Fyctia

—Tu te rends compte Kanes, on est dans les premiers ! On a réussi ! s’enthousiaste Arielle.

—Tu ne crois pas si bien dire ! lui rétorque Virgil, le sourire en coin.

Quand je vois sa face de vainqueur qui se prend pour un conquérant, j’ai envie de lui dire qu’il est arrivé sur le fil.

Il ne s’en formalise pas et tout fier, il bombe le torse en ordonnant aux autres concurrents de faire attention à lui.

—Je peux être redoutable dans l’action !

—On n’en doute pas, se moque l’un d’eux. Un garçon au physique avenant. Tout en muscle, très grand, il fait le double de Virgil en corpulence.

Dès qu’il le voit, celui-ci se tait, embarrassé tout à coup d’être entouré de personnes plus fortes que lui au premier abord. Je comprends que les quatre autres garçons dans la course sont impressionnants. Ils ne sont pas dans notre classe. Ils se connaissent c’est évident par leurs clins d’œil incessants. Leurs visages semblent indiquer : « Nous allons vous pulvériser ! »

La salle où nous nous trouvons est lumineuse mais sans fenêtre. Toute la luminosité est artificielle. L’odeur de renfermé qui inonde mes narines, me donne envie d’éternuer seulement je me retiens.

Je devine aux petits boitiers incrustés au plafond que nous sommes filmés. Ils bougent dans une cadence démesurée à chacun de nos mouvements. La voix du Directeur nous parvient par des enceintes désormais connectées.

« Bravo, vous êtes parvenus à la seconde étape. Maintenant unissez vous afin de passer à l’épreuve suivante. Vous pouvez laisser vos tablettes à l’emplacement indiqué. »

En effet, une cavité dans le mur s’ouvre par enchantement et nous découvrons tout un tas de gadgets. Nous examinons différents modèles d’armes. Sont-elles factices ? A en juger par leur aspect et légèreté j’en conclue que oui. Je suis soulagé dans un premier temps. Quand l’un des quatre énergumènes s’en empare et l’utilise, un jet de laser bruyant nous fait sursauter.

—T’es taré ! On ne sait pas avec eux ! s’indigne son ami dont la peur évidente enclenche en lui une appréhension.

—Ils ne sont pas fous, tout est faux !

—Regardez, ceci, un holster pour chacun, s’enthousiasme le dernier. Il nous les distribue . Après nous être muni d’une arme à laser non létale, je déniche un gros coffret enfoui dans ce trou béant. En l’ouvrant, je m’empare d’un petit appareil vibrant. Je devine que c’est un shoker, utilisé afin de neutraliser l’ennemi. Il émet des décharges électriques en cas d’agressions. Il a la forme d’un bâton cylindrique adapté à notre poigne. Arielle qui a les yeux rivés sur ma trouvaille, me devance et s’amuse avec une boule sensorielle servant à contrebalancer l’attaquant dans un champ gravitationnel afin de le déséquilibrer.

Virgil curieux se joint à moi et furète aussi dans cette source inépuisable, il y ressort un bouclier qui une fois activé, émet un champ énergétique servant à protéger l'utilisateur des projectiles ou des attaques physiques.

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises face à ces nouveaux uniformes de camouflage qui une fois enfilés, peut permettre de nous rendre presque invisible aux yeux des assaillants. Mais les capteurs incrustés dans ce tissu peuvent aussi ressentir notre niveau de stress auquel cas, nous pouvons être grillés. J’avais déjà entendu parler de tous ces gadgets utilisés par la police qui sont en phase d’expérimentation.

La pièce où nous trouvons s’assombrit et trois portes que nous n’avions pas encore vues, s’illuminent faiblement. L’ambiance feutrée nous met en condition.

La voix de Monsieur Samson nous parvient:

« Voici le scénario qui a été mis en place : une alerte vous indique qu'un groupe de cybercriminels a pris en otage des membres d'un comité de direction d'une entreprise technologique dans un bâtiment entièrement connecté. Les preneurs d'otages menacent de déclencher des dispositifs de sécurité ou de rendre accessibles des données sensibles si leurs demandes ne sont pas satisfaites.

Il vous faut entrer dans l’une des salles en vous faisant discrets. Quel est l’accès ? C’est à vous de vous diriger vers la bonne porte. Vous orienter vers le danger à venir sera la source de votre engagement. »

Une fois munis de nos babioles de combats, il nous faut analyser l’environnement.

Arielle, Virgil et moi sommes à l’affût d’un bruit suspect. Nous ne bougeons pas. Les quatre élèves robustes ne réfléchissent pas et en se jaugeant, il se précipitent vers la porte la plus proche et la plus éclairée. Mais celle-ci semble fermée. Ils s’agitent tour à tour sur celle-ci.

—Vous voyez bien que ce n’est pas ici d’où vient le danger ! Pauvres types ! s’emporte Virgil.

—Oui, écoutez ! chuchote Arielle.

Un son aigu et étourdissant se fait entendre. C’est une sonnerie provenant de la porte la plus éloigné.

C’est la direction à prendre, nous en sommes persuadés à présent.

—Nous devons être discret ! leur conseille-je.

—Oui, si les assaillants sont derrière, c’est la meilleure des choses à faire ! rajoute Virgil.

—Il y a des systèmes de sécurité, des alarmes à désactiver avant tout, complète-je.

L’un des quatre énergumènes ne m’écoute pas et se hâte d’aller ouvrir cette porte. Persuadé d’être dans la bonne direction, il s’introduit dans cette pièce mystère, talonné par son camarade aussi vif que lui. Ils n’ont certainement pas fait deux pas que nous les entendons beugler malgré le bruit strident.

—Non ! Ne tirez pas !

Puis c’est le silence. L’alarme n’est plus active. Mais pas de répit car un tir puis deux se fait entendre. Un crissement, suivi d’un corps qui s’écroulent nous sort de notre léthargie. Des pas qui martèlent le sol, un autre cri. L’alarme s’active à nouveau et cette fois, elle est de plus en plus puissante.

—Mais qu’est-ce qu’ils foutent ? s’enquièrent les deux autres paniqués.

—Ils se sont jetés dans la gueule du loup ! s’exclame Arielle.

—Il faut aller les aider, s’inquiète l'un des amis des deux audacieux.

Mais personne n’ose faire un pas.

« Vous n’êtes plus que cinq, hâtez-vous ! Les attaquants menacent ! »