Fyctia

Je continue de croire que le coupable sera forcément démasqué. Il faut être sacrément manipulateur pour tromper ces agents. Après de vaines recherches effectuées toute l’après-midi ici, ils n’ont rien découvert. Je reste ahuri par leur incompétence.

—C’est dingue, ils n’ont rien ! m’insurge-je.

—Moi, je n’ai pas paniqué, ils ont bien vu que j’étais dans l’ignorance.

Arielle grimace en se moquant d’eux. Lény se joint à notre conversation en accusant ouvertement l’un des dernières années.

—Moi, ce Max, le frère de Pearson, je ne le sens pas…Et vous avez vu, il est bizarre aussi le coco...

—Tu parles de Pearson ? demande Arielle.

Le voyant dans notre champ de vision, nous nous taisons. Parler sur le dos d’un ami, ça me dérange. Il faut croire que je ne suis pas le seul à avoir remarquer sa gêne au déjeuner.

Je file en sa direction et le prends à part pour le questionner parce que je le vois hésitant à intégrer notre groupe.

Person est le dernier à avoir été interrogé aujourd'hui.

Apparemment, les policiers reviennent demain pour continuer leurs investigations. J'émets des doutes sur ce qu'à pu leur dire Pearson.

J'ose lui parler direct.

—Pearson, tu aurais vu quelque chose, tu nous l’aurais dit, n’est-ce pas ?

—Oui…bredouille- t-il.

Il se tend et tapote du pied. Les poings serrés, le regard fuyant, il cherche une réponse appropriée.

—C’est Virgil ? N’est-ce pas ?

—Non ! beugle-t-il en faisant semblant d’être outré.

—Il t’a dit de ne rien dire ? Il te fait chanter ? T’as peur de lui ? Continue-je dans ma lancée.

—Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Toi aussi tu nous cache des choses, ajoute- t-il à mon encontre.

Il devient rouge, surpris par son audace.

Je le traîne jusqu’à une salle beaucoup plus intime pour discuter. En l’occurrence, celle où se niche différentes machines permettant de simuler une scène de crime.

Nous passons notre badge et nous entrons dans cette ambiance feutrée propice aux confidences.

Des faisceaux inondent le sol, les murs sont fluorescents et des traces se laissent entrevoir dans cette pièce confinée. Je suis à la limite de ressentir un malaise. Je m’y prends à plusieurs fois avant de lui signaler :

—Je ne supporte pas d’être enfermé, désolé…Ici, c’est …

—Irrespirable ? T’inquiètes, je te comprends. Je sais ce que tu as vécu…

Je le scrute, dans l’incompréhension la plus totale. Jusqu’à ce mot glissé parmi les autres : « ton père ».

Je sens cette oppression et cette scène qui revient en boucle. Je tente un exercice de respiration pour me calmer. Pearson se rend compte de mon trouble et tente de s’expliquer :

—Virgil était en train de lire un dossier déniché dans les archives numériques, à la bibliothèque. Il m’a fait un compte rendu détaillé. C’est affreux, je suis désolé. Voir mourir son père, comme ça…

Il ne s’arrête plus et lui d’habitude si timoré. Il prend de l’aplomb. Parce qu’en effet, selon les autorités, aucun détail n’avait été ébruité sur ma présence. Mais Virgil le savait déjà au vu de ce qu’il m’a déjà balancé. Il m’a déjà dit connaître mon secret.

Pourquoi est-il allé fureter dans ses archives ? Qu’est-ce qui l’intéresse ? Il veut me détruire encore plus ?

—Je suis coupable de sa mort, voilà.

Il reste muet et ne sachant pas quoi dire, je le devance en soulevant ma manche.

—Cette montre, je pense qu’elle vient de lui…

—Comment ?

—Le temps me poursuit …C’est un messager qui me l’a transmise. Un visiteur du futur veut me détruire.

C’est impensable, mon père est mort, je sais. Mais l’espoir qu’il ai pu survivre dans un autre espace temporel. Dans un monde parallèle, tu vois…

—C’est impossible, tu le sais. Mais pourquoi voudrait-on te nuire ? s’indigne-t-il.

—Je ne sais pas…Je vais faire quelque chose dans le futur…d’attractif ou de dangereux ? Le mystère qui découle de ce messager me rend complètement parano parfois. Alors, excuses-moi mais j’ai bien cru à un moment que tu étais pour quelque chose dans ce piratage ou du moins Virgil…

—T’inquiètes, je ne t’en veux pas parfois j’ai du mal à m’exprimer, tu sais…et Virgil peut être très …Il cherche le bon terme afin de le qualifier.

—Pervers Narcissique ! Oui c’est vrai mais qu’est-ce qu’il me veut ?

Pearson n’est pas à même de me répondre. Il reste statique, dans l’attente que je dise ou fasse quelque chose. Je ne sais pas comment qualifier les doutes qui m’envahissent. Je vais tenter de découvrir et de percer à jour cet idiot de Virgil. Mais ça va être coton ! Il n’est pas facile à atteindre.

Je lui demande ensuite de me parler de lui…Ce qu’il fait avec tranquillité. Il semble avoir trouver en moi, un ami à qui confier sa solitude.

—Je ne suis pas apte à concourir dans cette école. Je suis trop taciturne, trop renfermé, trop peureux, pas courageux. Je me dis que toi tu es passé des souffrances terribles, qui marquent, moi je ne suis rien…

Je me rapproche de lui, prêt à le prendre dans mes bras. Comme je n’ai pas l’habitude de ces effusions, je me retiens. Je lui tapote l’épaule placidement. Si ce n’est pas son désir d’être ici, je le plains. Et c’est dire qu’être un agent sur cette planète, ça vaut tous les aptitudes et le courage nécessaire pour supporter des crétins qui peuplent notre environnement.

—Je t’interdis de te dévaloriser. Tu as bien un rêve ?

—J’ai toujours voulu être de ceux qui voyagent à la découverte de nouvelles contrées. Tu vois comme cette planète bleue. J’aimerai analyser leurs rites, leurs coutumes et aider ainsi Alpha Centauri à devenir plus habitable.

—Un explorateur de nouvelles contrées galactiques ! Tout un programme ! Ou bien tu pourrais être un politicien de renom qui changerai les mentalités !

—Dans l’immédiat j’aimerai bien t’aider Kanes. Même si je n’ai aucun don particulier, ni l’instinct pour débusquer ton visiteur du futur. Tu penses qu’il pourrait être lié à ces piratages ?

Je vais devoir être honnête avec lui, et lui signaler que chaque personne est suspecte. Même les élèves. Quoi qu’il faille être très doué pour effectuer ce genre de prouesse. J’ai bien des doutes sur quelques personnes mais aucunes certitudes.