Fyctia
10:Une retrouvaille inattendue
Le lendemain, nous sommes tous dans un état euphorique suite à cette courte nuit. Les élans de chacun étant de devenir de véritables héros afin d’être mis en lumière par des actes de bravoures.
Max, le frère de Pearson dont le prénom m’a été révélé, est déjà à la table du petit-déjeuner en compagnie de ses amis. Ils me reluquent en me toisant de façon mesquine. Je n’ose pas faire un pas dans cette ambiance mortifère.
—Viens, ne t’occupe pas d’eux, me lance Lény déjà à l’affût de nourriture.
Il a faim, c’est indéniable, il est toujours affamé. Moi, après ce qui s’est passé cette nuit, mon estomac est en vrac.
—Eh, le magicien ! Tu n’oublierais pas un truc ! hurle Max à mon encontre.
J’avance sans rien dire, je suis déjà en nage quand j’arrive devant nos plateaux mis à notre disposition.
–Je t’ai causé !
Je ne me retourne pas. Et j’attends devant un plateau vide que celui-ci daigne se remplir. Lény a pris les derniers petits pains et part réserver des places à une table.
C’est l’arrivée de Pearson dans le réfectoire qui rameute encore plus les foudres de son frère.
—Ah, je vois que le frangin s’est fait un ami de taille !
Toute la table de Max rit à s’en décrocher la mâchoire. Un sifflement se fait entendre afin de faire taire ces imbéciles. C’est le Directeur qui vient jeter un œil sur les élèves de bon matin et qui s’exprime de façon mécanique.
—Vous vous calmez Max Jefferson ! Ou c’est un avertissement immédiat !
Un calme surprenant emplit le réfectoire. Tous les élèves ont le nez plongé dans leur assiette.
Je suis rassuré mais mon cœur n’est pas tout à fait en ordre lorsqu’une jeune serveuse vient remplir les plats vides de victuailles. Ses yeux magnifiques me scrutent avec étonnement. Des images me reviennent en masse dans mon esprit déluré. Des souvenirs du passé refont surface. Je ne l’ai jamais oublié.
J’ai toujours aimé sa manière de me regarder. Elle agit comme ci elle était hermétique à toute émotion mais son visage ne trompe pas. Les plis de son front qui se dessine, son nez qui se retrousse tout comme sa bouche qui émet des mimiques boudeuses. L’une de ses mèches s’est fait la malle alors elle ôte sa toque pour remettre en ordre sa chevelure indisciplinée.
Elle a bien changé. Ses cheveux qui sont désormais d’un brun cassé avec un mélange de bleu attrayant. Son uniforme réglementaire pour ce travail, l’oblige à être impeccable. Exit les piercings, les tatouages qui sont interdits dans cette enceinte. Elle n’a donc plus le physique de celle que j’ai connu il y a un an.
—Marissa…J’essaye de ne pas bafouiller, afin de ne pas émettre en public un semblant de sensibilité.
Je suis ému et cela s’entend tout de même au son de ma voix. Je déglutis avant de continuer à la questionner :
—Tu travailles ici ?
—Oui, Kanes, quelle perspicacité !
Elle ne sourit pas et tente de faire bonne figure en remplissant un plat de bouillie infâme. Je sens ce malaise entre nous et je ne sais plus quoi dire.
—Bon appétit, Kanes !
Elle détalle dans les méandres de la cuisine qui est situé juste derrière notre réfectoire. Entre le son des machines qui entament leur travail de nettoyage et le cliquetis des plateaux qui s’arrêtent afin d’être vidés, je n’entends pas arriver Pearson.
—Elle est très belle, cette fille. C’est bizarre, d’ailleurs qu’ils l’aient embauché, elle est si jeune.
—Oui, c’est étrange.
En effet, d’autant plus qu’elle est dans un lieu où justement elle ne devrait pas être.
Un flash imprévisible ressurgit et j’ai une boule à l’estomac.
—Oui, et tu as l’air de la connaître.
—Pas plus que ça, lui mens-je.
Je ne me sens pas encore assez à l’aise avec eux pour leur raconter ce passé douloureux.
Lény a déjà englouti la moitié de son repas quand nous nous présentons devant lui.
—Vous avez vu Arielle ? Nous demande- t-il d’un air innocent.
—Non, lui répond Pearson.
Mais à peine a-t-il tourné le regard vers la porte imposante que celle-ci fait son entrée, avec un sourire très affable. Elle vient directement nous saluer.
—Oh, les gars alors passé une bonne nuit ? C’est dingue cette alarme quand même !
Elle va droit au but et elle m’épate. Déjà elle a réussi avec une facilité déconcertante à se faire des amis grâce à son aisance relationnelle.
Puis elle chuchote en clignant de l’œil :
—On sait très bien ce qui s’est passé cette nuit, n’est- ce pas ?
Je ne sais pas où elle veut en venir, et j’ai peur que notre aventure se soit ébruitée au-delà des chambres des filles. Je prends peur et un malaise s’intensifie.
—Des hackers…nous dit-elle dans un souffle inaudible.
Je respire mieux.
Une fois qu’elle s’installe à table, Lény ne peut s’empêcher de parler trop, beaucoup trop.
—On a eu un avant-goût des pouvoirs de Kanes ! Hein, n’est-ce pas ?
Je ne dis rien et plonge mon nez dans un bol de boisson chaude, du café.
Apparemment ce liquide ambré viendrait de la planète bleue. J’en ai déjà goûté mais celui-ci est disons, du vrai jus maronnasse, rien de corsé, il est juste imbuvable !
—Comment ça ? s’étonne Arielle qui commente en parallèle : —Vous me cachez quoi ?
Lény attend mon accord avant de raconter, ce qui ne sera plus un secret d’ici quelques minutes, surtout avec les imbéciles qui nous ont attaqués.
Arielle écoute donc Lény et Pearson relater les faits et elle bondit dans un élan surprenant de sa chaise en reluquant Max.
—Aucune chance qu’ils ne te dénoncent, ils ont bien trop peur des remontrances. Parce qu’ils n’avaient rien à faire dans votre secteur. Les dernières années ont leur propre étage et il leur est interdit de descendre surtout après ce qui s’est passé il y a quelques années.
Je suis curieux de savoir pourquoi, alors elle devance ma question et continue :
—Une affaire de bizutage qui a mal tourné. Depuis un surveillant est constamment en faction.
Et comme je devais m’en douter, ils veulent tout savoir à propos de mon objet magique.
—Je l’ai trouvé et je n’ai aucune idée d’où il vient.
C’est gêné que je les informe ne pas pouvoir leur en dire plus dans l’immédiat.
J’ai cette sensation que cela doit rester secret. J’attends d’être en confiance avant de leur en faire part, ce que comprend Arielle et Pearson. Lény qui est plus vindicatif me reluque en plissant les yeux.
—Tu es vraiment un garçon à part, Kanes.
Nous prenons congés de la cafétéria afin de nous rendre à notre premier cours de la journée. Avant de quitter les lieux, je jette un regard vers les cuisines afin de repérer Marissa, mais je ne la vois nulle part. Un petit pincement au cœur vient titiller mon organe embrumé par les vestiges du passé.
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Anthony Dabsal
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Emmy Jolly
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mariecolley
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