Fyctia

C’est à Marissa que je pense lorsque je foule la salle de classe. Nous avons droit à un cours inédit. Celui du service communautaire, c’est-à-dire avoir de bonnes relations avec la population. Il faut savoir être prompt à répondre correctement et gérer les conflits, ce sont donc des épreuves pratiques et de mises en situation qui vous nous être dictées.

C’est Madame Fellman qui sera notre dévouée professeur. Elle ne fait que parler des actions qu’elle compte appliquer au sein de sa classe. Il faut jouer sur tous les tableaux, avoir un débit serein et s’adapter au plus lourd des cas. Bref, nous devons tout faire pour éviter d’en venir aux mains et jouer un bon rôle de médiateur.

Puis en second lieu, nous allons aussi apprendre plus en détail, les lois qui sont régient au sein de cette planète par Monsieur Cornwell. Bref, le gouvernement est implacable, même si les règles changent tous les mois, il faut être au goût du jour !

J’ai dû mal à écouter toutes les élucubrations de ces professeurs beaucoup trop motivés à mon goût ! Ils en rajoutent et ne cessent de vanter les mérites de cette école. Ils veulent que nous nous surpassions, que nous n’abandonnons pas et que nous restons accrochés à notre projet.

Puis vient le cours de Monsieur Anderson, et c’est une autre ambiance. Ma motivation semble s’être rallumée. Il est en retard et ça devient une habitude pour ce grand métis. Une fois, qu’il rentre dans cette pièce, il a cette aisance que moi, je n’aurais jamais. Il sourit et montrant une dentition plus blanche que le mur d’en face, je me réveille. Je devrais lever la main et lui demander ce que j’ai en tête.

Mais c’est Virgil qui me devance :

—Monsieur, vous savez ce que s’est passé cette nuit ?

Il pose à terre sa pochette et s’assied sur le coin de son bureau en croisant les bras.

—Bonjour, en effet, j’allais y venir !

Il nous toise chacun notre tour et dans ses yeux noirs, j’y lis une certaine sollicitation. Que cherche t-il ? Il examine tout le monde avant d’arriver à moi.

Je baisse le regard, gêné.

—Je vais vous demander une aide particulière.

Il se lève et nous demande d’ouvrir la tablette qui se trouve face à nous.

Nous sommes fournis de matériel dont nous devons prendre soin. Auquel cas, une sentence financière sera de mise.

Je m’en empare avec délicatesse. L’écran s’allume sous l’emblème de cette école, une étoile dans un cercle jaune rappelant l’astre solaire. Elle virevolte avant de se stabiliser et laisser place à diverses lignes de chiffres et de lettres.

Virgil qui ne craint pas être rabrouer par le professeur prend encore la parole :

—Et maintenant, que doit-on faire avec cette énigme ?

—Ce n’est pas une énigme, c’est un programme très performant qu’utilise les Hydra Selector.

A ce nom évocateur, la plupart des élèves émettent un geste de répulsion.

—Je pensais qu’ils étaient hors- jeu depuis des années ? dit l’un.

—Oui, ils ont été arrêtés et ils doivent être en prison actuellement…rajoute Arielle sûre d’elle.

Monsieur Anderson, qui n’a pas envie de relater les faits, opine et vient compléter avec regret ses explications.

—Ils ont été relâchés il y a de cela quelques mois. L’encombrement dans les prisons n’a pas suffi à les retenir. La dure loi du droit Centaurien. Quand il n’y a plus de place, les moins dangereux sont renvoyés dans une zone de liberté surveillée. Mais ils ont échappé à la vigilance de nos agents…Et ils ont profité de l’inattention de la police pour voler un vaisseau et envahir un espace sécuritaire en s’emparant des technologies à leur portée.

—Ils veulent se venger, c’est ça ?

S’empourpre Lény, à l’affût d’un scoop.

—Je ne sais pas, mais il y a dans cette école quelque chose qui les intéresse, nous indique le professeur.

—Les laboratoires de l’unité scientifique doivent être attrayants…pense-je.

Toutefois mes paroles ont dépassé mes pensées et tout le monde a le regard rivé sur moi.

—Bien vu Kanes. Mais j’en ai trop dit…

En effet, j’ai entendu parler de ces laboratoires où d’imminents scientifiques travaillent sur le voyage temporel. Avec dans un avenir probable, des traversées du temps, des remodelages et déplacements dans l’espace- temps. Cela a du bon d’être espion de la police ! J’en ai appris plus par mes écoutes fortuites d’ailleurs qu’avec les exploits issus de la bouche de mon père.

—Qu’est-ce que tu veux dire par là, Kanes ? me chuchote Arielle qui est assise à mes côtés.

Je ne réponds pas et l’incite à écouter les instructions de Monsieur Anderson.

—Il va falloir que vous trouviez la faille dans ce système, ce que vous avez devant les yeux, ce n’est que les prémisses. Ils veulent s’introduire dans les méandres de la mémoire de cette école. Vous devez les empêcher d’aller plus loin, parce qu’ils ont déjà une bonne longueur d’avance sur nous !

Je me frotte les mains et lit en diagonale, ce qui est affiché sur mon écran. Ils tentent d’y introduire un virus, c’est la base ! Il suffit d’en créer un autre et de les repousser. Pourquoi personne n’y a pensé d’ailleurs ? Je ne dis rien et commence à pianoter afin de rechercher la source du phénomène.

Le problème ne vient pas d’eux mais d’Alpha Victory…