Sarael Un vœu pour deux Chapitre 21 - Albane

Chapitre 21 - Albane

La porte de la chambre d'hôpital se referme doucement derrière Charles. Je reste assise dans mon lit, fixant la porte fermée. Le silence qui s’installe après son départ est lourd. Trop lourd.

Je ne suis plus en danger. Physiquement, en tout cas. Mais à l’intérieur, je me sens brisée. Vide. Comme si quelque chose s'était envolé.

L'infirmière me coupe dans mes pensées en m'amenant mon plateau repas. Une fois partie, après m’avoir accompagnée pour gérer mes injections, je replonge dans mes pensées...

Concernant Aaron... Je n’ose même plus regarder mon téléphone. Je sais qu’il n’y a rien. Pas un message, pas un appel. Pire : je suis bloquée de partout. J'ai beau essayer de rationaliser – peut-être qu’il a paniqué, peut-être qu’il ne sait pas quoi dire – une seule vérité s’impose à moi : il est parti. Il m’a abandonnée au pire moment.

Et Charles... Je pense à lui. À sa présence. À la façon dont il m’a regardée aujourd’hui, avec cette bienveillance. Il est là, sans rien attendre de moi. Il revient demain. Je sais que je peux compter sur lui. Et pourtant, ça me perturbe. Ce trouble, ce n’est pas juste de la gratitude. Ce n’est pas juste de l’amitié non plus. Je le sens, mais je n'ai pas envie de mettre des mots dessus. Pas maintenant. Pas alors que je suis encore coincée entre ce que je ressens pour Aaron et ce vide qu’il a laissé.

Est-ce que je suis censée ressentir quelque chose pour Charles ? Est-ce que je le veux? Ou est-ce juste parce qu’il est là alors qu’Aaron ne l’est plus ? Je déteste ne pas savoir. Je déteste me sentir perdue.

J'allume la télévision, et je me calme devant un téléfilm de Noël. Qu'est-ce que j'aime ces films à la fois si prévisibles et apaisants. Je me sens partir et je finis par m'endormir.


Le lendemain matin, je me réveille et je laisse place à la routine. Petit déjeuner, injections, puis je me prépare. Je décide de me faire belle. La veille mes parents m'ont ramené une tonne d'affaires, comme si j'allais rester là pendant des mois. Je me maquille, me boucle les cheveux et j'enfile une robe pull grise. Elle est plutôt moulante et met en avant mes formes. J'ai l'impression d'avoir perdu pas mal de poids ces derniers jours. En tout cas, ma taille me paraît plus fine.

En fin de matinée, ma porte s’ouvre sur les visages familiers d’Elisabeth, Edouard et Julie.

Je suis à la fois contente de les voir, mais où est Charles ?


– Ma chérie ! Tu as bien dormi ?


- Oui… et maintenant que vous êtes là, ça va encore mieux !


Julie s’approche et moi et serre doucement ma main.


- Je suis désolée de n'être pas venue hier, je n'ai pas pu me libérer du travail. On s’est dit qu’on allait te kidnapper pour le déjeuner… Bon, légalement, on peut juste t’emmener à la cafétéria, mais c’est mieux que rien, non ?


Je ris doucement. Ça fait du bien, cette légèreté. Cette normalité, même dans un cadre aussi impersonnel que l’hôpital.

On s’installe à une table près d’une grande baie vitrée, offrant une vue sur l’extérieur enneigé. L’odeur du café et des plats réchauffe un peu l’atmosphère. Ce n’est pas un repas gastronomique, mais j'apprécie simplement le fait de ne pas manger seule dans ma chambre.

La discussion est fluide, ponctuée de petits rires et de souvenirs.


- Tu sais ma fille, hier, on a croisé l’infirmière qui t’a montré comment calculer tes glucides. Elle nous a dit que tu étais une élève appliquée.


Mon père a l'air fier en disant ça.


- Disons que je n’ai pas trop le choix. Mais franchement, je m’en sors pas trop mal… même si j’avoue que j’aimerais bien juste profiter d’un repas sans réfléchir à tout ça.


Alors qu’on finit le repas, je jette un regard vers l’entrée de la cafétéria. Une petite partie de moi espère voir Aaron apparaître. A la place, j'y aperçois Charles, avec un paquet cadeau dans la main. Il se dirige vers nous.

Je le regarde arriver, sans réussir à le quitter des yeux.


- J’espère que je ne dérange pas !


Il pose son manteau sur le dossier d'une des chaises encore vacantes.

