Fyctia
Chapitre 6 - Théodore
J’étais bouleversé par la conversation que je venais d’avoir avec Timothée. Pourquoi diable s’était-il fourré dans un tel pétrin ? Il avait tout ce qu’il fallait pour emprunter de l’argent à la banque, ou trouver une solution légale. Mais non, il avait choisi de faire appel à des malfrats. Définitivement pas l’idée du siècle.
Je suis devant mon écran d’ordinateur, incapable de réfléchir correctement. Les mots de Timothée tournent en boucle dans ma tête. Comment pourrais-je l’aider alors que je n’ai pas cette somme sur moi ? Finalement, je me décide à lui envoyer un message.
SMS : Il te le faut pour quand ce fric ?
Sa réponse ne tarde pas.
SMS : Ils m’ont laissé un mois...
Je pousse un soupir et me frotte le visage. Un mois, c’est court, bien trop court pour débloquer autant d’argent par des moyens légaux, même avec un poste à haute responsabilité. Je cherche une solution, et un souvenir remonte à la surface. Adolescents, on participait à des rodéos et des courses de rue. Ces événements pouvaient rapporter gros.
Je sursaute lorsque la porte de mon bureau s’ouvre brusquement. Mon meilleur ami, Caëlium, entre sans frapper ou alors, il l’a fait mais je l’ai pas entendu...
— Tu as bouclé le dossier Teddyson ?
— Presque.
Il m’observe un instant, silencieux. Je connais ce regard : il essaie de deviner ce qui me tracasse. Cela fait une semaine que je suis dans cet état, répondant à peine à ses questions.
— Tu peux m’expliquer ce qui se passe ?
— J’aimerais bien, mais je ne peux pas.
— Merde, Théodore qui a des secrets ?! Une première !
Il tente de détendre l’atmosphère avec de l’humour, mais le regard que je lui lance suffit à effacer son sourire.
— Sérieux, mec, tu me fais peur.
On a rarement des discussions aussi sérieuses. D’ordinaire, on préfère la légèreté, mais mon visage doit lui faire comprendre que la situation est grave.
— Je peux faire quelque chose pour toi ?
— Non, rien.
— J’espère que ça s’arrangera vite.
— J’aimerais te dire oui, mais je n’en suis pas sûr moi-même.
— Super... Je vois que t’as pris des cours avec Enaé pour apprendre à rassurer les gens.
Sa remarque m’arrache un léger sourire. Je ne suis pas doué pour enjoliver les choses. C’est l’un de mes plus gros défauts : je dis les choses comme je les pense, sans toujours mesurer leur impact.
— Je préfère être honnête que de te mentir.
— Certes... Mais ne fais rien de stupide, d’accord ?
— D’accord.
Je déteste lui mentir, mais je n’ai pas le choix. Même si je ne suis pas d’accord avec Timothée, je veux l’aider. Peut-être que c’est notre seule chance de recoller les morceaux entre lui et Enaé.
Caëlium ne pousse pas plus loin, heureusement. Il me salue avant de quitter la pièce. Je me frotte le visage, une nouvelle fois, accablé. Dans quel pétrin je me suis encore embarqué ?
Je tape rapidement quelques recherches sur internet, cherchant des informations sur les courses de rue que je suivais adolescent. Rien. Le groupe n’existe plus. Je serre les dents et jette un coup d’œil à l’horloge. Il est tard.
Je ferme mon ordinateur, attrape ma veste et quitte le bureau. Tout est silencieux dans l’immeuble. En tant que co-propriétaire de l’entreprise, je n’ai aucun problème à partir à cette heure.
Dans le parking, je rejoins ma voiture : une vieille Mustang de 1967. J’ai bossé dur pour me l’offrir, et c’est ma fierté. En démarrant le moteur, le rugissement familier me donne des frissons. Je sais, c’est un peu dingue, mais cette voiture, c’est tout pour moi.
Je roule dans les rues désertes, l’air glacial mordant mes joues. L’hiver est là, et la neige ne tardera pas. Les lumières de la ville défilent rapidement tandis que je prends une ruelle en contrebas. Autrefois, c’était un lieu de rassemblement pour les courses.
Je me gare en hauteur, coupe le moteur et descends. J’avance jusqu’aux barrières pour avoir une vue dégagée. Les souvenirs affluent.
Au loin, j’entends des moteurs rugir. Quelques secondes plus tard, deux voitures passent côte à côte, engagées dans une course effrénée. Je souris malgré moi. Cette époque me manque.
Si Caël savait que j’étais ici, il me passerait un savon.
1 commentaire
Lily_D
-
Il y a 3 mois