Fyctia
Chapitre 11 - Albane
Tout est flou. Une sensation étrange, lourde, comme si mon corps pesait une tonne, comme si mon esprit flottait quelque part entre rêve et réalité. La lumière m’aveugle un instant, mes paupières papillonnent. Tout est silencieux, trop silencieux. Mes doigts bougent faiblement sur les draps. Une odeur de désinfectant me chatouille les narines. Je fronce les sourcils, mon cerveau engourdi essayant de comprendre où je suis.
Peu à peu, les souvenirs reviennent par vagues.
Une fête. Des rires. Un verre. Des cadeaux. Un sapin. Noël. Des vertiges. Puis… le néant.
Mon cœur s’accélère. J'ouvre les yeux pour de bon et tourne lentement la tête. Une pièce blanche… une chambre d’hôpital. Mais personne autour de moi.
J'essaie de parler, mais ma gorge est sèche, douloureuse, aucun son ne sort. J'inspire difficilement, sentant un léger malaise monter. Pourquoi suis-je là ? Où sont les autres ? Pourquoi suis-je seule ?
Je tente de bouger davantage, mais mon corps est faible, j'ai l’impression d’avoir dormi pendant des semaines. Un bip sonore se déclenche, sûrement lié à la machine à laquelle je suis branchée.
Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvre brusquement.
Deux infirmières entrent, visiblement surprises de me voir éveillée.
– Albane ? Vous nous entendez ?
Cette infirmière est souriante, rassurante. La deuxième vérifie mes constantes sur l’écran.
– Vous vous sentez comment ?
Je veux répondre, mais ma gorge brûle.
– Attendez, ne forcez pas… Je vais vous apporter un peu d’eau.
La première infirmière s’éclipse quelques secondes avant de revenir avec un gobelet et une paille. Je bois lentement, sentant l’eau glisser dans ma gorge avec un soulagement immense.
– Où… où suis-je ?
Ma voix est rauque, abîmée.
– À l’hôpital, Albane. Vous avez fait un coma diabétique, mais vous êtes tirée d’affaire maintenant. Votre glycémie a chuté dangereusement et votre corps n’a pas supporté. Vous êtes ici depuis plusieurs jours.
Je fronce les sourcils. Un coma ? Diabétique ? J'ai du mal à assimiler l’information. Je fixe le plafond, tentant de digérer tout ça. J'ai été dans le coma. Pendant plusieurs jours. Mon cœur s’emballe. Qui savait ? Qui est venu me voir ? Pourquoi je suis seule en me réveillant ? Ma gorge se serre.
– Il y a… quelqu’un… qui est venu me voir ?
Les infirmières échangent un regard, puis l’une d’elles me sourit doucement.
– Oui, vos amis et votre famille ont été là. Ils ont veillé sur vous. Mais ils sont rentrés à notre demande. Ils reviendront demain.
Un poids s’allège un peu dans ma poitrine. Je ferme les yeux un instant, puis une question surgit dans mon esprit. Une question plus pressante que les autres.
- Aaron... Il était là ?
Les infirmières marquent un léger temps d’arrêt. Un silence presque imperceptible, que je capte immédiatement. Je le sens. Quelque chose ne va pas.
– Je ne peux pas vous dire. Mais reposez-vous, c’est le plus important pour l’instant.
Je serre les draps entre mes doigts, mon regard se perd dans le vide. Je sais ce que ça veut dire. Il n’était pas là. Ou alors… il est parti.
Un frisson me parcourt l’échine. Pas de panique, pas maintenant. Je suis vivante, c’est tout ce qui compte. Mais une autre sensation s’installe lentement en moi, un mélange d’incompréhension et d’appréhension. Qu’est-ce qui m’attend en dehors de cette chambre ? Qui sera là… et qui ne sera plus là ?
La porte se referme doucement derrière les infirmières, me laissant seule. Seule avec un cœur qui bat trop vite, un corps trop lourd et une tête qui tourne.
