Fyctia
Chapitre 1 - Charles
Noël 2015.
Cette année les fêtes n’ont pas la même saveur. Je me promène dans les rues de Toulouse sous la neige et les décorations illuminées, ce qui me rend nostalgique.
Je suis invité chez mes voisins, la famille de Cagny, pour fêter ce Noël si amer.
En réalité, je ne sais pas si j’ai envie d’y aller. Mais je n’ai pas non plus envie de rester seul. On avait prévu de le fêter tous ensemble, je me dois de respecter la volonté de mes parents.
Je suis donc en plein achat de dernière minute pour les cadeaux de Noël.
Pour Nicolas, qui est l’unique fils de cette famille et mon meilleur ami, c’est simple. Un nouveau shaker. Il a abîmé le sien à force de faire des pirouettes avec dans le bar où il travaille depuis peu et dans le but d’impressionner les filles. Pour les parents, Elisabeth et Edouard, je leur ai réservé une escapade d’un week-end dans un hôtel 4 étoiles. Et pour Albane, leur insupportable fille cadette, pourquoi pas une peluche ? Après tout ce n’est qu’une enfant. Elle n’a que 16 ans.
Ou pourquoi pas ce bracelet ? Avec un flocon dessus en diamant. J’opte pour le bracelet.
Une fois mes achats terminés, je me rends au parking où se trouve ma Tesla et je rentre chez mes parents. Ou plutôt chez moi, depuis peu.
Ce 13 novembre, il y a à peine plus d’un mois, ma vie a basculé. Mes parents étaient à Paris pour une présentation. Ils étaient chercheurs et présentaient leurs nouvelles recherches. On en a parlé partout aux infos, du bar où ils se trouvaient, du bar où ils riaient sûrement avant de rendre leur dernier souffle. C’est du moins ce que j’espère.
Ils étaient des parents incroyablement bons, je ne manquais de rien. Et ils se sont assurés que ce soit toujours le cas même après leur mort. J’ai donc hérité d’une fortune considérable qui ne cesse d’accroître grâce à leurs trouvailles brevetées.
Ils se sont rencontrés seulement quelques mois avant de m’avoir. C’était un coup de foudre, un amour dont tout le monde rêve.
Ils ont emporté mon cœur avec eux, ce jour-là.
C’est donc dans cette maison pleine de souvenirs que je dois continuer à vivre et à les faire vivre à travers moi.
Elisabeth de Cagny était devenue l’amie la plus précieuse de ma mère. Ils avaient aménagé ici en même temps lorsqu’elle attendait Nicolas et que ma mère m’attendait. Elle est ma marraine depuis ce jour et ma mère était celle de Nicolas. Ce genre d’amitié pleine de sincérité et d’amour.
Ce qu’on essaie de reproduire avec Nicolas même si on ne se le dit pas.
On a tout partagé tous les deux, les classes, les filles, on a grandi ensemble.
Puis il y a Albane. Elle a toujours essayé de voir le meilleur en moi, je lui ai toujours montré qu’il n’existait pas. Néanmoins elle m’a montré tellement de compassion lors du décès de mes parents. C’était sans faille.
J'enfile une chemise blanche plutôt près du corps, un pantalon de costume gris et un nœud papillon rouge. J'ai toujours eu une bonne morphologie. Il est vrai que je joue au foot, mais je n'ai jamais eu besoin de faire trop d'efforts pour avoir un corps d'athlète.
Je me rends chez les de Cagny, à quelques secondes à pieds.
Je toque et c'est Elisabeth qui m'ouvre, toujours aussi souriante.
Même si elle était déjà très présente, depuis que mes parents sont décédés elle m'a pris sous son aile comme un deuxième fils.
Nous nous câlinons puis elle m'ordonne d'entrer.
Edouard est sur son canapé devant un replay d'un match du TFC, son équipe préférée. Il commente chaque action à Nicolas, dont il rêverait qu’il soit footballeur professionnel. Mais c’est bien difficile lorsque l'on a deux pieds gauches.
