Fyctia
17-Danger (2/3)
“Je l’ai embrassé sur la joue pour le remercier et je ne suis pas troublée du tout. Pas du tout”.
Mais Althea ne répond rien à la question d’Ysé, pose le cadeau de Jamie sur un guéridon en verre et attire læ guérisseuxe à elle pour un long baiser.
Un soupir, un frémissement, un sourire furtif, puis un autre, et les vêtements retirés à la hâte, étalés au sol. Et l'une qui pousse l'autre vers l’alcôve, et les regards fiévreux qui ne se quittent pas. Et les cheveux qui se tirent et les mots qui se murmurent.
Et leurs bouches qui se trouvent et s'entrouvrent, puis qui trouvent d'autres endroits de leurs corps enlacés à embrasser. Et leurs souffles qui s'accélèrent, et les gouttes de sueur qui perlent à la surface de leur peau...
Quand Ysé jouit sous les lèvres d’Althea, ses cris hachés ressemblent à des mots d’adieu, et des larmes montent aux yeux de la jeune chasseuse.
Quelques minutes plus tard, Althea se lève, encore nue, et, en route pour la salle d’eau, avise le cadeau du démon dans l’entrée. Elle fait glisser ses doigts sur les roses gravées et les trois initiales peintes, et frissonne en repensant à la sensation de ses écailles sous sa paume.
— Jamie a fabriqué cette jolie boîte pour toi ?
La voix d’Ysé la fait sursauter, comme prise sur le fait. Elle se retourne et la trouve en train de l’observer, rhabillée de ses traditionnels t-shirt et short larges.
— Oui. C’est gentil, hein ?
— Très, approuve-t-iel avec un hochement de tête.
— Regarde, il y a une dague Goblein à l’intérieur.
— Superbe, commente Ysé.
Iel fait tourner la petite arme dans sa main, avant de parler à nouveau, aucune inflexion présente dans sa voix grave.
— Il t’apprécie beaucoup.
— Je suppose, dit son amante sur un ton prudent et un haussement d’épaules.
— C’est ok, tu sais, Althea.
Son ventre se serre, et elle baisse la tête devant le regard soutenu d’Ysé - sa nudité n’arrange rien de surcroît.
— Quoi donc ?
— D’être amie avec un démon.
— Oh ! Oui, je sais. Enfin, je commence à le réaliser, disons.
Elle relève alors la tête, et ses joues rougissent encore un peu quand elle croit trouver un petit sourire triste sur le visage rond d’Ysé.
— Bon, je vais me doucher, et je passerai vérifier que tout va bien pour Troy.
Ysé ne répond rien et elle sent son regard qui transperce son dos tandis qu’elle pénètre dans leur minuscule salle d’eau.
“Il ne s’est rien passé. Il ne se passe rien. Jamie est en train de devenir mon ami, c’est tout. Et c’est un démon alors que je suis humaine. Et en couple. Et on a un enfant”.
***
Après une nuit agitée, elle est réveillée par son chrono-hologramme et surtout par Troy qui saute sur son lit.
— Salut, Althea ! Je me suis réveillé plus tôt, j’attendais que ton chrono sonne pour venir.
— Salut, chou, dit-elle d’une voix endormie en le couvrant de bisous. Allez, au ptit déj !
Le petit garçon saute une dernière fois sur le lit et manque de faire tomber les rideaux mauves de l’alcôve. Elle secoue la tête, sourire aux lèvres.
— Eh, c’est quoi cette boîte trop belle ?
Son ventre se serre à nouveau quand elle repense à son trouble de la veille et au sourire triste d’Ysé quand iels se sont couché·e·s. Tout cela à cause de ce fichu coffre en bois !
— Oh, Jamie me l’a fabriquée pour mon anniversaire. Fais attention, s’écrie-t-elle quand Troy s’acharne sur le mécanisme d’ouverture.
— Désolé. Et y a rien dedans, constate-t-il, l'air déçu.
