Fyctia
Skeeter
- Je ne comprends pas, elle n’a eu aucune réaction, à part une seule fois. Son regard a changé uniquement lorsque je lui ai demandé s’il lui avait fait du mal.
- Ce doit être dur pour elle aussi. Elle ne te connait pas, elle n’a pas dû voir beaucoup de monde, et d’un coup, quelqu’un s’intéresse à son histoire.
Laisse-lui le temps de digérer tout ça. En plus on vient juste de connaître sa date d’exécution.
Après mon monologue avec AJ et n’ayant rien appris de plus, je me suis rendue au Jackson Free Press pour raconter ce qu’il s’était « passé » à Aibi.
J’étais absolument décontenancée par la non-réaction de AJ.
Je n’arrive pas à comprendre comment on peut se laisser mourir comme ça, sans même se battre. A moins qu’on soit vraiment coupable...
Après quelques minutes de discussion avec Aibi, j’eue l’idée d’aller voir la mère d’AJ. Peut-être qu’elle saurait m’en dire plus.
Je recherchai son adresse, pris les clés de la voiture et reparti chez moi. Vu l’heure avancée, j’irai la voir demain matin.
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Je suis devant la porte de Madame Jackson, la mère d’AJ. J’espère qu’elle pourra m’en dire plus que sa fille. J’expirai longuement et sonnai à la porte d’entrée.
Après quelques secondes, la porte s’ouvrit :
- Oui ?
- Bonjour. Etes-vous Madame Gloria Jackson ?
- Qui êtes-vous ?
- Je me présente, je suis Skeeter Phelan. Je travaille au New York Times, et avant cela, je travaillais au Jackson Free Press.
- Que faites-vous ici ?
- Je suis allée voir votre fille hier, je voulais lui poser des questions à propos des raisons de son incarcération.
- Et ?
- Et elle ne m’a pas répondu.
- Vous êtes au courant qu’elle ne parle pas ?
- Oui, mais j’espérais…
Et elle claqua la porte.
Je restai là, interdite. Mais pourquoi personne ne voulait me parler ?
Je me retournai et marchai désespérément vers la voiture. J’ouvris la porte et m’assis sur le siège. J’allais appeler Aibi lorsque je vis un jeune homme entrer dans la maison de Gloria. Je ne savais pas qu’AJ avait un frère ! Je dois vraiment mieux me renseigner sur les gens avant d’aller les voir… Incroyable.
J’appelai Aibi. Elle était sur un dossier et ne pouvait pas me répondre pour le moment. Elle me proposa de nous voir pour le déjeuner.
J’étais complètement désespérée. Comment est-ce que je peux faire avancer cette affaire si personne ne veut me parler ?
L’homme qui a arrêté AJ est mort depuis des années, il ne pourra pas m’aider non plus.
J’appelai alors mon chef, peut-être aurait-il des idées à me soumettre.
- Grodkowski !
- Salut Harry, c’est Skeeter.
- Tiens, mademoiselle Phelan, comment ça va ?
- Ça va merci, et vous ?
- Obligé d’effectuer ton travail puisque tu n’es pas là mais ça va !
C’est sûr que je vais en entendre parler pendant longtemps.
Puis il reprit :
- Que me vaut l’honneur de ton appel ?
- Je stagne un peu sur l’affaire de Jackson, peut-être auriez-vous des pistes pour moi ?
- Raconte-moi ce que tu as déjà.
Je racontai donc à Harry Grodkowski tout ce qu’il s’était passé depuis mon arrivée. Il m’écouta sans m’interrompre, puis une fois que j’ai eu fini mon histoire, il me demanda :
- Skeeter, arrêtes-moi si je me trompe, mais AJ est une métisse ?
- Oui.
- Et sa mère est afro-américaine ?
- Oui.
- Et tu as une idée de qui pourrait être le père d’AJ ?
- Aucune, le père n’a pas été déclaré à la naissance.
- Penses-tu que le père pourrait être le mari de Mary ?
- …
Oh-My-God.
- Vu ton silence, j’imagine que c’est possible. J’aime bien te clouer le bec de temps en temps, ça me fait plaisir. Je suis content !
Je vais essayer de me renseigner, je t’appelle si j’ai du nouveau.
Essaie de retourner voir la mère avec une des tes amies, ça aiderait sûrement.
Et il raccrocha.
A l’heure du déjeuner, je m’installai chez Lou’s, dans le cœur historique de Belhaven Neighborhood. Cet endroit est notre restaurant préféré à Jackson.
Quelques minutes plus tard, Aibi me fit la surprise d’arriver avec Minnie.
- Minnie ! Comme je suis heureuse de te revoir ! Comment vas-tu ?
- Bonjour Skeeter ! Je suis heureuse moi aussi. Je vais très bien merci, et toi ?
- Ça va super, merci !
Nous nous installâmes et le serveur pris nos commandes.
- On ne change pas les bonnes habitudes pas vrai, me dit Aibi, lorsque je commandai mon burger et ma boisson préférée.
- Ah ça, c’est sûr !
Après nos discussions sur des thèmes divers et variés, Aibi me demanda comment s’était passé mon entrevue avec Gloria. Je lui racontai donc en détail, puis lui parlai de la remarque de mon chef.
- Il n’a sûrement pas tort. En général nous n’aimons pas vraiment parler aux blancs. Rappelle-toi comme tu as mis du temps avant de nous parler.
- C’est vrai. C’est devenu tellement naturel maintenant pour moi de parler avec vous deux que je n’y avais même pas réfléchi.
- Est-ce que tu veux retenter d’y aller avec moi ? me demanda alors Aibi.
- J’allais te le demander !
- C’est un « date », me lança Aibi, en me faisant un clin d’œil.
11 commentaires
Lolow_Books
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Il y a 2 ans