J'essaie de remettre en ordre tout ce qui vient de me tomber dessus. Un coma diabétique, plusieurs jours inconsciente. J'aurais aimé me réveiller avec un visage familier, une main serrant la mienne, un regard rassurant, mais à la place, c’était le silence. Je sens la fatigue me gagner.
Je tourne la tête vers la fenêtre. Il fait nuit noire. Le ciel est immense, sans étoiles visibles mais le reflet des décorations de Noël m'apaise.
Ils reviendront demain…
C’est ma seule pensée réconfortante, alors je m’y accroche, comme à une bouée. Ils reviendront demain. Ils seront là. Je n'ai qu’à tenir jusqu’au matin.
Avec cette idée en tête, je finis par m’endormir d’un sommeil agité, mais nécessaire.
26 décembre 2024.
Je me réveille au petit matin, les paupières encore lourdes, mais l’esprit plus clair. La lumière du jour qui filtre à travers les rideaux est douce et rassurante. Nous ne sommes officiellement plus le jour de Noël… Ma fête préférée dont je n'ai pas pu profiter.
Je sens immédiatement que quelque chose est différent. Un peu d’énergie, une pointe d’excitation. Aujourd’hui, ils vont venir me voir. Aujourd’hui, je ne serai plus seule.
Je tourne la tête vers la porte, presque impatiente. Quelle heure est-il ? Trop tôt encore, sûrement. Mais l’idée de revoir mes parents, mon frère, Julie, Charles… et Aaron surtout, me donne enfin une sensation de normalité.
Une infirmière entre avec un plateau.
– Bien dormi ? Vous semblez plus en forme.
– J’attends du monde !!
L’infirmière sourit en déposant le plateau sur la table à côté de moi.
– Je vois. Ça fait du bien de voir des visages familiers après une épreuve comme celle-là.
Elle sort plusieurs objets : un glucomètre, des bandelettes, un stylo à insuline. Tout cela me semble irréel.
– On va prendre un peu de temps pour vous expliquer comment gérer votre diabète, Albane. Je sais que c’est beaucoup d’informations d’un coup, mais on va y aller pas à pas.
J'hoche la tête, un peu nerveuse. Je sais que je dois apprendre, mais une part de moi refuse encore d’accepter cette nouvelle réalité.
– D’abord, on va parler du sucre dans votre sang. Vous devez le mesurer plusieurs fois par jour avec un glucomètre. Quand vous sortirez d'ici dans quelques semaines vous aurez un capteur à changer toutes les 2 semaines, vous n'aurez plus à vous piquer au doigt.
Elle prend l’appareil et insère une bandelette.
– Vous piquez le bout de votre doigt avec cette petite lancette pour obtenir une goutte de sang. Ça ne fait pas très mal, vous allez voir. Vous voulez essayer ?
J'hésite, mais je tends la main. L’infirmière me prend doucement le doigt et appuie la lancette contre ma peau. Une piqûre rapide, puis une goutte de sang apparaît. Elle m’aide à la déposer sur la bandelette. Quelques secondes plus tard, un chiffre s’affiche à l’écran.
– Voilà, c’est votre glycémie du matin. Elle est un peu basse, ce qui est normal après tout ce que vous avez traversé.
Je fixe le chiffre sur l'écran. 0,78.
L’infirmière prend le stylo injecteur et me le montre.
– Vous allez devoir vous injecter de l’insuline pour aider votre corps à réguler le sucre. Il y a deux types d’insuline : une lente, que vous prenez le matin ou le soir, et une rapide, que vous prenez avant les repas.
Elle règle une dose sur le stylo et me le tend.
– Essayez sur votre ventre. C’est un des endroits les plus faciles.
25 commentaires
Aline Puricelli
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Il y a 5 jours
M.B.Auzil
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Il y a 8 jours
Nina Fenice
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Il y a 10 jours
mima77
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Il y a 13 jours
Juxbook
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Il y a 14 jours
Ady Regan
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Charlyemorand
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petites.plumes
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Chloé Hazel
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Sarael
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Il y a 19 jours