Fyctia
Chapitre 13 - Charles
Je suis toujours affalé sur mon lit, le téléphone dans les mains, quand l’écran s’illumine avec une nouvelle notification. Un message d’Élisabeth.
📩 Bonjour Charles, j’espère que tu vas bien. Bonne nouvelle, on peut voir Albane cet après-midi ! On aimerait lui faire une surprise en ramenant Noël à l’hôpital : repas, décorations, cadeaux… Est-ce que tu es partant ?
Un sourire naît aussitôt sur mes lèvres. L’idée est parfaite.
📩 : Bien sûr, compte sur moi ! Qui vient et qu’est-ce qu’il faut que j’apporte ?
📩 : On va être tous là : Nicolas, Édouard, moi… et Julie aussi. Par contre on a toujours pas de nouvelles d'Aaron…
Mon cœur rate un battement en voyant ce dernier nom.
📩 : Si tu peux nous rejoindre à la maison après mangé, pour 13 heures ? On va à l'hôpital vers 15 heures.
📩 : Parfait marraine, à tout à l'heure.
Je saute du lit et descends boire un café. Je remonte aussitôt me préparer. Après une douche bien chaude, je regarde l'extérieur. La neige tient sur le sol cette fois, donc il fait bien froid. J'enfile alors une chemise, par dessus, un pull de Noël et enfin un pantalon de costume noir.
Je me pose un peu devant ma série Netflix avant qu’il ne soit déjà l'heure de rejoindre les de Cagny.
Je mets du parfum puis j'enfile des baskets.
J’arrive chez les de Cagny, tout le monde est déjà là.
– Je vous préviens, si on emmêle encore plus ces guirlandes, c’est une cause perdue.
- Laisse-moi faire Edouard, t'es clairement pas doué.
Elisabeth lui prend la guirlande des mains et commence à la plier méthodiquement.
- On est sûrs qu’on ne va pas trop en faire ? C’est une chambre d’hôpital, pas une salle de réception.
– Justement Nicolas. Elle a besoin de sentir que Noël est toujours là, malgré tout. C'est sa fête préférée et elle n'a pas pu en profiter.
Tout le monde hoche la tête. Chacun s’affaire à emballer, trier, organiser. Sur la table, les plats sont alignés : dinde, gratin, bûche de Noël… Un vrai festin. Julie recouvre tout soigneusement de papier aluminium, pendant qu’Elisabeth finit de s’occuper des décorations.
Moi je me charge des cadeaux.
– OK, on est bon pour les cadeaux. Tout est là.
– Les décorations aussi !
– Et la bouffe est prête à être transportée.
Edouard se lève enfin de son fauteuil.
– Alors qu’est-ce qu’on attend ? Chargeons les voitures les enfants !
Dans une belle coordination, on commence à tout transporter dans les voitures. Il fait froid, mais l’enthousiasme nous réchauffe. Les coffres se remplissent rapidement de guirlandes, de lumières, de cadeaux colorés et de plats fumants.
On charge la voiture d'Elisabeth et Edouard, puis la mienne, que Julie a ramenée avec précaution. Elisabeth referme le coffre.
– C’est parfait. Albane ne va rien voir venir.
Julie est tout excitée.
– Ça va être le plus beau Noël surprise de tous les temps !
On monte en voiture, les de Cagny dans la leur et Julie et moi dans la mienne, impatients d’arriver à l’hôpital. Albane n’a aucune idée de ce qui l’attend…
Nous prenons la route vers l’hôpital, le coffre rempli de décorations, de plats et de cadeaux. L’ambiance est joyeuse, mais je sens qu'une question me brûle les lèvres depuis un moment. Je jette un coup d'œil à Julie, assise à côté de moi. Finalement, je me lance.
– Au fait, Julie… T’as eu des nouvelles d’Aaron ?
Le sourire de Julie disparaît légèrement. Elle détourne le regard vers la fenêtre, observant distraitement le paysage qui défile.
– Non… Rien.
– Sérieux ? Même pas un message ?
– Rien du tout. Il a disparu…
– Et tes parents ? Ils savent où il est ?
– Non… Il ne répond pas à leurs appels non plus.
Elle serre ses mains sur ses genoux, visiblement agacée et inquiète à la fois.
