Fyctia

Il y a dix ans, je n'aurais jamais cru qu'un jour je partirais faire le tour du monde. Pas parce que l’idée m’aurait déplu, mais parce que j’aurais pensé qu’un tel voyage n’était destiné qu’à ceux qui cherchaient l’aventure, ceux qui voulaient fuir leur quotidien. Mais moi, je ne fuyais pas. Puis il y a eu l'assassinat des mes parents. J’étais juste perdu. J'avais l’impression de me noyer dans un flot d’obligations, d’attentes et de responsabilités. La vie semblait dérouler ses journées sans que je puisse réellement en saisir le sens. Ensuite est arrivé le questionnement. Et si je partais ? Et si je laissais tout derrière moi pour comprendre qui je suis, ce que je veux vraiment ? C’est ainsi que mon voyage a commencé, sans carte, sans itinéraire précis. J'ai commencé par l'Asie, l’air était pur, la paix régnait, et pour la première fois depuis des mois, je n’entendais plus la cacophonie de ma vie. Là-bas, j’ai commencé à comprendre que je ne pouvais pas fuir mes pensées, mais que je pouvais apprendre à les apprivoiser. Le voyage que j'entreprends ne se trouve pas sur une carte. Il est en moi, dans chaque pas, dans chaque respiration.

J'ai enchainé sur l'Afrique. Là-bas, j’ai réalisé que le monde continuait de tourner sans que j’aie besoin de courir après lui. J’ai appris à être présent, à apprécier les moments.

J'ai ensuite décidé de revenir en Europe pour me rapprocher de mes racines, notamment italiennes. Tout devenait plus clair : ce n’était pas le monde qui devait changer, c’était moi.

J'ai fini par l'Amérique du nord, puis l'Amérique du sud où Nicolas m'a rejoint.

Pendant ce périple, il est vrai que je n'ai pas seulement goûté les plats traditionnels et visité les paysages. J'ai aussi pu rencontrer des femmes de chaque contrée. Chacune comblait un manque en moi, mais en créait un autre.

Mardi 24 décembre 2024.

Aujourd’hui, je suis de retour. Je pourrais dire que ce voyage m’a transformé, mais c’est plus que cela. Il m’a permis de m’arrêter et de me regarder vraiment. J’ai compris que le voyage pour se retrouver ne se termine jamais, car chaque jour, il faut continuer à se découvrir. Ce tour du monde n’était pas la fin de ma quête, mais le début d'une nouvelle manière de vivre, de sentir, d’être. Alors, même si je suis rentré, une partie de moi continue de voyager.

Avec Nicolas on atterrit, on récupère nos valises puis on rejoint la sortie où Albane nous attend. Il est si heureux de la retrouver. Parfois, j'aimerais aussi ressentir ça, la joie d'avoir un frère ou une sœur. Mais j'ai Nicolas, et je sais que c'est tout comme. Il lui saute dessus immédiatement, je n'ai même pas le temps de l'apercevoir.

Au bout de quelques minutes il s'écarte.

Le soleil derrière illumine, et à travers elle on peut apercevoir ses rayons. Ses cheveux blonds illuminent tout le hall d'arrivée.

C'est une femme désormais, une jolie femme.

J'avance vers elle et la serre dans mes bras.

Je ne pensais pas qu'elle m'avait tant manqué. Elle représente la stabilité que je n'avais plus depuis toutes ces années.

Est-ce de l'amitié ou de l'amour frère sœur que je ressens ? Je n'en sais rien, et après tout on s'en fiche.

- Bonjour l'insupportable Albane.

Je ne peux pas m'empêcher de la taquiner.

- Bonjour Charles. Il s'agirait de t'occuper de cette barbe par contre.

C'est bien envoyé, c'est vrai que je ressemble à un homme des cavernes.

- Oui je me suis un peu laissé aller je dois l'avouer. Je m'occupe de ça une fois rentré.

J'ai à la fois si hâte et si peur de retrouver la maison où j'ai grandi et où j'ai appris le décès de mes parents. La maison où j'ai organisé leur enterrement.

Elle a été louée pendant des années, mais j'ai décidé de la laisser libre pour que je puisse rentrer lorsque l'envie me prendrait. Noël était l'occasion parfaite de reprendre ma vie ici, où je l'avais arrêtée.

Je regarde tout autour de moi. Tout me rend heureux et triste à la fois. Ça fait du bien de rentrer à la maison, et ça fait mal d'y être seul.

On arrive. Je crois n'avoir rien calculé des discussions qu'avaient Albane et Nicolas.

Je cherche mes clés puis j'ouvre la porte.

M'y voilà. Je fais un tour, me remémorant des souvenirs joyeux.

Puis je monte dans ma chambre, déplie ma valise, range mes affaires, me regarde dans le miroir.

En effet, il faut vraiment que je m'occupe de cette barbe. Je prends une douche, les mains contre le mur, le jet d'eau brûlant sur ma peau. Pourquoi je pense à Albane quand je ferme les yeux ?

Je sors, je me rase, puis m'habille.

Costume totalement noir avec un nœud papillon rouge, le même qu'en 2015. Tout le reste ne me va plus, ces 9 dernières années j'ai voué mon corps à la musculation.

Je me rends chez les de Cagny, ma marraine m'ouvre et m'offre un câlin très réconfortant. J’aperçois des larmes couler sur ses joues.

- Je n’arrive pas à y croire… Tu es de retour après tout ce temps ! Comment ça va ? Raconte moi tout ! Je suis tellement émue de te revoir ! Mais rentre d'abord.

Elle recule légèrement, souriante, pour mieux me regarder.

- Ça va super bien. C’est incroyable de te revoir, marraine. Le voyage a été… époustouflant. Chaque endroit m’a appris quelque chose.

Étant le premier arrivé, je salue Edouard en attendant que Nicolas descende. Je regarde autour de moi avec les yeux brillants.

- Tu sais, tu m’as toujours impressionnée, Charles. Même quand tu étais petit, tu avais ce feu en toi. Je suis fière de toi. Vraiment fière. Mais… ça a dû être difficile parfois, non ?

Elle me regarde tendrement, avec la voix douce.

- Oui, parfois c’était dur. Être loin de tout ce que l’on connaît, vivre sans repères fixes, ça peut faire peur. Mais chaque difficulté m’a appris à mieux me connaître.

J'hoche la tête, un peu pensif.

Je regarde autour de moi, tout est si joliment décoré. Un grand sapin de Noël trône fièrement dans le coin du salon, paré de guirlandes de perles blanches, de lumières LED bleues étincelantes, et de magnifiques flocons de neige en verre et en métal qui ornent les branches. De petites boules de Noël bleues claires et blanches, ornées de paillettes, scintillent au rythme des lumières, tandis qu'un sommet de sapin en forme d’étoile étincelante capture la lumière ambiante. Des bougies parfumées aux senteurs de pin et de vanille créent une chaleur douce dans la pièce. Dans la salle à manger, la table est dressée avec des assiettes blanches décorées de motifs de neige, des verres aux bords argentés et des serviettes pliées en forme de flocon, tout autour d’un centre de table composé de branches de sapin, de bougies blanches, et de petites étoiles brillantes.

Nous entendons toquer à la porte, Elisabeth se précipite pour l'ouvrir.

J'entends la voix d'Albane mais aussi de deux autres personnes.

Elle est vêtue d'une robe bleue scintillante à m'en couper le souffle. Pourquoi faut-il qu'elle soit si élégante ? Et lui qui c'est ? Qu'est-ce qu'il vient faire là ? Je ressens une chaleur dans mon corps. La brune qui les accompagne me fixe.