Fyctia

Je vacille dans la chaleur de cette pièce et mes membres inférieurs ne répondent plus. J'ai beau avoir usé de toute ma répartie et de ma détermination, rien n'y fait. Je vais mourir ici. Il est dit que l'on voit toute sa vie défiler lorsque l'on se retrouve dans une telle situation, moi c'est un trou noir que j'aperçois. Le néant dans toute sa splendeur qui est prêt à me happer. Ma respiration se fait désormais plus lente. J'essaye de trouver l'air qui me permettra de continuer à y croire. J’attrape la première chose que je trouve, mon holster accroché à ma ceinture. Mais celui-ci est vide.

Aucune arme ne pourrait m'aider de toute manière, l'utilisation d'un tel objet dans ce lieu est interdite. Nous ne sommes pas autorisés à nous en servir. Je n'aurai jamais cru que je terminais ainsi à agoniser par le manque d'air. La plus petite goulée que je peux insuffler dans mes poumons est un espoir. Après de vaines tentatives de recherche à tâtonner dans le noir, mes mains rencontrent une masse inerte. Au toucher, je devine par sa texture dure et froide qu'elle représente des doigts, une main, un bras suivi d'un torse. Je lâche le tout pris par une frayeur innommable. Je déglutis avec une certaine nausée qui inonde mon estomac.

Serais-je face à…

Je n'ai pas le temps de me demander qu'un bruit suspect me sort de ma torpeur. J'ai toujours un mal fou à respirer correctement et je dois faire état de mes angoisses latentes. Elles ne cessent de se frayer un chemin dans mon esprit embrumé. Je fais une autre tentative en rampant jusqu'à la source sonore qui parvient à me sortir de cette léthargie. Ces coups frappés dans le mur ne sont pas là pour m'aider mais au contraire pour m'effrayer encore plus. Un cri sans nul autre pareil fait écho à mes oreilles. Un appel à l'aide qui échappe à mon contrôle ressort de mes entrailles. C'est dans un élan surprenant que je frappe sans m'arrêter sur la surface plate que je rencontre. Une forte douleur inonde mon poing. Mes mains moites surchauffent et la panique fait de moi un être vulnérable. Si mon père se trouvait dans cette situation, il aurait su quoi faire ou du moins garder son calme. Mais je ne suis pas comme lui, non je n'ai pas son courage. Je suis un adolescent peureux et sans aucune volonté. L'abandon est à ma portée tout comme mes yeux qui ne cessent de se fermer involontairement. Je prends une dernière inspiration avant de sombrer dans un vide abyssal.

Je suis réveillé par une secousse violente qui m'aide à retrouver mon souffle. Tout est lumineux et je peine à garder les yeux ouverts. Je distingue alors un homme et son image se dessine. C'est le portrait craché de mon père. On m'a toujours dit que je lui ressemble trait pour trait. C’est avec instinct que je me laisse faire. Il me prend la main et m'aide à me relever. J'émerge doucement en avalant cet air salvateur. Je ne reconnais plus les lieux que j'ai foulés depuis des mois. Cette académie, vouée à ma perte m'a appris comme elle m'a également tout pris. Alpha Victory sonne comme une victoire en chacun de nous.

J'ai toujours cru que j'y avais ma place, c'est sans compter sur l'ennemi. Il est caché et ténu dans le danger qui le rend violent. Et ceci pour des raisons que j'ignore.

—Qui êtes-vous ? Peine je à lui demander.

Ma respiration reprend doucement ses aises.

Il ne me répond pas et dans ses yeux j'y lis une certaine mélancolie. Une tristesse immuable s'empare de lui et il me murmure :

—Viens avec moi mon petit.

Je ne sais pas ce que je dois faire. Hésitant, je regarde derrière moi. Il n’y a rien que je ne peux investir. La pièce dans laquelle j’étais enfermée n’est plus dans mon champ de vision. Devant moi, tout est flou mais tellement lumineux.

Mes pas m'emportent alors avec lui. Tout est attirant là-bas.

C'est donc dans l'immensité d'un monde nouveau que j'aspire à devenir un homme.