– Il a fui. Comme toujours quand les choses deviennent compliquées.
Elle pince les lèvres, et je sens qu’elle essaie de cacher une émotion plus profonde. De la colère ? De la tristesse ? Je n'ose pas insister, mais je ne peux m’empêcher de penser à Albane. Elle se réveille après un coma et l’homme qui est censé être à ses côtés est… introuvable ?
– Quel connard…
Julie ne répond pas, mais son silence en dit long. Ma voiture continue d’avancer vers l’hôpital. Une question flotte entre nous, silencieuse et lourde : Aaron reviendra-t-il un jour ?
Après un silence un peu pesant, Julie prend une grande inspiration et se redresse légèrement. Elle tourne la tête vers moi, cherchant visiblement à changer de sujet.
– Et toi, si tu pouvais être ailleurs, là, tout de suite… tu irais où ?
Je suis surpris par la question. Je réfléchis une seconde, puis esquisse un sourire.
– Hm… Loin du froid, déjà. Peut-être… le Japon. Ou alors la Laponie.
– Donc soit tu cherches le soleil, soit tu fonces tête baissée dans la neige.
– Exactement. J’aime bien les extrêmes.
– Et qu’est-ce que tu ferais là-bas ?
– Au Japon ? J’irais traîner dans les petites rues de Tokyo la nuit, goûter tous les plats possibles et marcher sans destination précise. En Laponie, par contre… juste le silence. Le genre de silence qui te fait sentir minuscule. Regarder les aurores boréales et me dire que tout ce bordel qu’on vit, au final, c’est rien comparé à l’univers.
– Ça te ressemble bien, ça.
Julie me fixe un instant, un sourire en coin. Je détourne les yeux vers elle, puis je regarde de nouveau la route, un peu gêné.
– Et toi ?
– L’Italie. Direct. Rome, Florence, Venise… L’architecture, la bouffe, les petites ruelles pavées… J’aimerais m’y perdre.
– T’as déjà voyagé en dehors de la France ?
– Quelques fois, mais jamais assez loin. Et pas comme j’aimerais. J’veux partir sans plan, juste avec un sac à dos, et me laisser porter.
– Alors t’es comme moi.
– Peut-être bien.
On échange un regard. C’est furtif, mais quelque chose passe entre nous. Une sorte de complicité naturelle, une évidence tranquille. Julie détourne légèrement les yeux, mais un sourire flotte toujours sur ses lèvres.
– Un jour, on devrait partir.
– T’es sérieuse ?
– Peut-être bien. Mais seulement si tu me laisses choisir la première destination.
- Marché conclu.
On se sourit, un peu trop longtemps peut-être.
Je vois l'hôpital au loin, le trajet touche à sa fin, mais la discussion entre nous, elle, semble vouloir s’étirer encore un peu.
– Et sinon… t’as déjà fait un vrai road trip, Julie ?
– Pas encore. Mais j’en rêve. Juste prendre une voiture et rouler sans savoir où on va s’arrêter.
– Ça sonne parfait.
– Et toi, Charles ?
– Oui. Mais j’adorerais le refaire.
Elle me regarde, une lueur d’envie dans les yeux, et je sens une chaleur me monter au visage. J'aime cette idée d’imprévu qu'on partage. Comme si on était déjà dans une bulle, ailleurs, loin de tout ça.
La voiture s’arrête, et la bulle éclate doucement.
Dehors, sur le parking, la deuxième voiture vient de se garer à côté de nous. Élisabeth, Édouard et Nicolas sortent et commencent à récupérer les affaires. Avec Julie on s'échange un dernier regard, comme si on gardait notre discussion en suspens, avant d’ouvrir les portières.
32 commentaires
Aline Puricelli
-
Il y a 20 heures
M.B.Auzil
-
Il y a 7 jours
mima77
-
Il y a 7 jours
Nina Fenice
-
Il y a 10 jours
Juxbook
-
Il y a 14 jours
Ady Regan
-
Il y a 17 jours
petites.plumes
-
Il y a 18 jours
Charlyemorand
-
Il y a 18 jours
Sarael
-
Il y a 18 jours
Chloé Hazel
-
Il y a 19 jours