Sarael Un vœu pour deux Chapitre 15 - Albane

Chapitre 15 - Albane

Dès l’instant où la porte de ma chambre s’est ouverte et que mes proches ont envahi l’espace, j'ai senti mon cœur se serrer. Pas de tristesse, pas vraiment. Plutôt un mélange intense d’émotions contradictoires.

D’abord, la surprise. Les voir tous là, avec ces sourires pleins d’amour, les bras chargés de décorations, de plats et de cadeaux… Je ne m’y attendais pas. L’hôpital était si froid, si impersonnel. Je m'étais préparée à affronter ce Noël seule, dans la monotonie des lumières blanches et des bruits de machines. Mais ils ont tout changé. Ils ont ramené la maison jusqu’à moi.

Ensuite, l’émotion. Quand Julie et Élisabeth ont craqué, pleurant devant moi sans chercher à cacher leur soulagement, j'ai senti ma gorge se nouer. J'aurais voulu leur dire de ne pas pleurer, que j'allais bien maintenant. Mais au fond, je comprenais. Je savais ce qu’elles avaient traversé, ce qu’elles avaient ressenti pendant que je dormais, suspendue entre la vie et la mort.

Puis, il y a eu la douleur. Parce qu’au milieu de toutes ces preuves d’amour, un vide immense a résonné. Aaron. Mon cœur a battu plus fort rien qu’en prononçant son nom. Une part de moi refusait d’y croire. Comment pouvait-il ne pas être là ? Comment pouvait-il m’avoir laissée tomber au moment où j'avais le plus besoin de lui ?

Quand Julie m'a dit qu’il avait disparu, j'ai senti un frisson glacé me parcourir l’échine. J'ai cherché dans leur regard un signe d’erreur, de malentendu. Mais personne n’a contredit Julie. Parce que c’était la vérité. Parce qu’Aaron était parti. Et ça, c’était pire que tout.

Mais malgré tout, il y a aussi eu de la chaleur. De la gratitude. Parce que quand j'ai baissé la tête pour essayer de contenir mes larmes, c’est la main d’Élisabeth qui m’a réchauffée. Parce que Julie était là, à côté de moi, forte et présente. Parce que Charles, Nicolas et Édouard n’avaient eux pas fui l’inconfort de la situation ; ils étaient restés, m’entourant de leur énergie rassurante.

Alors, petit à petit, la douleur s’est adoucie. Ils ont installé la bûche, parlé avec légèreté, partagé des rires. Quand j'ai piqué mon doigt pour contrôler ma glycémie, ils n’ont pas détourné les yeux, gênés ou pleins de pitié. Ils m’ont regardée avec respect. Avec admiration. Et ça, ça m'a donné la force de continuer.

Alors qu’on s’apprête à ouvrir les cadeaux, je me rend compte de quelque chose d’essentiel.

Oui, j'ai perdu Aaron. Je ne lui pardonnerai jamais. Mais je n’ai pas tout perdu.

Je suis entourée. Aimée.

Et, malgré l’hôpital, malgré tout ce que je dois encore affronter, je me sens presque… heureuse.

Charles s’approche de moi.


– Comment tu te sens, vraiment ?


Je lève les yeux vers lui, il y a une douceur dans sa voix, une gentillesse sincère qui fait fondre un peu plus la barrière que j'ai érigée autour de moi depuis mon réveil. Je ne sais pas comment répondre. Est-ce que je vais bien ? C’est difficile à dire. Mais il est là, avec son regard calme et compréhensif.


– Je… Je ne sais pas. Tout va si vite. Je suis heureuse de vous voir tous, et en même temps, j’ai l’impression de n’être qu’une spectatrice. Un peu comme si tout ça m’échappait encore.


– Je comprends. Ce que tu vis, c’est énorme. Mais tu n’as pas à tout comprendre d’un coup. Pas à tout porter tout de suite.


Il marque une pause.


- Tu n’as pas à tout affronter seule, Albane. On est là pour toi. Et même si c’est difficile, même si ça prend du temps, tu verras, petit à petit, ça ira mieux.


Je le regarde, une chaleur dans le cœur que je n’avais pas anticipée. Ses mots, son ton, tout chez lui me semble authentique. Comme si chaque syllabe qu’il prononçait était là pour me soutenir, me protéger. Je sens les larmes me monter aux yeux, mais cette fois, c’est différent. Ce ne sont pas des larmes de tristesse, mais de reconnaissance.


– Merci… vraiment.


– Tu n’as personne à remercier. C’est normal.


On se regarde, un moment de silence s’installe, confortable, calme. Puis, soudain, la voix joyeuse de Julie, qui n’a pas cessée de chercher un moment pour interrompre les échanges, se fait entendre.


– Allez, assez de blabla, on va pas passer Noël à discuter ! C’est l’heure des cadeaux ! Tout le monde ouvre ses cadeaux, maintenant ! Albane, t’as encore des trucs à découvrir !


Bien que toujours un peu marquée par les émotions de la journée, je me sens soudainement plus légère. Je prend un paquet que Julie me tend et je me laisse emporter par l’atmosphère de fête.


– Vous êtes incorrigibles. Mais j’avoue, je n’ai jamais été aussi impatiente d’ouvrir des cadeaux !