— Y avait une dague, mais tu sais que tu n’as pas le droit de t’approcher de mes armes.
Althea conserve toutes ses armes dans un coffre-fort qui se déverrouille uniquement par la reconnaissance de son iris ou de celui d’Ysé.
— Une dague ? Wow, Althea, le cadeau de Jamie, il est trop bien. Il est mieux que le mien !
— Oh non, petit cœur, ta série de dessins était formidable.
Le garçonnet fait la moue, et son cœur se serre encore plus : voici qu’en plus le cadeau de Jamie contrarie Troy !
— Je t’assure, chou d’amour, ton cadeau était mieux car il vient de toi, et tu es la personne la plus importante dans ma vie.
Le sourire qui apparaît alors sur le visage de l’enfant s’étire jusqu’à ses oreilles et illumine ses yeux noirs. Le cœur d’Althea s’envole tandis qu’elle se félicite d’avoir osé cette déclaration certes grandiloquente et pourtant fort juste.
***
Entre brossage de dents, chaussettes égarées, cartable-tablette pas préparé, petit footing jusqu’à l’école puis jusqu’au café, et clients en manque de caféine, Althea n’a pas le loisir de repenser à Jamie pendant quelques heures.
La visite de Rebecca en fin de matinée l’éloigne encore plus de son esprit, au moins pour un temps.
— Hey, salut, comme d’habitude ? demande-t-elle en se tournant pour attraper une tasse.
— Oui, oui.
Le regard de son amie est fuyant, et elle ne cesse de jouer avec le lien de son cache-cœur. Althea essaie de se souvenir si aujourd'hui correspond à une date anniversaire quelconque liée à sa sœur ou à son décès, mais rien ne lui vient. Rebecca met de toute façon fin au supplice de la jeune barista quand elle prend la parole.
— Je viens d'apprendre un truc bizarre : l'auteur du livre qui dénonce certaines dérives de l'Ordre, dont je t'avais parlé, est mort.
— Ah ? Il était jeune, non ?
— Oui, vingt-huit ans. C'est vraiment louche...
Rebecca s’exprime sur un ton prudent et ferme à la fois, et son regard s’est durci. Quelque chose se contracte à l’intérieur d’Althea.
— Louche ? Comment ça ?
— Eh bien, il publie un livre qui dénonce l’organisation qui étend son influence dans le monde entier depuis des décennies, et qui est à l’évidence la plus forte ici, au Royaume-Uni, où il vivait. Le livre commence à avoir du succès, il fait le buzz sur HoloWeb, il y a beaucoup de monde dans les séances de dédicace. Et, quelques semaines plus tard, il est retrouvé mort dans son appartement, a priori suite à une overdose d’oxynocta.
— Je ne comprends pas, Rebecca, on dirait que tu sous entends que l'Ordre l'aurait fait assassiner…
La voix d’Althea revêt une inflexion presque menaçante tandis qu’elle se penche par-dessus le comptoir pour bien dévisager son amie et retient presque sa respiration.
— Oui, je sais que ça paraît fou, toutefois je trouve ça fort troublant.
— C'est juste une coïncidence, affirme Althea avec un mouvement de la tête. Jamais l'Ordre ne ferait ça. Je commence à réaliser que des choses sont à revoir, mais ils tentent de protéger les gens des non-humains dangereux.
— Oui, et bien, je t'assure qu'il y a des choses vraiment louches dans ce bouquin, soupire Rebecca, tu devrais le lire.
— Tu as raison, il faudrait... Et je suis désolée pour l'auteur qui est mort de façon subite et si jeune - c’est triste s’il avait des problèmes de drogue, mais tu sais que c’est très fréquent, à notre époque. L'Ordre n'a rien à voir avec sa mort.
Rebecca secoue la tête de gauche à droite d’un air navré, avant de reprendre la parole après une grande inspiration, comme si l’aveu à venir lui coûtait.
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Narélia L
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