Fyctia

Arielle se met à découvert et je la distingue dans mon écran, s’avançant sereinement vers l’un des gardes. Il nous parvient une voix robotique signalant qu’elle doit rester où elle est.

—Je prends la décision d’avancer, veuillez nous dire, combien y’a-t-il d’otages ? lui demande-t-elle. Elle semble calme, posée et à l’aise dans son rôle de médiatrice.

—On y va ? Elle semble l’avoir calmé. Regarde il réfléchit… lance-je à Virgil.

Mais peine perdue, il lâche un tir de son arme à laser allant directement se loger dans le bouclier d’Arielle qui se désagrège instantanément. Elle n’a plus aucune chance. Je panique et tente d’aller la sauver. Je commence à plonger dans le couloir mais Virgil me retient.

« Vous n’êtes plus que deux ! Désormais, à vous de jouer pour la dernière étape » .

Je ne vais pas laisser Arielle face à ces criminels ! Je sais bien que ce n’est qu’un jeu, mais elle va se faire attraper et finir comme les autres, enfermés je ne sais où.

Et c’est ce qui arrive, elle est amenée par l’un des preneurs d’otages, qui m’a l’air plus vrai que nature, celui-là !

—Il faut neutraliser le garde qui est à l’entrée, lui signale-je, peu convaincu.

—Oui, mais comment ? Il se tait afin de réfléchir et me lance :

—Tu pourrais utiliser ta magie…

Je ne sais pas ce qu’il raconte, mais il me fait peur tout à coup. Je n’ai rien d’un magicien. Pourquoi il me sort ça ?

—Je sais bien que tu caches quelque chose…un objet ou je ne sais quoi.

—Je ne vois pas et puis qui t’as dit ça ?

—Il se pourrait que Max Jefferson ait vendu la mèche.

Nous sommes filmés et je ne peux pas utiliser un objet à titre personnel dans un jeu, ce serait triché. Je lui fais savoir mais je me rends compte que j’en ai trop dit. Voilà ma réputation de magicien fait ses preuves, alors qu’en réalité je ne suis qu’un leurre sans importance.

—Nous avons nos armes à laser, ça devrait suffire…Et nous sommes deux donc l’un de nous peut servir d’appât pendant que l’autre s’introduit dans la pièce menacée, me dicte-il.

Bien sûr et c’est moi qui devra servir d’appât selon Virgil. Mais aucun de nous ne cèdera.

Je décide donc d’utiliser notre pauvre drone. Nous l’éloignons de la cible et le dirigeons vers le sens inverse. Pas manqué, une alarme puissante se remet en route et c’est reparti…

Nous allons mener un assaut à deux ! En parallèle, je touche à ma montre qui n’a plus donné signe de vie depuis des jours…non, je ne vais pas m’en servir…ça serait trop facile.

Je m’en sers de minuteur afin de comptabiliser le temps que va mettre le criminel à rejoindre notre piège. D’ailleurs, ça fait bien deux heures que nous sommes sur l’épreuve. La diversion semble se dérouler à merveille. Le garde suit avec une naïveté robotique notre drone.

—Regarde ce que j’ai chopé tout à l’heure, me montre Virgil.

Une balle ? Celle-ci tient dans sa main. Il a dû trouver cela dans le coffret de la salle de présentation. Il ne me le dit que maintenant ? Je ne peux vraiment pas compter sur lui, s’il se la joue perso, c’est bien pour une raison. Mais à quoi sert-elle ?

—On va la balancer avant d’entrer…c’est une bombe à plasma. Cela exige de libérer une grande quantité d'énergie sous forme de chaleur et de lumière, en créant une décharge de plasma justement. Mais t’inquiètes elle ne doit pas être mortelle…

—Encore heureux !

Nous nous lançons tous les deux vers la salle qui est désormais à notre portée. C’est plus facile que je ne le croyais. Jusqu’à ce que je me rende compte que celle-ci est fermée. J’utilise mon savoir afin de déverrouiller le boîtier qui permet l’ouverture sécurisée. Facile, quand on connaît ce mécanisme désuet qu’utilisait la police il y a quelques années.

—Grouille, avant qu’il ne revienne, l’autre gugusse…

Je sens que nous allons avoir une surprise de taille lorsque nous allons ouvrir, mais je ne dis rien. Ma mauvaise intuition s’avère réelle lorsque le cliquetis de la porte se fait sentir et que nous nous engouffrons à l’intérieur. Je distingue trois formes tapis dans l’ombre qui lancent des appels. « Sauvez-nous ! ».

Deux déflagrations se font entendre, nous avons juste le temps de nous jeter au sol sans être touchés.

Allongé, les mains en avant, je me retourne. Virgil qui a balancé sa boule à plasma vers l’un des criminels, a la bonne idée de crier « Tous à terre ! ». Une sphère d’énergie pulvérise l’hologramme. Il n’en reste plus qu’un, qui pointe son arme sur moi. Je me relève avec minutie. Je ne sais pas comment ça se fait, mais mon arme factice a disparue de mon holster. Je ne peux compter que sur moi. Mon bras droit en l’air je tente de lui montrer que je ne suis pas armé. C’est à ce moment-là qu’un dôme d’énergie entoure ma main et qu’un puissant jet se dirige sur le preneur d’otages.

Une lumière intense, suivi d’une image qui s’amenuit, l’ennemi se repli et disparaît telle une brume évanescente.

Je suis complètement sonné par ma magie involontaire. Virgil qui me scrute implacable, ne comprend rien. Nous nous jaugeons et je positionne ma main sur ma cuisse, l’air de rien.

Nous n’oublions pas notre mission et faisons fi des otages représentant deux hommes et une femme. Ils attendent et nous comprenons que nous devons les évacuer.

—Attends ! fais-je à Virgil. Le dernier criminel, est toujours dehors !

Il sort son arme à laser afin de protéger les pauvres victimes pendant que je me demande comment va se terminer l’exercice. Le garde revient dans la foulée. J’ai dans l’idée de faire la même chose avec mon arme secrète parce que nous n’avons plus de munitions. Mais je me rebiffe.

Je vais plutôt me la jouer combat manuel.

—A trois, on attaque et on le chope, hurle-je à Virgil.

Je vois dans son regard que gagner c’est ce qui le maintien dans la course alors il a cet élan de vainqueur.

Nous attrapons le garde qui n’a pas le temps de bouger. Il a toujours son arme. Je le désarme en tentant de lui maintenir le bras. Son arme disparaît et l’image du garde se volatilise.

Les otages, doivent être mis en sécurité, c’est la dernière phase, alors nous leur indiquons de sortir sans paniquer. Une alarme différente de celle que nous avons l’habitude d’entendre se met en mouvement.

« Bravo ! l’exercice est terminé ! Vous avez réussi. Maintenant merci de rejoindre le gymnase pour les résultats ! »

Nous nous retrouvons soulagés d’être parvenus au bout de cette aventure. Je sens de la déception dans les yeux de Virgil. Il n’est pas le premier. Parce que en effet, nous sommes deux. Qui a donc tiré son épingle du jeu ?

Nous allons le savoir parce qu’il faut nous rendre au point de départ pour un débriefing. Nous poursuivons le chemin inverse en traversant toutes les salles de notre parcours.