Le moment est parfait. C’est un Noël particulier, loin des attentes et des rêves que j'avais, mais je suis entourée de gens qui m’aiment vraiment. Et ça, rien ni personne ne pourra me l'enlever.

Je prends le paquet que Julie me tend, un peu surprise. Il est petit, compact, enveloppé dans un papier aux motifs doux et hivernaux. Je découvre un carnet de voyage élégant, avec une couverture en cuir marron, finement gravée de petites étoiles et d'un paysage enneigé. Je m’arrête un instant, les mains tremblantes. Je ne m'attendais pas à cela. Je pose le carnet sur ses genoux et relève lentement les yeux vers Julie.


– Julie… c’est… c’est magnifique. Mais… pourquoi ce carnet ?


Julie s’assoit doucement près de moi, son sourire se fait plus tendre, mais aussi un peu plus grave. Elle semble comprendre l’intensité de ce moment, l’intensité des émotions qui vont me traverser.


– Parce que tu as prévu ce voyage en Laponie. Et même si je sais que tout est un peu chamboulé… je voulais te donner ce carnet, pour que tu puisses y écrire toutes tes pensées pendant le voyage.


Je reste silencieuse un instant, mon regard perdu dans la couverture du carnet. Ce voyage en Laponie… J'en avais rêvé avec Aaron. On en avait parlé pendant des mois, planifié chaque détail, imaginé ce qu'on ferait là-bas. Mon rêve, notre rêve, semble désormais hors de portée.


– Je… je ne sais même pas si je pourrais y aller. Aaron et moi… on en parlait tellement. On se voyait déjà là-bas. Et maintenant… maintenant je… je ne sais pas.


– Je sais que ça doit être difficile. Mais… peut-être que ce carnet pourra t’aider. Peut-être que, même sans Aaron, tu pourras vivre ce voyage. Peut-être qu’il sera encore plus spécial à sa manière. Ce carnet… il est là pour ça, pour t’accompagner dans ce chemin. Que ce soit seule, ou avec quelqu’un.


Le carnet de voyage devient un symbole. Un symbole de l’incertitude, de ce que je perds, mais aussi de ce que je pourrais encore vivre. Peut-être qu’il est trop tôt pour y penser, mais cette Laponie… elle est toujours là, quelque part.


– Je ne sais même pas comment j’arriverais à partir sans lui…


– Tu n’as pas à prendre toutes les décisions maintenant, Albane. Ce carnet est juste là pour te rappeler que tu as un chemin devant toi.


- Merci… Merci, Julie. C’est vraiment un beau cadeau.


C’est peut-être le début d’un nouveau voyage. Un voyage que je ferai à ma façon.



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24 commentaires

Nina Fenice

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Il y a 5 heures

Elle est très résiliante et je comprends qu’elle inspire le respect de ses proches. La Laponie avec Charles alors ? Après tout tu as semé un petit indice au chapitre précédent, hihi ! J’arrive au terme de AUL pour cette semaine et avec ces 15 premiers chapitres, tu tiens vraiment quelque chose! J’espère avoir été à la hauteur de la tâche et que mes commentaires pourront aider à ta réécriture. Le sujet du diabète est original combiné à une romcom de Noël et il y a vraiment de quoi faire. Tu sembles connaître à fond le sujet et ça rend le tout très crédible. Le sujet de l’abandon aussi est un thème central. Je dirais juste que pour le moment il manque un peu de cohérence parce qu’on n’en a pas vu de signes avant-coureurs et ça semble un peu tombé de nulle part. Tu as le temps de bien poser le contexte au début et peut-être étoffer un peu la relation entre eux. On peut continuer à être surpris par ce départ soudain sans pour autant que ça sonne bizarre. Je suis justement en roadtrip cette semaine, j’avance un peu à l’aveuglette alors je ne suis pas sûre de pouvoir avancer plus dans ton historie mais dès la semaine prochaine je continuerai la lecture car tu as bien su piquer ma curiosité ! Belle suite à toi !

Juxbook

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Il y a 4 jours

C'est difficile de trouver quoi dire parce que la plume est toujours très fluide et les émotions sont toujours dirigées entre l'absence de son copain et l'amour que lui porte sa famille ! Les paroles de Charles sont d'une douceur inouïe, un Green flag Comme tu le dis si bien ! Le cadeau du carnet est une idée géniale pour relancer l'histoire au sujet du voyage en Laponie qui peut s'avérer compliqué avec l'absence de Aaron ! Mais ça permet de souligner le fait que ses proches tiennent à ce qu'elle réalise son rêve avec ce voyage !

Charlyemorand

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Il y a 7 jours

Charles doit y aller !!! Elle est tellement triste, la pauvre !

Ady Regan

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Il y a 8 jours

J'espère qu'elle le fera son voyage ! Et si possible avec Charles hihi mais avant pour elle❤️

Chloé Hazel

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Il y a 10 jours

Je vote pour que Charles parte en Laponie avec Albane (comment ça, ça marche pas comme ça ?)

petites.plumes

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Il y a 8 jours

Je suis tellement d'accord 🤣

Sarael

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Il y a 8 jours

🤭🤭🤭

Origami

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Il y a 12 jours

Chouette cadeau de la part de Julie !!

Sarael

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Il y a 12 jours

Oui c'est vraiment une bonne amie 🥹

s'may

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Il y a 13 jours

Juste un like pour débloquer😉, je commence juste à lire le deuxième chapitre 🥲
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