Fyctia

Nous sommes donc enfermés dans ce laboratoire de fortune. Calvin ne cesse de frapper sur tout ce qu’il voit. Mais rien n’y fait la porte ne cède pas. Je parviens à stopper les lignes de piratage. Les lumières redeviennent décentes et les écrans sont désormais devenus noirs.

—Qu’est-ce que t’as foutu Kanes ! s’emporte mon camarade.

Le Professeur Norton beaucoup moins en colère contre moi, examine chaque ordinateur et par-dessus-tout sa fameuse machine.

—Tout a grillé ! Regardez les composants, pas possible !!! se lamente-t-il en levant les bras.

Il ne cesse de s’agiter et il est complètement affolé. Moi, je ne cesse de me remémorer ce qui s’est passé. Je suis persuadé que le pirate est dans cette école. Il est très doué, parce qu’il a réussi à s’introduire dans la sûreté de cette zone. Je soupçonne quelqu’un de très proche de ce groupe. Il faut être un savant mélange de persévérance, de culot et de génie pour s’introduire dans l’antre de Temporis.

Calvin qui ne cesse de m’invectiver, pense que je suis responsable des dégâts.

—Je n’ai fait que le stopper ! Le virus que j’ai introduit le visais tout d’abord. Rien n’est perdu si vous avez une sauvegarde, n’est-ce pas ? Vous pouvez tout remettre sur pied ? lui demande-je optimiste.

—C’est ce que je veux m’en assurer, complète Calvin en regardant le Professeur Norton.

Ce grand gaillard enclenche l’ouverture de la porte du laboratoire et file à travers le couloir.

Eh bien, ça promet encore du lourd, apprendre dans cette école, pensé-je !

Le Professeur Norton, me tapote l’épaule afin de me féliciter.

—Merci, Kanes, tu as peut-être permis de gagner du temps ou de sauver quelques données.

Il se tourne vers son trésor :

—Il va falloir néanmoins tout recommencer, mais qu’est-ce qu’ils cherchent ici, ces pirates !

Nous nous rendons ensuite à l’accueil d’Alpha Victory et apparemment, seul le laboratoire du pôle scientifique a été touché. Victoria n’a subi aucuns dégâts majeurs.

Elle informe les élèves :

« Petit incident dans la zone Temporis mais tout est sous contrôle, vous pouvez aller déjeuner ».

Manger est le dernier de mes soucis, mais j’ai besoin de retrouver mes amis après cette folle matinée. Je me rends donc à la cafétéria où un brouhaha entêtant se mêle à l’agitation.

Apparemment, ce qui s’est passé tout le monde est chaud et les esprits s’emballent. Lény est agité et prend ses aises sur une table en tapant du poing.

—Encore un piratage ! Il faut les arrêter ces lascars !

Arielle beaucoup plus curieuse et moins dans l’excès me questionne sur ma matinée.

—T’étais là -bas dans la zone ? T’as tout vu ? Raconte !

—Oh je ne sais rien de plus, juste que quelqu’un a tenté de s’introduire dans le cerveau de la machine temporelle du Professeur Norton.

Pearson qui écoute, n’ose pas prendre la parole. Il a un air préoccupé, j’ai donc du mal à aller vers lui pour le questionner. Sa réserve m’effraie un peu, je dois dire. Parce qu’étant réfléchi et posé, j’aspire à ce qu’il aille dans mon sens. Et j’ai l’impression qu’il me cache quelque chose. Je me méfie donc et le laisse mariner. C’est Arielle qui le titille en le forçant à s’ouvrir.

—Pearson, t’était où toi ? C’est vrai qu’on ne t’a pas vu de la matinée. Lény et moi étions en pleine séance de sport intensif. Je sais que ce n’est pas ton trip, alors ?

Notre camarade m’a l’air gêné, il reste distant et bafouille un vague :

—Je révisais les sciences sociales dans la bibliothèque…

Lény qui n’a cure de ce que dit notre ami, en vient à parlementer sur la-dite machine temporelle.

—Elle a été endommagée ?

—A vrai dire en partie oui, Calvin l’un des membres du groupe devait vérifier si…

En parlant de lui, il se dirige droit sur moi, un peu moins en colère que tout à l’heure.

—Mec, on a eu de la chance, le début de la sauvegarde était en passe d’être éjectée, t’as pu arrêter à temps ces pirates.

Je suis soulagé mais pas tout à fait, un toussement me fait sortir de mes gonds. Pearson semble vouloir me dire quelque chose.

—Il semblerait que j’ai vu …

Cependant il ne dit rien parce qu’il est stoppé dans son élan par l’arrivée de Virgil dans le réfectoire. L’attitude mesquine qui ressort de cet abruti semble bloquer mon ami.

Que me cache- t-il ou qu’est-ce qu’il n’ose pas me dire ?

Il se renferme sur lui et je sens que je vais avoir un mal fou à lui faire ressortir ses émotions. C’est Arielle qui tente de le débrider.

—Il t’intimide cet idiot ?

—Non, je …suis juste …bafouille-t-il en suivant des yeux celui qui semble lui faire peur.

Virgil, sans gêne passe devant un groupe de première année et s’empare d’un plateau afin de se servir. Personne ne dit rien, c’est effarant l’emprise qu’il a sur les autres. Il occupe toute la place rien qu’avec ses manières et lorsqu’il a fini, aucune place n’est libre à part notre table.

Il s’y installe sans nous demander notre avis et ose se lancer dans une conversation :

—C’est dingue ces pirates quand même !

—Oui, étrange quand même et t’étais où, toi ? questionne Arielle de façon anodine.

Et d’adressant à elle, il lève la tête de son assiette avec dédain :

—Là où tu ne pouvais pas être à ma place. Et d’ailleurs, partante pour un combat ? Cette fois-ci je veux une revanche.

Il mâchouille un morceau de viande qu’il recrache aussitôt.

—Tout est vraiment dégueu ici !

—Je sais pas qui est le plus dégueulasse, lui rétorque-t-elle.

Il est de plus en plus intriguant dans ses gestes, il veut nous faire passer un message, c'est certain. Ce garçon est mystérieux mais il cache certainement un mal-être. A être aussi détestable, il doit avoir un besoin d'estime grandissant.

L’après-midi, nous reprenons le chemin des cours après cette pause qui n'est pas vraiment un feu d’artifice gustatif au niveau de nos papilles. La nourriture ici est infecte, c’est un fait, même si Lény est le seul à avoir tout gobé.

C’est le Professeur Anderson qui nous attend la mine anxieuse. Il attend que nous soyons tous installé pour nous alerter sur la tentative de ce matin.

Il ne dit rien sur moi, fort heureusement mais c’est l’idiot de l’académie qui soulève les faits :

—Il paraît que Kanes a apporté sa petite contribution…

—En effet, fort heureusement…Nous devons être vigilant parce que j’ai relevé certaines incohérences dans ce piratage…