Fyctia
42-Rage 🔥 (2/2)
De façon curieuse, Althea sent un calme et une froide résolution se répandre de plus en plus en elle à chaque mot prononcé par l’hybride.
— Jamie ne t’a jamais appartenu, constate Althea d’une voix dénuée d’émotion. Personne n’appartient à personne, d’ailleurs. Je sais que nous vivons dans un monde pourri, mais l’esclavage a été aboli il y a bien longtemps et n’est pas revenu. Et de toute façon, vous aviez choisi une relation libre.
— Tout à fait, alors pourquoi a-t-il rompu avec moi hier ? demande Tyna, une touche d’hystérie dans la voix. Il aurait pu continuer à te baiser quand il le souhaitait et je n’aurais rien dit.
L’estomac d’Althea se contracte au mot « baiser » — ce n’est pas du tout le bon mot, n’est-ce pas ? Elle n’envisage toutefois pas de corriger l’ancienne maîtresse à l’ego meurtri.
— Jamie sait que je ne voulais pas de relation libre, affirme-t-elle néanmoins avec courage, et de toute évidence il tient plus à moi qu’à toi.
— Tu te crois au-dessus de ce type de relation ? s’écrie-t-elle avec un grand geste de la main. Pourquoi tu mériterais mieux que moi ? Tu es sa précieuse petite princesse, tu le fascines depuis le début, je n’ai jamais compris pourquoi !
« Moi non plus ».
Althea ne rétorque cependant rien et la laisse déverser son venin.
— Oh, il va se lasser bien vite, tu verras, il reviendra vite me voir. Tu ne peux pas lui apporter ce que je lui apporte, tu n’es qu’une pauvre humaine, toute jeune en plus, 21 ans, c’est ridicule ! As-tu une idée du nombre de partenaires que Jamie a eu dans sa vie ? Tous genres et sans-genre confondus ? Toutes espèces confondues ?
Althea grimace — elle s’est bien sûr posé cette même question à maintes reprises.
Elle réalise qu’il est grand temps de mettre fin à cette conversation, prend une profonde inspiration et contourne le comptoir pour se planter devant sa rivale.
— Quitte mon café, Tyna, ou je te fais sortir par la manière forte, déclare-t-elle, de l’acier dans la voix. Je ne suis pas une pauvre petite humaine sans défense, comme tu as l’air de le penser.
— Peut-être que tu sais te battre, mais je suis certaine que tu ne sais pas baiser comme il aime, sauvagement et sans retenue aucune.
Althea se fait violence pour ne pas reculer face à cette affirmation, et serre les poings à la place.
— Sors. De. Mon. Café. Tout. De. Suite. Et. N’y. Remets. Jamais. Les. Pieds. Tyna.
Le mépris suinte dans le ton de sa voix, et son ennemie semble enfin réaliser qu’elle ne rigole vraiment pas.
— Tu verras, une fois la lune de miel terminée, que j’avais raison.
L’hybride prononce cette dernière phrase d'une façon moins assurée, et quitte finalement la petite boutique sans un regard en arrière.
Althea reste figée sur place, encore plus tremblante que si elle venait d’affronter le démon le plus redoutable de sa carrière.
***
Elle aimerait pouvoir affirmer que les paroles remplies de haine de Tyna lui passent au-dessus de la tête. Elle aimerait dire que cela ne la touche pas du tout, qu’elle a totalement confiance en sa relation avec Jamie, qu’elle a totalement confiance en elle.
Or ce serait mentir.
Chaque phrase de l’hybride résonne dans son esprit le reste de sa journée de travail, puis sur le trajet vers chez elle, et pendant le dîner avec Troy, et sur le chemin vers l’atelier de Jamie.
L’odeur caractéristique de la vaste pièce, d’ordinaire réconfortante, n’arrive pas à l’apaiser.
Le visage de son amant, qui est en train d’appliquer du vernis sur une porte qu’il vient de terminer, s’éclaire quand il la voit.
