Emmy Jolly Alpha Victory 14: La soirée d'accueil

14: La soirée d'accueil

Dans l’urgence de la situation, je prends ma montre avec moi afin de la cacher. J’ai peur de ce qu’elle peut me révéler à tout moment. Peut-elle faire de moi un meurtrier ? Ou à l’inverse me permettra-t-elle de me sauver ?


Elle est le seul lien indéfectible avec cet inconnu.


Je mesure l’impact que j’ai sur la vie également de mes nouveaux amis. Sont-ils en danger également ? C’est une question à laquelle je vais devoir me pencher…


Cette soirée d’accueil va me permettre de jeter un œil sur l’environnement et les individus qui peuplent cette école.

Affublé de mon uniforme de premier grade, c’est-à-dire d’écolier, je foule l’entrée du hall d’accueil.


J’attends Pearson et Lény qui ne devraient pas tarder car ils n’avaient pas fini de se préparer. Je tâte l’ambiance des couloirs, des salles de classe vides et de la floraison d’odeurs de détergent.


Je distingue quelques élèves que je suis de près afin de ne pas me sentir trop à l’écart. Je n’ai pas envie de me faire agresser même si mon mystérieux ennemi ne sait pas encore que c’est moi qu’il cherche, il vaut mieux être prudent. Un rassemblement est d’autant plus inquiétant qu’un attentat en masse peut se révéler dramatique.


—Hey ! Tu es nouveau ici ? Me crie l’un d’eux.


Il a l’allure d’un agent en devenir, avec une posture assez robotique. Il a déjà dû apprendre les rudiments nécessaires à sa future fonction. C’est une machine ce mec, me fais-je la réflexion.

—Je peux t’aider ? Je suis en dernière année et les nouveaux on les reconnaît…Si t’es perdu…


—Non, ça va. Je n’ai pas besoin d’aide.


Ma réponse est mécanique comme lui.


—Je suis en dernière année, donc si t’as besoin, mec…


J’opine et lui sourit pour être poli et me concentre sur ma trajectoire. J’ai les yeux rivés sur cette fille qui déboule au coin du couloir. Celui-ci est obstrué par de lourdes appareils roulants servant pour le ménage. Elle marche d’un pas rapide pour atteindre les lourdes portes à proximité qui s’ouvrent sur son passage. Elle a un laisser-passer à reconnaissance faciale.


Je me dépêche de la rejoindre en courant. Je parviens à me faufiler à sa suite en la hélant.


—Marissa !


Elle ne se retourne pas et je l’attrape par le bras la forçant à s’arrêter.


— Tu vas bien ? lui demande-je agité par ces retrouvailles inopinées.


Elle me fait désormais face et je devine que je ne suis pas le bienvenu.


—Tu fais quoi, Kanes ?


L’expression de ses yeux est intense, elle est soit surprise ou bien déroutée. Elle ne s’attendait pas à me voir. Et j’ai raison parce qu’elle me le fait immédiatement savoir.


—Qu’est-ce que tu fiches ici, dans cette école ?


—Je te retourne la même question.


Mes paroles sont froides et c’est avec une soudaine amertume que je regrette d’être ainsi.


—Je travaille ! Et on m’attend.


Son ton n’est pas mieux que le mien. Il transpire de rancœur.

Elle se soustrait à ma poigne et continue son chemin. Elle ne me laisse même pas le temps de lui parler de moi. Je ne dois pas compter assez pour elle, alors je retourne sur mes pas, déçu.


Je prends la direction du gymnase. Les indications de la voix académique m’indiquent que chaque élève doit se rendre immédiatement dans ce lieu d’accueil. Je parviens aisément à me faire une place parmi les premiers arrivés. Arielle est la première que je repère.


—Tu es seul ?


—Les autres arrivent, ils se préparent, de vraies chochottes.


—Oh, je vois que tu empreintes le vocabulaire terrien. Tu y es déjà allé ?


—Non, mais c’est mon rêve bien sûr…Et où as-tu étudié leur particularité ?


C’est vrai qu’ici, notre langage est universel, de plus, nous n’avons aucun problème à déchiffrer les différentes langues. Nous savons nous adapter et c’est inné. Alors parfois, il nous plaît d’employer des dialectes spécifiques.


—Je suis une fana de cette planète. Mon père est astronaute mécanicien. Je veux dire par là qu’il répare les vaisseaux qui permettent le voyage interstellaire.


A cet instant, nous sommes interrompus par Lény et Pearson qui nous rejoignent en se tapant dans les mains. Ces deux-là deviennent complices ? Et Pearson prend de l’assurance auprès de lui, c’est une bonne chose. Quoi qu’il y ait du travail à effectuer encore à son niveau parce que je le vois immédiatement se renfermer sur lui-même à la vue d’un groupe inattendu. D’autres élèves viennent nous saluer et notamment un groupe de future agent féminin. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi Arielle ne traîne pas avec elles. Je lui en fais la remarque et elle ose me chuchoter :


—Parce qu’elles sont trop carrées, elles ne pensent qu’à écraser les plus vulnérables. Bref, non, ça ne passe pas. On est incompatible niveau caractère !


La présence de ses filles ne gêne pourtant pas Lény qui ose aller vers elle en se faisant remarquer. Partout où il appose son empreinte, il rameute la foule. Je ne sais pas comment il fait, il a cet instinct. On s’attache à lui, irrémédiablement. Mes pensées sont vite ramenés vers l’estrade où la plupart des autres élèves plus expérimentés sont installés et doivent nous montrer le bon exemple.


Mon regard est happé par ce groupe, celui de Max. Il est omniprésent et j’espère qu’il n’ira pas me dénoncer pour ce qu’il a vu la nuit dernière. L’arrivée d’un autre gars que je n’avais jamais vu auparavant, me permet de détourner les yeux vers lui. C’est un grand gaillard à la démarche d’un brave soldat. Les cheveux très courts et la mâchoire carrée sans aucun sourire me foudroie de ses prunelles noires de jais.


Je n’avais jamais perçu une telle nébulosité chez une personne. Il est crispé à son siège et un douloureux malaise m’envahit. Je ne vais jamais tenir la cadence avec des personnes aussi glaciales. C’est la dure loi de cette école, je vais devoir m’y faire.


Tous ces types sont suspects au premier abord, et les sentiments que j’éprouve vis-à vis de mes nouveaux amis ne m’aide pas.


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7 commentaires

Gottesmann Pascal

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Il y a 7 mois

La rencontre entre tes personnages ne va pas tarder. Ça tombe bien car le temps presse.

Origami

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Il y a 7 mois

Glaciale cette soirée d’accueil et j’ai l’impression que ça ne fait que commencer ! Peut-être que comme ils sont en compétition, ça les mets mal à l’aise. J’aime bien Arielle, elle est douce mais un peu trop présente ^^ Bon, ton cliffhanger montre bien que tout le monde est présumé coupable mais c’est encore plus intriguant !!!

Emmy Jolly

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Il y a 7 mois

Ah ça me rassure que tu te poses des questions, c'est fait pour...
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