’instant fatidique où elle va poser ses valises dans mon salon...
Ce rappel de mon mariage à venir a un effet immédiat sur ma libido... déjà je sens mon excitation se faire la malle. Je grogne, de frustration cette fois. J’essaie de chasser l’image de dentelle blanche qui vient s’imprimer sur mes rétines en activant ma main dans un geste frénétique qui reste sans effet. Le fantasme de ma fiancée en tenue d’Ève s’est évaporé pour être remplacé par celui d’une meringue en tulle.
Bien moins excitant !
4 commentaires
Sand Canavaggia
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Il y a 6 ans
alexia340
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Il y a 6 ans
Manon Kaljar
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Il y a 6 ans
Estelle Miccoli
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Il y a 6 ans