Fyctia

Mes amis et moi sommes prêts à découvrir notre binôme pour cet exercice physique.

Les premiers à être en ligne de mire se sont Lény et Pearson. Tiens, ça va donner du lourd entre les deux ! S’ensuit tout un lot de groupe improbable.

Arielle a la malchance de tomber sur Virgil. Quant à moi, je n’ai pas été appelé. Mais comme nous sommes en nombre impair, il fallait bien un dernier rejeton qui va devoir rester sur le banc de touche.

Monsieur Mayson, qui a les yeux rivés sur moi m’indique de le rejoindre.

—Vous serez avec moi, aujourd’hui, Monsieur…Rappelez-moi votre nom…

Je lui fournis mon identité avant de me mettre enfin en place.

—Je veux visualiser dans un premier temps de quoi vous êtes capable. Vous, les deux…vous nous servirez de cobaye. Nous vous analyserons, fait-il en désignant Arielle et Virgil.

Mon amie a les yeux écarquillés, elle ne s’attendait pas à ce qu’elle commence avec en plus des spectateurs prêts à toutes les critiques.

—Nous ne sommes pas à égalité, c’est une nana, s’époumone Virgil en toisant sa future opposante. Je vais en faire qu’une bouchée, murmure-t-il à son encontre.

Arielle qui a tout entendu, le foudroie en levant les poings.

—T’as pas idée, mon pote !

—Pas de discrimination, je vous prie ! Allez en place.

Toute l’assemblée les scrute, dans un élan de solidarité, les filles présentes encouragent Arielle.

Les deux cobayes doivent se positionner comme dans une situation d’agression. La victime, pauvre Arielle, doit montrer sa capacité à rebondir.

Nous suivons avec attention, chaque geste en mentionnant au passage, ce qui est plausible ou pas. Arielle doit faire semblant d’être surprise par son agresseur Virgil.

Aucun mouvement brusque, tout est dans la finesse des pas de Virgil qui l’attrape par les épaules. Sa victime de ne se laisse pas faire et lance un coup de coude dans l'abdomen. Mais il lui en faut plus à Virgil. Alors l’agresseur lui attrape le bras en la maintenant avec force. Il la force à plier les genoux afin qu’elle se mette à terre. Arielle qui n’a pas encore utilisé toute sa ressource parvient à le déstabiliser.

Son pied vient se crocheter à celui de son adversaire qui perd l’équilibre. Désormais à terre, Virgil l’entraîne à son tour à ses côtés. Un roulé boulé s’intensifie et Virgil se retrouve assis au-dessus de sa supposée victime. Ses deux genoux enserrant le pauvre corps d’Arielle. Je sens toute la tension dans leurs regards. Les bras maintenus au-dessus de sa tête, elle est piégée.

—Soulèves-toi, lui crie l’une des spectatrices et les autres enchaînent les encouragements.

—Te laisses pas faire !

Tandis que Virgil tente de garder confiance en usant de sa force aussi bien mentale que physique, Arielle tente de faire fi de ce corps à corps gênant et incongru. Je la sens en colère et dans un élan, elle lève son bassin avec une telle hargne. C’est alors qu’il lâche prise, médusé. Elle parvient à se lever en l’entrainant avec elle dans le sens inverse. Ce corps à corps musclé entre ses deux adolescents s’avère très intéressant.

—Relevez-vous ! s’indigne le professeur.

Mais la haine qui les habite est la plus forte. Alors une fois debout, Arielle profite d’un moment d’inattention pour agir avec l’un de ses genoux. Virgil, s’étant probablement pris un coup dans ses parties intimes, hurle avec dévotion. J’ai mal pour lui…

—Bon, c’est terminé ! crie Monsieur Mayson. Maintenant analysons.

—Oui, c’est tout vu, il ne faut pas l’embêter Arielle, entendons-nous de la bouche de Lény.

Virgil qui n’en a pas fini avec elle, semble perturbé par ce combat alors il la menace :

—T’as pas intérêt à te retrouver dans ma ligne de mire !

Notre professeur, le jauge et lui signale de rester correct. Il lance le débat sur ce que nous venons de voir.

—Tout d’abord, Arielle a bien anticipé le premier geste je trouve, se lance l’un.

—Oui, elle déchire Arielle.

C’est une giboulée de compliment qui vient remplacer les bons gestes à adopter. Le professeur nous indique que la manière d’agir de chacun n’est pas la bonne.

Il présente chaque action comme dépassée.

Je le cite :—On n’est pas dans un film, tout acte se doit d’être convainquant !

Il invite donc à chaque binôme de se mettre en place afin de commencer le combat à leur tour.

Cette confrontation avec Monsieur Mayson me met dans un état de stress évident. Il est face à moi et m’observe avec un air de défi. Toute sa posture indique qu’il est prêt.

Moi, je ne peux pas. Je ne sais pas comment me lancer face à ce grand gaillard à l’aspect chétif.

Je serre les poings et je souffle pour me donner du courage.

—Allez, attaque gamin !

Tu ne crois pas si bien dire. Je ne suis pas…un …gamin…

Je pense aux Hydra Vice, au frère de mon ami Karlton. Je veux que ma colère pulse et que ma vaillance accapare tout mon être. Il me vient aussi et surtout en tête l’assassin de mon père.

Celui qui n’est autre que …

Je n’ai pas le temps de réfléchir plus longtemps à me faire du mal à l’esprit et m’élance. Je n’ai pas le temps de le toucher que mon adversaire esquive mon affrontement. Je reste béat lorsque qu’il me frappe dans l'abdomen rien qu’avec la paume de sa main. Je suis projeté en arrière mais je tente de garder mon sang froid.

—Il faut deviner chaque mouvement et se mettre à la place de son adversaire afin d’anticiper ! crie-t-il à l’encontre de tous les élèves.

Son physique n’est pas fourni en muscle mais il est malin et se faufile à une vitesse vertigineuse à chacune de mes avancées. Un pas en avant, un pas en arrière. Jusqu’à l’ultime affrontement qui me laisse complètement désemparé. Je ne suis pas capable de me défendre.

Monsieur Mayson se jette sur moi et c’est dans un élan fulgurant qu’il tente un étranglement. Je ne me laisse pas faire et je lui attrape le bras. Il me force à me défendre en me déstabilisant avec son autre bras libre.

—Kanes, il faut s’adapter ! Et surtout réagir !

Je riposte par un coup de coude dans ses côtes. Un retournement de situation qui n’est cependant pas en ma faveur parce qu’il se baisse. Il attrape ma jambe en tentant de me déstabiliser. Ce qui provoque ma chute. Je suis à terre et une honte monumentale m’envahit car tout le monde a vu.

Chaque groupe, en effet, a suspendu son geste de combat. Parce que si certains ne savent pas comment s’y prendre d’autres ont déjà mis leur concurrent en mode perdant.

En gros, nous voyons immédiatement qui sont les plus faibles.

Je n’ose pas me relever parce que j’entends rire Virgil. Ce qui me met dans un tel état de fureur que je me lève immédiatement et cours le rejoindre.

Celui-ci assis n’a pas le temps de se lever que je suis déjà avachi sur son corps le poing en l’air.

Je ne peux pas m’arrêter et je m'apprête à envoyer un coup féroce. Cependant, je ne parviens même pas à l’atteindre.

Parce que mon bras est bloqué par une main vivace.

—Kanes, on n’est pas là pour rendre des comptes ! Vous deux, chez le Directeur, nous impose Monsieur Mayson.