Dans le salon, la table est dressée, avec à côté un gigantesque sapin de Noël, décoré couleurs or et rouge. Les de Cagny ne font jamais les choses à moitié. Sur la table se dresse un mélange d'apéritifs, toasts aux saumons, aux foie gras, huîtres, crevettes, gâteaux apéritifs…
Après avoir fait une accolade à Edouard et Nicolas qui étaient concentrés sur leur match, j'entends une petite voix.
- Maman, est-ce que tu sais où sont passées mes boucles d'oreilles spéciales Noël ?
Albane apparaît dans mon champ de vision. Sa chevelure dorée, bouclée et brillante retombant jusqu'au milieu de son dos en cascade. Ses yeux noisettes maquillés couleur or, ses cils noirs longs et fins.
Puis mes yeux se baissent sur sa tenue, une robe moulante noire qui laisse entrevoir ses formes.
Depuis quand n'est-elle plus une enfant ?
En tout cas, son corps ne l'est plus et je la trouve presque belle.
Elle me fixe, bouche bée. Un silence envahit le salon.
- Oui Albane, dans le second tiroir de la commode de la salle de bain, là où je range tous les bijoux. Tu le saurais si tu n'étais pas si bordélique, indique Elisabeth depuis la cuisine, sûrement occupée à la cuisson du chapon.
- Bonjour Albane.
Je m'efforce de briser le silence qui règne entre nous d'un ton calme.
- Salut Charles, heureuse de te voir parmi nous ce soir.
Sur ces mots elle part d'une vitesse folle en direction de la salle de bain. Pourquoi a-t-elle l’air si prise au dépourvue ?
Nous passons à table et nous essayons d'avoir les discussions les plus basiques et naturelles possible. Je sens que chacun essaie d'éviter des sujets qui peuvent amener au drame de ma famille. C'est des discussions plutôt superficielles autour du bac d'Albane, qu'elle passe dans quelques mois, et sur son orientation prochaine, avocate apparemment. Puis les projets de Nicolas de se former dans le domaine des boissons alcoolisées, son métier de barman le comblant.
Puis vient mon tour. J’ai abandonné tout projet, je n'ai pas la tête à ça, donc je n'ai rien à dire.
- Je pense qu'une fois les papiers et démarches finies concernant l'héritage et la mort de mes parents, je partirai. Quelques mois, un tour du monde sûrement.
S'ils voulaient éviter le sujet fatidique, c'est raté.
- Un tour du monde, quelle merveilleuse idée. J'exige que tu m'envoies une carte postale depuis chaque pays que tu visites. Tu réaliserais un des rêves d'Albane ! s'exclame Elisabeth.
Albane semble indifférente et déconnectée de la discussion, constamment sur son téléphone.
- N'est-ce pas Albane ? Elisabeth cherche une réaction.
- Oui oui bien sûr… J'espère que ton projet se réalisera, Charles, que ça te permettra de te retrouver, remarque Albane.
Le repas prend fin, leur tradition étant d'ouvrir les cadeaux à la fin du celui-ci.
Ma marraine m'offre une nouvelle gourmette, l'ancienne étant abîmée par le temps, et l'attention me touche énormément. Nicolas m'offre un lot de caleçons avec écrit dessus des blagues telles que "Aussi excitant qu'un but à la 90ème"... Quant à Albane, c'est un dessin magnifique représentant mes parents, et qui provoque en moi un tremblement. Comme tiraillé entre la joie et la tristesse. Elle me regarde d'un air désolé.
Ils ouvrent mes cadeaux, tous contents de ceux-ci.
La soirée se termine avec la tradition des de Cagny de faire un vœu tous ensemble, en se tenant la main devant le sapin de Noël.
101 commentaires
Bichette31200
-
Il y a 10 jours
kira kyn
-
Il y a 12 jours
GwendolineBrument
-
Il y a 13 jours
Nina Fenice
-
Il y a 13 jours
Sarael
-
Il y a 13 jours
Farahon
-
Il y a 14 jours
Sarael
-
Il y a 14 jours
P. Castang
-
Il y a 15 jours
Sarael
-
Il y a 15 jours
Juxbook
-
Il y a 15 jours