Fyctia

Quelque chose chez ce Aaron m'insupporte immédiatement. Nicolas m'a prévenu qu'il était très arrogant. Au moment de se serrer la main, je lui montre immédiatement ma poigne.

Julie, elle, a l'air très sympa. Je me présente mais elle me connaît déjà. Elle est plutôt pas mal.

Elisabeth nous invite à rejoindre la table, je dépose comme tout le monde mes cadeaux au pied du sapin, et je m'installe à la place où se trouve mon prénom. Je suis face à Albane, elle est à côté de Julie. Je vais essayer de me concentrer sur sa copine. Je ne sais pas ce qui se passe mais je n'arrive plus à voir Albane comme une enfant.

Edouard me serre son incroyable vin chaud, qui est toujours aussi bon malgré les années.

Cet insupportable Aaron a le culot de lui demander s'il "triche", pour qui il se prend celui-là ? Edouard est si poli, si ça avait été moi à sa place ça aurait été vite fait.

Pendant que tout le monde discute, l'envie me prend d'observer l'extérieur, je me rend donc à la fenêtre. Quelques minutes plus tard Julie me rejoint.

Elle interpelle tout le monde en annonçant qu'il neige, j'avoue que je n'avais pas forcément remarqué tellement j'étais perdu dans mes pensées.

Ils nous rejoignent et Elisabeth lance une discussion sur notre enfance. Je ne réponds pas, ça me rend nostalgique. A cette époque là je n'étais pas orphelin.

Julie nous propose de sortir, ce qui ne me déplaît pas.

Une fois dehors je reçois une boule de neige de la part d'Albane. Elle me provoque, elle va voir de quel bois je me chauffe, celle-là. Je prépare une énorme boule de neige et je pars à sa poursuite.

- Tu vas voir quand je vais te trouver Albane. Tu as osé m'affronter, tu vas le regretter !

J'entends un rire qui m'indique sa position, je l'attrape par le bras et nous glissons. Je me retrouve au-dessus d'elle, mes yeux trouvent les siens. Je n'arrive plus à me détacher de ce regard, de sa peau contre la mienne. Qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai grandi avec cette fille et surtout elle est la petite sœur de mon meilleur ami. Je n'ai pas le droit de ressentir ce frisson, je ne dois pas.

Elle me pousse pour se dégager de mon emprise après avoir entendu la voix de cette saloperie d'Aaron. Je la fixe, le temps qu’elle le rejoigne et rentre dans la maison.

Je prends un petit temps pour reprendre mes esprits avant de rentrer à mon tour.

Le repas continue, Julie vient me parler de mon voyage. Nous discutons, elle est plutôt intéressante et elle a l'air intéressée. Même si je n'aime pas ça, elle peut être une bonne distraction afin d'oublier ce petit frisson que j'ai ressenti pour Albane. Après tout je suis rentré pour me poser, cela pourrait très bien se faire avec elle. J'avoue observer Albane du coin de l'œil, quand elle s'approche d'Aaron et qu'ils ont des gestes tendres l'un envers l'autre, ça m'énerve.

Elisabeth amène la dinde et Julie crie qu'il est l'heure d'ouvrir nos cadeaux du Secret Santa.

Elle m'offre une magnifique Mappemonde, décidément cette jolie jeune femme me surprend.

Vient le moment où je dois donner mon cadeau. J’ai pioché Albane, décidément le sort s'acharne sur moi.

Lorsque Nicolas m'a expliqué pour leurs nouvelles traditions et que j'ai pioché Albane, je savais déjà ce que j'allais lui offrir. Il y a 9 ans je lui ai offert un bracelet avec un flocon, je voulais alors lui offrir le collier assorti. Malheureusement ce collier était introuvable. J'ai donc contacté une bijouterie afin de lui en faire un sur mesure.

Elle a l'air très émue. Tout le monde se serre dans les bras.

La soirée continue, pleine de rires et de chaleur, les éclats de voix se mélangeant à la musique de Noël et nous savourant le repas délicieux.

Après la dinde, Elisabeth ramène la bûche au chocolat accompagnée de chocolats chauds et de biscuits sablés. Avant d'entamer le dessert nous ouvrons tous un cadeau comme le veut la tradition.

Albane semble un peu pâle. Depuis quelques minutes, elle semble avoir du mal à suivre la conversation. Julie lui parle mais elle ne répond pas, elle a l'air perdue dans ses pensées.

Et avant que quiconque ait le temps de réagir, Albane s'effondre soudainement, tombant lourdement sur le côté, sans un bruit.

Je me jette immédiatement sur elle pour que sa tête ne tape pas le sol. Je pose sa tête sur mes genoux, je lui fais les premiers secours, j'essaie de la ramener à nous mais rien n’y fait, elle a l'air endormie…

Un silence lourd s’abat sur la pièce, tout le monde se fige, les yeux écarquillés, avant que la panique ne se propage.

Elisabeth hurle et crie à Edouard d'appeler les urgences. Ce qu'il fait immédiatement.

Je vérifie son pouls, il bat.

- Elle est inconsciente.

Ma voix tremble. Aaron reste figé, il regarde autour de lui comme s’il cherchait une réponse, un geste à faire, mais tout semble se dérouler trop vite. Il manque clairement d'adrénaline, ce mec.

Julie quant à elle n’arrive plus à rester immobile, ses yeux remplis de larmes. Elle s'assoit à côté d'Albane et lui prend la main, la serrant doucement, mais elle tremble tellement qu’elle se demande si elle fait bien.

- Albane… tu m’entends ? C’est moi, Julie…

Édouard raccroche son téléphone.

- Les secours arrivent ! Il faut qu'on la garde allongée.

L’atmosphère est lourdement chargée de tension, de peur. Chaque minute semble durer une éternité. La neige continue de tomber dehors, et la chaleur de la pièce contraste avec la froideur de l’instant. Le bruit de l’ambulance qui approche semble soudainement trop lointain, mais on reste là, unis dans l’incertitude.

Un instant plus tard, la porte d'entrée s'ouvre brusquement, et deux ambulanciers, vêtus de leur uniforme bleu et blanc, pénètrent dans la pièce. Ils se déplacent rapidement, leur présence assurée. Edouard se précipite vers eux, pointant du doigt Albane, allongée sur le sol.

- Elle… Elle est tombée d’un coup.

L’un des ambulanciers s’accroupit près d’Albane en prenant immédiatement son pouls, alors je m'écarte, tandis que l’autre s'assure que personne ne se trouve trop près pour ne pas gêner l’intervention. Il vérifie son rythme cardiaque et son souffle, son visage concentré. C’est un homme d'une trentaine d'années au regard rassurant. Il pose une main experte sur le front d'Albane pour vérifier sa température. Il relève la tête un instant pour observer les visages inquiets autour de lui, avant d’annoncer devoir l'amener rapidement à l'hôpital.

- Elle va s'en sortir, hein ? Où est-ce que vous l'amenez ? Peut-on venir avec vous ?

- Ne vous inquiétez pas, Madame. On va tout faire pour qu’elle aille bien. Mais il vaut mieux qu’elle soit examinée à l’hôpital, c’est la meilleure chose à faire. On va à l'hôpital de Purpan, vous pouvez nous rejoindre, on ne peut transporter personne avec nous malheureusement.

Les ambulanciers commencent à transporter Albane avec précaution, la soulevant sur une civière.

La porte se ferme derrière eux. Nous décidons tous de se rassembler autour du sapin afin de réaliser nos vœux de Noël, tous dirigés vers Albane, du moins je l'espère.