Fyctia
Chapitre 14 - Charles
Elisabeth nous interpelle, les bras pleins de cartons.
– Vous êtes prêts ?
Julie lui prend un sac de cadeaux.
– Plus que jamais.
Tout le monde hoche la tête et on commence à marcher vers l’entrée de l’hôpital. On s’apprête à offrir à Albane la surprise qu’elle mérite.
On avance dans le couloir de l’hôpital, les bras chargés de décorations, de plats et de cadeaux soigneusement emballés. L’atmosphère est empreinte d’excitation et d’impatience. Élisabeth marche en tête, son sourire trahissant son émotion. Devant la porte de la chambre d’Albane, elle s’arrête et se tourne vers nous.
– On entre tous en même temps, d’accord ?
On approuve tous d’un signe de tête. J'ajuste le sac que je porte, Julie retient un sourire complice, et Nicolas, les bras encombrés de guirlandes, se tient prêt.
Élisabeth pousse doucement la porte.
La chambre d’hôpital est baignée d’une lumière douce. Albane est allongée dans son lit, les yeux fatigués mais bien ouverts.
Lorsqu’elle nous aperçoit entrer, ses sourcils se froncent un instant sous l’effet de la surprise.
– Qu’est-ce que…
– Joyeux Noël, ma fille chérie.
En un instant, la pièce s’anime. Nicolas et Édouard commencent à poser les décorations sur les meubles, Julie installe les cadeaux au pied du lit, et moi je dépose un panier garni de plats de fête sur la petite table.
– On s’est dit que si tu ne pouvais pas passer Noël à la maison, alors Noël viendrait à toi.
Elisabeth est vraiment une mère extraordinaire.
Albane regarde autour d’elle, les yeux brillants. L’émotion l’envahit. Son coma, son réveil… tout semble s’effacer un instant face à cette scène improbable et magnifique.
– Vous avez fait tout ça… pour moi ?
– Évidemment.
Ce mot sort tout seul de ma bouche, comme une évidence.
Albane cligne des yeux, comme pour s’assurer qu’elle ne rêve pas. Un sourire sincère se dessine sur ses lèvres.
– C’est le plus beau Noël de ma vie.
Tout le monde se détend, les sourires présents sur chaque visage. Élisabeth lui caresse doucement la main, et Nicolas allume une guirlande lumineuse qui éclaire la pièce d’une douce lueur festive. Pour la première fois depuis son réveil, Albane a l'air vraiment vivante. Elle serre doucement la main d’Élisabeth, qui ne peut plus retenir ses larmes et elle se met à exprimer ce qu'elle ressent.
– Ma chérie… Tu nous as tellement fait peur.
Julie, qui s’efforçait de garder le sourire, craque à son tour. Elle essuie furtivement ses joues du bout des doigts, mais ses épaules tremblent.
– T’as aucune idée d’à quel point tu nous as manqué, Albane…
– Où est Aaron ?
Nos sourires disparaissent aussitôt. Nicolas et Édouard échangent un regard, et Julie baisse les yeux. Seule Élisabeth semble chercher ses mots, son cœur de mère incapable de cacher la vérité trop longtemps.
– Maman ?
Élisabeth serre ses mains sur ses genoux et évite son regard. Finalement, c’est Julie qui brise le silence, la voix encore tremblante d’émotion, mais teintée d’une pointe de colère contenue.
– On ne sait pas où il est.
– Comment ça… ?
– Il a disparu. Dès que… dès que tu es tombée dans le coma, il est parti. Il n’a donné de nouvelles à personne.
Elle cherche les yeux d'Elisabeth, comme pour vérifier si c’était une blague, une incompréhension. Mais elle se contente de détourner le regard, la mâchoire crispée.
– Ce n’est pas possible… il… il ne ferait jamais ça.
– On ne veut pas te bouleverser, ma chérie… Mais on doit être honnête avec toi. Aaron n’a pas été là. Pas une seule fois.
Elle s’enfonce un peu plus dans ses draps, le regard perdu.