— Hey, ma belle, bonne journée ?
Elle ne répond pas et enlève son armure avant de se diriger d’un pas décidé vers lui. Elle arrache son tablier et le pinceau qu’il tenait à la main, et jette ses bras autour de son cou, ses jambes autour de sa taille, et ses lèvres sur les siennes.
Elle l’embrasse avec ses dents et avec sa rage, à le blesser.
— Wow, petite puce, ça va ? réussit-il à dire au bout d’un moment.
— Ne m’appelle pas comme ça, grogne-t-elle.
— Je croyais que tu aimais bien ça.
— Pas ce soir.
Elle plaque à nouveau sa bouche contre la sienne et avance jusqu'à ce qu’il touche le mur du fond. Puis, sans attendre une seconde, elle dégrafe son jean et le baisse, ainsi que son caleçon, et commence à le caresser tout en mordillant les écailles de son cou. Encouragée par ses gémissements, elle le relâche et se laisse glisser au sol pour s’agenouiller devant lui et le prendre dans sa bouche.
— Attends, Althea, tu n’es pas obligée, je peux dénicher une capote, et…
— Tais-toi, James, grogne-t-elle en accompagnant son ordre d’une claque sur l’une de ses cuisses.
Il émet un petit son étranglé et pose ses mains sur sa tête pour la guider. Elle ne sait pas ce qu’elle fait, et elle s’en fiche, elle enfonce ses ongles dans la peau souple de ses fesses, et il gémit de plus belle, et le pouvoir qu’elle exerce alors sur lui fait enfler son propre désir. Elle dégrafe tant bien que mal son pantalon et commence à se caresser d’une main avec furie ; quand il jouit dans un rugissement, elle l’accompagne en tremblant.
Il remonte son jean, la relève et caresse ses joues et ses cheveux en murmurant plusieurs fois son prénom. Sa respiration finit par s’apaiser et elle redresse la tête pour plonger ses yeux dans les siens.
— Tu vois, je peux être sauvage aussi, dit-elle.
— Je n’en ai jamais douté, Althea, mais veux-tu bien me dire ce qu’il se passe ?
— Tyna est venue au café aujourd’hui, lâche-t-elle, la voix métallique.
Jamie grimace.
— Ah, bien sûr, j’aurais dû y penser tout de suite. Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
— Oh, rien d’extraordinaire, tu sais, répond-elle sur un ton empreint de causticité, juste que toi et moi ça ne pourra pas durer, car tu as besoin de variété, et de quelqu’un de beaucoup plus expérimenté que moi, quelqu’un sans aucune retenue au lit.
— J’y crois pas, cette salope ! s’écrie-t-il, puis, plus calmement : petite puce, je suis désolé.
— Arrête. De. M’appeler. Comme. Ça.
Ses joues recommencent à s’échauffer et ses poings se serrent.
— Althea…
— Je ne suis pas une puce ! Je suis l’une des meilleures guerrières de l’Ordre, j’écrase des monstres de toutes sortes depuis que j’ai seize ans ! Je peux baiser violemment si j’en ai envie ! Je peux changer afin que tu ne te lasses pas de moi !
Ses yeux finissent par se remplir de larmes sur la fin de sa tirade. Jamie, une étincelle dans son regard améthyste, place les trois doigts de sa main droite sous son menton pour relever sa tête vers lui.
— Althea, regarde-moi. Je ne souhaite pas que tu changes pour moi, surtout pas.
— Mais, tout ce qu’elle a dit… murmure-t-elle en reniflant. Tous les différents partenaires que tu as eus…
— Ça ne compte pas, ça. Ce qui compte c’est que je suis avec toi, maintenant, et que je n’ai jamais été aussi bien avec quelqu’un auparavant.
Elle pose son front contre son torse ; toute sa colère fond, et elle perçoit enfin ce qu’il veut dire quand il parle de sa force mêlée à sa vulnérabilité.
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