Charles regarde soudainement Julie. Je l'observe à mon tour. Ma meilleure amie s’est légèrement crispée, baissant les yeux sur son plateau, comme si elle cherchait à éviter tout contact visuel avec Charles. Un léger malaise imperceptible pour les autres, mais que je ressens immédiatement.


- Mais non, au contraire, mon filleul ! Après tout c'est moi qui t'ai prévenu que nous étions ici. On vient de finir, on allait ramener Albane dans sa chambre.


Julie, qui d’ordinaire a toujours une répartie spontanée, se contente de sourire à moitié. Je fronce légèrement les sourcils, intriguée par cette gêne inhabituelle. Je me demande si quelque chose s’est passé entre eux, mais ce n’est ni le lieu ni le moment pour poser des questions.


Charles me regarde.


- Comment tu te sens aujourd’hui ?


- Mieux. Ça fait du bien d’être avec eux… et maintenant avec toi.


Je n'ai pas réfléchi avant de parler, mais je ne regrette pas mes mots. Je vois le regard de Charles s’adoucir un peu plus, et mon propre cœur s’emballe légèrement. Julie, elle, détourne subtilement les yeux et se lève.


- Je vais débarrasser nos plateaux.


Je me promets de tirer ça au clair plus tard. Pour l’instant, je suis simplement contente que Charles soit là.


On traverse les couloirs de l’hôpital. Elisabeth et Edouard restent debout près de la fenêtre, tandis que Charles s’assoit sur le fauteuil à côté du lit. Julie, quant à elle, garde une certaine distance, son téléphone à la main, l’air ailleurs.


- On ne va pas trop tarder ma chérie, on voulait juste être sûrs que tu allais bien avant de rentrer.


Ma mère rassemble leurs affaires.


- Et puis, avec Charles ici, on sait que tu es entre de bonnes mains.


- Ah papa, tu me laisses sous sa surveillance, c’est ça ?


- Absolument. J’ai une liste d’instructions très précises de tes parents, je suis responsable de toi maintenant.


Avec Charles on échange un regard complice.

Elisabeth et Edouard finissent par dire au revoir, laissant Charles et Julie seuls avec moi puis je me lance.


- Julie, ça va ? T’es un peu… distante, non ?


Julie relève la tête, surprise. Elle jette un rapide regard à Charles avant de hausser les épaules.


– Non, non, tout va bien. Juste fatiguée.


Mais je ne suis pas convaincue. Charles non plus, apparemment, car il détourne légèrement le regard, comme s’il évitait lui aussi d’aborder un sujet délicat.


- Vous êtes sûrs ? Vous avez l’air de cacher quelque chose…


Julie et Charles échangent un bref regard, et je sens que mon instinct ne me trompe pas. Il y a bien quelque chose, et je compte bien le découvrir.


- Disons juste que… Julie et moi avons eu une discussion hier soir. Rien de grave.


Je sens une tension différente entre eux, et je ne sais pas pourquoi, mais cela me met étrangement mal à l’aise.

J'aurais aimé poser plus de questions, mais je ne suis pas sûre d’en vouloir les réponses tout de suite.


- Bon, tant que vous ne vous battez pas, ça me va.


Pour l’instant, je veux juste profiter de leur présence.


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17 commentaires

Juxbook

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Il y a 11 jours

Je pensais qu’il allait lui offrir le cadeau, moi ! Où est passée la boule à neige ? Peut-être un oubli ou c’est dans les prochains chapitres, mais ça fait partie de la réécriture ne t’en fais pas ! Ce chapitre montre parfaitement le tiraillement d’Albane entre la disparition inquiétante d’Aaron vis-à-vis d’elle et la présence rassurante et toujours bienveillante de Charles. Le verdict ? On en veut toujours plus d’eux ! L’arrivée de Julie et Charles montre explicitement un malaise entre eux et des non dits, tu l’exprimes très bien et pareil, nous ne nous sentons pas contraints d’aimer ou détester un personnage

Hooper (Seb Verdier)

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Il y a 17 jours

;)

Ady Regan

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Il y a 17 jours

Petit malaise entre les trois🫣 au moins Charles a été honnête avec Julie

Origami

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Il y a 17 jours

Un chapitre plutôt calme 😀. Charles est-il maintenant un cœur à prendre disponible ?

Sarael

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Il y a 17 jours

🫣🫣🤭🤭

M.B.Auzil

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Il y a 18 jours

Petite aide au déblocage avant de commencer la lecture 🤗

Emmy Jolly

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Il y a 18 jours

Oh cette tension bien visible entre Julie et Charles n'a pas échappé à Albane.
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