– Il m’a abandonnée…
Personne ne répond. Parce qu’on sait tous que, oui, c’est exactement ce qu’il a fait. Julie renifle discrètement, reprenant le contrôle de ses émotions. Élisabeth caresse tendrement les cheveux d’Albane, cherchant à lui offrir un peu de réconfort. Et moi, silencieux, je l’observe avec une douleur que je ne dis pas.
Son réveil aurait dû être un miracle, une fête… Mais elle vient sûrement de comprendre que, pour Aaron, c’était juste une porte de sortie.
Les bras croisés, je lutte contre l’envie de dire quelque chose de trop tranchant sur Aaron. Mais c’est Nicolas qui, le premier, tente de ramener un peu de chaleur dans la pièce.
– Tu sais quoi, Albane ? On a pas mal galéré pour tout transporter jusqu’ici, alors autant que ça serve.
Il pose un grand sac sur la petite table de la chambre et en sort une boîte soigneusement emballée.
– J’espère que t’as faim, parce qu’on t’a ramené un vrai goûter de Noël.
Édouard sort à son tour une boîte, et l’ouvre, révélant une magnifique bûche de Noël faite maison, décorée avec soin. L’odeur du chocolat et de la crème envahit doucement la chambre.
– Tu ne pensais quand même pas qu’on allait fêter Noël sans bûche ?
Albane les regarde tour à tour avec un sourire mélancolique.
– Et t’inquiète, on a pensé à tout. On va faire ça bien, comme on nous l’a expliqué. On est avec toi, Albane.
Je lui tend doucement son kit de contrôle glycémique. Albane m’observe un instant, l’appréhension passant dans son regard. En effet, l'infirmière nous a fait un debrief pendant quelques minutes avant que nous puissions rejoindre la chambre.
Albane hoche la tête, respire un grand coup, puis pique son doigt. Une goutte de sang, un bip du lecteur… et le chiffre s’affiche.
– 2,30… C’est encore un peu haut.
Élisabeth se penche vers elle, une expression inquiète sur son visage.
– Tu veux qu’on appelle une infirmière ?
– Non, non… Je peux gérer.
Elle prend son stylo d’insuline, retire le capuchon, ajuste la dose. Elle inspire un instant avant de piquer son abdomen et d’injecter le produit. Une fois fini, elle repose le stylo avec un soupir.
Un silence plane dans la pièce. Tout le monde l’a regardée avec une attention presque religieuse. Mais ce n’est pas de la pitié qu’elle peut voir dans nos regards. C’est du respect. De la fierté.
– Franchement, Albane… T’es une vraie battante.
J'avoue que je ne voulais pas trop en faire, mais cette phrase je l'ai pensée à voix haute.
Albane lève les yeux vers moi et esquisse un petit sourire, légèrement gênée.
– J’ai pas vraiment le choix, hein…
– Et maintenant, place à la bûche ! Parce que Noël, c’est aussi fait pour se régaler.
Nicolas lui tend une assiette.
Aaron n’est pas là, et il y a encore des choses à encaisser, mais une chose est sûre : elle n’est pas seule.
L’ambiance s’adoucit progressivement. Autour d’Albane, les conversations reprennent, rythmées par le bruit des cuillères raclant les assiettes et le parfum sucré de la bûche de Noël. Julie, assise sur le bord du lit, picore distraitement un morceau tout en me lançant un regard taquin.
– Franchement, je suis impressionnée. La bûche est super bonne. Tu te surpasses Elisabeth.
– Tu es impressionnée, hein Julie !!
J'observe Albane discrètement. Je vois bien qu’elle lutte contre la fatigue, mais elle sourit, et c’est tout ce qui compte. Je pose un coude sur le dossier d’une chaise et je me penche légèrement vers elle.
19 commentaires
Nina Fenice
-
Il y a 5 heures
Juxbook
-
Il y a 4 jours
Charlyemorand
-
Il y a 7 jours
Ady Regan
-
Il y a 8 jours
petites.plumes
-
Il y a 8 jours
Chloé Hazel
-
Il y a 10 jours
Sarael
-
Il y a 10 jours
Origami
-
Il y a 12 jours
Emmy Jolly
-
Il y a 16 jours
Sarael
-
Il y a 13 jours