Fyctia
Chapitre 7 - Charles
Nous nous préparons tous à rejoindre l'hôpital et nous nous séparons en deux voitures, avec Elisabeth et Edouard d'un côté et Julie, Nicolas, Aaron et moi de l’autre, dans ma voiture.
L'inquiétude est palpable, le silence lourd, chacun plongé dans ses pensées.
Comme à son habitude, Julie brise le silence.
- Elle m’a envoyé un message ce matin, elle disait qu’elle avait juste un peu de fatigue. Mais rien qui semblait inquiétant… je ne comprends pas.
Elle regarde son téléphone, anxieuse, mais essaye de garder son calme.
- Elle se plaignait régulièrement de se sentir mal. Si j’avais su que quelque chose clochait… J’aurais dû être plus attentif.
- Aaron, arrête de culpabiliser. On est là pour elle maintenant. Tu n’aurais pas pu deviner, tu sais. C’est ma meilleure amie et je n’ai rien vu. Elle ne voulait peut-être même pas nous inquiéter... peut-être qu’elle a essayé de cacher à quel point elle était fatiguée. Albane est toujours la première à dire que ça va, même quand ce n’est pas le cas. On le sait tous.
Je bouillonne à l'intérieur de moi en entendant qu'Aaron a ignoré les signaux d'Albane. Elle n'est pas du genre à crier au loup sans se sentir vraiment mal, comment a-t-il pu ignorer ses signaux ?
- Elle t'a averti et apparemment plus d'une fois. Oui tu aurais dû être plus attentif. C’est ta faute Aaron, tu ne l'as pas protégée comme tu aurais dû.
J’ai les mains qui se crispent sur le volant en disant ça, tout en accélérant légèrement sans m'en rendre forcément compte.
- C’est un accident, et là, on a besoin d’être tous ensemble pour elle. Elle a besoin de nous. Pas de culpabilité.
C’est avec un mélange de colère et de compréhension que Nicolas m’adresse ces paroles. Je suis sûr qu'il n'en pense pas moins, mais lui il a ce sang froid que moi je n'ai pas. Si seulement je pouvais le laisser sur le bord de la route ce mec. Son mec.
- Je ne sais pas si je vais pouvoir supporter de la voir comme ça. J’ai tellement peur pour elle. Et si ça s’aggrave… Et si on arrive trop tard ?
Dans le rétroviseur je vois Julie respirer profondément, cherchant à se calmer, mais la panique est toujours présente dans sa voix.
Aaron a été raisonnable de ne pas me répondre.
Ma voiture file dans la nuit, les kilomètres défilent alors que le stress monte, mais l’espoir reste vivace dans nos cœurs.
Nous nous garons, puis nous nous rendons dans le hall de l'hôpital. Aaron fume dehors, alors qu'il fait si froid, en attendant Elisabeth et Edouard.
Au moment d’écraser sa cigarette, ces derniers arrivent d'un pas rapide.
On se dirige tous vers l'accueil où on demande à aller voir Albane.
L'infirmière nous confie qu’elle se trouve au service de réanimation. Elisabeth s'effondre, comprenant que c'est plus grave qu'un simple malaise. Elle n'est d'ailleurs pas la seule. Moi, j'essaie de garder mon sang froid. J'ai toujours été très terre à terre, ça me permet de ne pas sur analyser la situation.
Nous prenons l'ascenseur, en silence, jusqu’au service, où nous interpellons une infirmière qui nous dirige vers une salle d'attente.
Le temps est interminable, d'autant plus que l’ignorance est totale.
Au bout de ce qui me semble plusieurs heures, j'aperçois un docteur.
Il a le visage grave, mais professionnel.
- Bonjour. Je suis le Dr Lemoine, je suis responsable de la prise en charge d'Albane. J’ai des informations à vous communiquer concernant son état. Je sais que c’est un moment difficile, et je vais essayer de vous expliquer la situation aussi clairement que possible.
Elisabeth se lève précipitamment avec une voix tremblante.
- Est-ce qu’elle va aller bien ? C’est… c’est grave ?
- Albane est dans un coma. C’est ce qu’on appelle un coma diabétique, dû à une décompensation de son diabète. Ce n’est pas une situation simple, mais elle est sous surveillance rapprochée et nous faisons tout ce qui est nécessaire pour la stabiliser.
Il soupire doucement, sans détourner les yeux.
- Un coma ? Diabétique? Comment ça a pu arriver ? Elle allait bien ce matin...
Elle a les larmes aux yeux, les mains tremblantes.
- Oui, je comprends que cela puisse être choquant, surtout si elle n’a pas montré de signes inquiétants. Le coma diabétique survient généralement lorsque la glycémie devient extrêmement déséquilibrée, trop élevée ou parfois trop basse. Dans son cas, cela semble être une hyperglycémie sévère, ce qui a entraîné des complications.
Julie se lève à son tour.
- Elle n'a jamais été diagnostiquée diabétique, comment ça se fait ? Comment cela a pu arriver d'un coup ?
- Le diabète est une maladie complexe. Stress, infections ou même des facteurs imprévus peuvent déstabiliser la glycémie. Dans certains cas, on découvre le diabète par un coma qui peut survenir soudainement, comme c’est le cas pour Albane.
Edouard prend le relai, Julie et Elisabeth n'étant plus en capacité de communiquer avec le docteur, trop prises par les émotions. Quant à cet abruti d'Aaron, il reste silencieux, comme moi.
- Alors… qu’est-ce qui va se passer maintenant ? Est-ce qu’il y a de l’espoir qu’elle se réveille ?
- Oui, il y a de l'espoir. Nous avons déjà stabilisé certains paramètres vitaux d’Albane. Nous continuons à ajuster son taux d’insuline et ses électrolytes. L’évolution de son état dépendra de sa réponse au traitement, mais il est trop tôt pour dire avec certitude quand ou si elle se réveillera. Cela peut prendre des heures, voire des jours, et la vigilance reste de mise. Nous serons là pour surveiller son état de près.
- Mais… elle peut se réveiller, n'est-ce pas ? Elle doit se réveiller…
Je n'ai pas contrôlé ce questionnement. A la base je voulais rester silencieux, mais mes pensées ont décidé de sortir de ma tête pour prendre forme.
- Je comprends votre angoisse. Il est important de garder espoir, mais aussi de comprendre que chaque cas est unique. Nous allons tout mettre en œuvre pour qu’elle se rétablisse, mais il faudra du temps et une surveillance constante. Il est essentiel que vous soyez là pour elle.
Elisabeth serre les poings, la voix brisée.
- Nous serons là. Je… je vais rester auprès d'elle, tout le temps qu’il faudra.
- C’est ce dont elle a besoin. Vous êtes sa force. Mais pour l’instant, il est important de se concentrer sur les soins qu’elle reçoit ici. Nous vous tiendrons informés régulièrement de l’évolution de son état.
Le docteur Lemoine s'en va, nous laissant dans un silence lourd, mais avec la lueur d'espoir que leur soutien et les soins de l'hôpital peuvent faire la différence. Les regards se croisent, unis dans la même anxiété, mais déterminés à rester forts pour Albane.
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Justine_De_Beaussier
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Nina Fenice
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kira kyn
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Ady Regan
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