Marie Andree Harmonie Adverse 34-Blessure (1/3)

34-Blessure (1/3)

Althea, toujours étendue sur les vieux pavés, réussit à rougir, rigoler et grimacer de douleur en même temps. Jamie l’aide à se relever et ils se dirigent vers l’un des camions de l’Ordre, où deux blessés attendent déjà. Personne ne remet en cause la présence de ce chasseur de démons free-lance. Le véhicule démarre en trombe et file dans les rues faiblement éclairées vers le dispensaire de Liverpool Street.


Pour ne pas appliquer de contrainte sur sa blessure, Althea s’est allongée à moitié par terre, son dos contre le torse de Jamie. Il appuie toujours là où leur adversaire a enfoncé ses griffes dans le ventre de la jeune femme. Elle ferme les yeux, et se dit que la perte de sang doit la faire délirer, car elle se sent très bien, malgré la douleur, contre son démon favori.


On s'occupe vite d'elle au dispensaire, et malgré la sympathie de son guérisseur, le regard rassurant de Jamie lui manque — il est resté dans la salle d’attente aux murs agrémentés d’écrans à cristaux liquides colorés.


— Bon, tu n’as pas trop perdu de sang, la plaie ne devrait pas s’infecter si tu prends bien ces antibiotiques. Par contre, c’est assez profond, et l’une des griffes a fait des dégâts en ressortant. Ça va mettre un peu plus de temps à cicatriser. Pas de charges lourdes et pas d’efforts pendant quelques jours.


Elle rejoint son ami qui l’attendait avec une impatience visible si l’on en croit sa jambe qui tressaute sur un rythme connu de lui seul.


— Je te raccompagne et reste t’aider avec Troy au moins jusqu’à demain, annonce-t-il après son compte-rendu.


— Quoi ? Non ! Ce n’est pas la peine. Je peux demander à Kit ou John.


Son cœur bat un peu plus fort à l’idée de cohabiter et de passer autant de temps avec lui.


— Ils ont leur famille, ma belle. Je suis seul.


— Et Tyna ? demande-t-elle, l’estomac noué. Qu’est-ce qu’elle en penserait ?


— Rien, répond-il dans un soupir. Je sais que tu as du mal à saisir la notion, pourtant nous sommes vraiment dans une relation libre. Je me comporte comme bon me semble, je sors avec qui je veux. Et là, de toute façon, il s’agit juste de dépanner une amie, n’est-ce pas ?


Il la regarde avec des yeux étrécis, comme pour jauger sa réaction. Elle tressaille avant de répondre d’une voix aussi ferme que possible.


— Oui, bien sûr. Ok, allons-y, l’adrénaline de la bataille m’a déjà quittée.


— Tu peux marcher jusque chez toi ?


— Oui, c’est pas loin du tout, répond-elle avec un hochement de tête.


— Ok, appuie-toi sur mon bras.


Elle s’exécute avec un sourire, et ils débutent leur courte marche dans les rues désertes.


***


La gêne pointe à nouveau le bout de son nez quand ils se retrouvent seuls dans l’appartement après le départ de Caroline, qui gardait Troy. La vieille dame s’est habituée à la présence du démon dans la vie de ses voisins préférés grâce aux louanges incessantes du petit garçon à son encontre et à l’attitude toujours très galante de Jamie. Ce soir, bien qu’elle s’inquiète un instant de la blessure de la chasseuse, elle rejoint vite ses pénates compte tenu de l’heure déjà avancée.


Jamie aide alors Althea à enlever son armure ruinée, qu’elle a remise avant de quitter le dispensaire, puis se tient debout au milieu de son salon, une main derrière la nuque, le regard partout sauf sur elle.


— Euh, je dors avec Troy depuis la mort d’Ysé, dit-elle d’une voix qu’elle espère assurée, tu peux dormir dans mon lit, les draps sont propres.


— Ok, parfait.


Elle lui lance un petit geste coincé de la main — et grimace intérieurement — puis se rend dans la salle d’eau pour se préparer pour la nuit. Elle essaie d’enlever son débardeur gris, ruiné lui aussi, mais cette tâche d’ordinaire banale se révèle ardue. Elle ne peut réprimer un gémissement de douleur, de toute évidence assez fort, car un coup sec à la porte se fait vite entendre.


— Puce ? Je peux t’aider ?


