Fyctia

Lorsque nous retrouvons tous nos camarades, ils sont assis devant un grand écran. Je me rends compte que nous avons en effet été filmés tout le long de l’épreuve. Tout le monde a dû voir mes prouesses. Je panique et je ne me sens pas légitime. J’ai un relent de culpabilité. Est-ce de la triche de s’être servi de ma montre magique ? Vais-je être disqualifié ?

Ce qui me surprend en premier lieu, ce sont les applaudissements des élèves. Une véritable ovation nous est rendue. Je distingue tous les malheureux concurrents venus nous rejoindre.

Arielle n’a qu’un désir, celle de me prendre dans ses bras. Je le sens parce que moi, c’est ce dont j’ai cruellement envie. Mais elle se retient tout comme moi. Nous nous contentons de nous taper dans les mains.

Le Directeur Monsieur Samson prend l’initiative de venir nous rejoindre afin de féliciter chacun des participants.

Il nous annonce qu’un retour sera fait sur ce qui a fonctionné ou non. Ainsi que sur les performances et les erreurs commises. Puis également la capacité que nous avons eu à travailler en équipe afin de prendre ou non les bonnes décisions. Ce qui est important ce n’est pas le résultat mais les leçons apprises.

—Chacun de vous, avez mis du vôtre mais il va falloir trancher sur le gagnant. Parce que vous êtes deux à être sorti du lot. Nous allons nous concerter avec le Général Phénix et reviendrons vers vous…

Je me crispe, ils n’ont rien vu ? J’ai donc ma chance ?

Il n’a pas le temps de finir que celui-ci vient se joindre à lui afin de parler à son tour.

—Chers candidats, cette mission qui allie stratégie et compétences vous a donc offert une véritable expérience. Il est donc difficile de partager ces deux élèves. Pour moi, ils sont tous les deux vainqueurs. De par leur courage, leur abnégation et leur motivation ! C’est pour cela que je vous annonce… que vous serez donc deux à partager une journée immersive avec mon équipe !

Sur ces mots, tous les élèves applaudissent et c’est dans une ola d’honneur et d’acclamation que Virgil et moi sommes mis en avant sur l’écran géant. La gêne me poursuit et je rougis. Je ne me sens pas tout à fait à l’aise. Et savoir que nous allons être tous les deux ensembles ne m’enchantent guère.

—Tu as gagné Kanes ! Bon l’autre crétin aussi, mais tu as gagné ! me complimente Arielle.

Lény et Pearson viennent également me féliciter. Je sens que leur amitié m’est utile afin d’être tout de même fier de moi. C’est vrai je dois me réjouir de cette victoire.

Il est prévu que nous profitions de ceci dès le lendemain. Il faut se préparer psychologiquement parce qu’il paraît que c’est intense. L’immersion en temps réel, les missions effectuées par ces soldats qui ont le cran de sacrifier leur vie pour les autres.

Je suis excité rien qu’à penser à cette journée. Le répit est de courte durée, nous avons juste la nuit pour cogiter. Moi, je suis sur les nerfs, la fatigue de notre épreuve n’aura pas raison de moi. Virgil est dans le même état que moi. Il ne cesse d’en parler dans notre dortoir. Sa fierté laisse place à un stress évident. Il est agité et est encore plus insupportable, selon Lény qui ne cesse de le rembarrer.

—T’es jaloux ! mais il fallait répondre aux bonnes questions dès le départ ! le nargue Virgil.

—Je m’en fous !

Lény me regarde et je sens qu’il m’en veut. Il a beau me féliciter, il est déçu. Je n’ose pas leur demander un compte rendu sur ma prouesse, après tout si le général a jugé bon de nous donner la récompense, c’est qu’on le mérite !

Le lendemain matin, de bonne heure, Virgil et moi retrouvons l’équipe du général Phénix venue nous récupérer au spatio-port, situé à quelques mètres de l’académie.

Ils sont venus en renfort avec un véhicule de circonstance. J’en suis estomaqué. Jamais je n’avais vu d’aussi près un vaisseau de cette dimension.

Le vaisseau qui me fait face doit bien faire une longueur de deux cent cinquante mètres, impressionnant dans l’image qu’il renvoie.

—Bienvenus à bord du « White Hope », je ne vais pas y aller par quatre chemins, messieurs. Il prend un air détaché afin de nous prévenir que nous allons naviguer dans le ciel d’Alpha mais pas que.

—Mais avant, une visite de circonstance à bord de son joyau tentaculaire comme il le dit.

Il nous énumère que celui-ci a été construit en alliage de titane agrémenté de composites de carbone avancés. Ce vaisseau robuste et léger possède un moteur à fusion nucléaire et un système de propulsion par distorsion qui permet de voyager à la vitesse de l’éclair. La coque extérieure, d’un noir profond, est dotée d’un revêtement réfléchissant qui réduit la chaleur des radiations solaires. Car en effet, nous allons nous approcher du soleil et quitter l’atmosphère centaurienne. Lorsque j’entends cela, l’excitation est à son comble au sein de ma poitrine battant la chamade. Je vais naviguer dans l’espace ! Le rêve de Calvin va devenir le mien.

Le général qui a un regard puissant sur l’académie, recherche avec dévotion Les Hydra Sélector.

—Les fameux pirates de l’espace…entend-je marmonner Virgil.

Il est comme moi ébahi par tant de technologie au sein du White Hope alors il n’ose pas avancer. Il se fait discret et c’est tant mieux. Il en devient plus supportable.

—Vous pourrez revêtir les uniformes à votre portée, nous indique-t-il en nous montrant des casiers à l’entrée.

Deux hommes assez jeunes qui font partis de l’équipage se présentent tour à tour comme étant les officiers Austen et Mavrick. Ils ont un air strict sur le visage mais ils nous accueillent en haussant la tête pour signaler comme nous sommes les bienvenus.

L’uniforme de cette armée est d’un tissu très recherché, âpre au toucher mais agréable à porter. Il a la même texture que ceux de notre épreuve qui nous a permis de gagner. Il permet le camouflage avec un petit plus, il peut réguler notre température.

Lorsque nous pénétrons au cœur du vaisseau, un soldat est penché sur un tableau de bord holographique qui permet de prendre les commandes qui sont intégrées. Il permet l’arrivée des données en temps réel de l'environnement spatial et d’observer la position des cibles. Une grande vitre panoramique offre une vue imprenable sur le champ de vision.

—Et encore vous n’avez rien vu, nous informe le général.

—Oui, nous n’avons pas encore décollé ! nous indique le pilote.

—Naviguer dans l’espace entraîne des difficultés respiratoires, d’apesanteur ou autre ? vient à questionner Virgil.

Il n’est vraiment pas au fait des nouvelles technologies.

—Non, ici nous avons tout ce qu’il nous faut de programmer, aucuns soucis de ce côté-là.

Il nous demande de nous installer sur des sièges appropriés en nous ordonnant de nous attacher.

—Le décollage peut être rude parfois !

Je ne crains rien mais tout de même j’ai quelques appréhensions vis-à-vis de ce voyage. Que va-t-on découvrir au-delà de cette planète. Je n’ai jamais été plus loin que notre vague cité…Alpha Centauri est redoutable alors je n’imagine même pas au-delà !