La voix de son ami lui parvient étouffée et prudente à travers le mince panneau de bois. Elle hésite, l’espace d’un battement de cœur ou deux, grogne et prend une grande inspiration.


— Ok, entre.


Son débardeur est bloqué sur sa brassière noire, et il l’aide à le faire passer au-dessus de sa tête. Le regard de Jamie se fixe sur sa poitrine pendant un instant, avant de remonter vers son visage. Il hausse une épaule et prend un air contrit ; elle secoue la tête et grimace à nouveau pour la suite.


— Est-ce que tu pourrais dégrafer ma brassière s’il te plaît ?


C’est à son tour de secouer la tête d’un air navré ; il passe toutefois derrière elle pour s’exécuter. Elle se saisit d’une serviette pour couvrir son torse, tandis qu’il repousse ses cheveux sur une épaule et détache les deux parties du sous-vêtement. Il se penche ensuite vers elle, une main sur la peau nue de sa taille, et dépose dans son cou un baiser qui la fait frissonner des pieds à la tête.


— Tu vas me rendre fou, Althea, chuchote-t-il alors avant de sortir de l’étroite pièce sans un regard en arrière.


La jeune guerrière se retourne et prend une longue expiration, comme si elle retenait sa respiration depuis le début — ce qui est sûrement le cas.


— Et tu vas me rendre folle, Jamie, murmure-t-elle à son reflet dans la glace.


Quand elle ressort de la salle d’eau, habillée d’une chemise large qu’elle a réussi à enfiler sans trop de mal, elle n’ose pas aller à nouveau au salon et affronter le regard brûlant de Jamie. Elle rejoint alors la chambre qu’elle partage avec Troy depuis bientôt un an, range machinalement trois ou quatre jouets qui débordaient des coffres en bois peint, s’allonge auprès de lui et contemple un moment son adorable profil à la lueur de sa diode-veilleuse.


***


Un petit paquet tout chaud qui essaie de trouver une place dans ses bras la réveille le lendemain matin.


— Bonjour mon cœur, tu as bien dormi ? Ow.


Sa plaie se rappelle à son bon souvenir quand Troy se serre contre elle.


— Oh pardon, Maman, ça va ? demande le garçonnet sur un ton inquiet avec un mouvement de recul.


— Oui, mais je me suis un peu blessée hier soir.


— Tu vas partir te reposer pour toujours, comme Nummy ?


Son petit visage s’allonge d’au moins un pied à cette pensée, tandis que la poitrine d’Althea se comprime et que ses yeux commencent à picoter.


— Oh, non, ce n’est rien du tout, juste un coup de griffes, le rassure-t-elle en lui montrant son pansement.


Un bruit de poêles se fait alors entendre et le garçonnet sursaute.


— Ce n’est que Jamie, chou.


— Oh, super ! s’écrie-t-il avant de se lever et de se ruer hors de la chambre, son inquiétude à propos de la blessure de sa maman déjà oubliée.


Quand Althea les rejoint, plus lente que d’habitude, il est dans les bras du démon, qui lui explique comment faire des œufs brouillés parfaits. Son cœur s’envole lorsqu’elle découvre le tableau domestique — et adorable — peint devant ses yeux.


— Hey, croasse-t-elle, la gorge nouée.


— Salut, puce, dit Jamie après s’être retourné. Tu as pu dormir malgré ta douleur ?


Le sourire qu’il arbore manque de faire imploser son cœur.

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78 commentaires

Eva Boh

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Il y a un an

Une petite scène du quotidien, comme on aimerait qu'ils en partagent tous les jours... 🥰

Marie Andree

-

Il y a un an

🥰

clecle

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Il y a un an

J'avais même pas liké 😅 je suis une quiche 🤣

Marie Andree

-

Il y a un an

Ah ah pas de souci ! 🙂

RitaMartins

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Il y a un an

Ooooh on est partis sur un slow burn bien slow, j'adore ! Comme toujours, j'ai hâte de lire la suite :)

Marie Andree

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Il y a un an

Merci Rita, je suis contente que ça te plaise !

MarionH

-

Il y a un an

Qui va craquer le 1er?

Marie Andree

-

Il y a un an

Les paris sont ouverts ! 😅

Laurie Lecler

-

Il y a un an

Elle est fichue 🤣

Marie Andree

-

Il y a un an

Totalement 😅
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